La situation économique de la Tunisie est encore délicate, la croissance prévue sera faible, de l'ordre de 1 à 2%. Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, a averti que si l'économie s'effondrait, cela grèverait le processus démocratique. “Sur le mouvement de fond soulevé par la révolution vers la liberté et la démocratie, se sont greffés des problèmes résultant de comportements individuels, de groupes, de certains intérêts…”. Il s'agit là, a-t-il estimé, d'un problème qui relève de la responsabilité de tous et pas uniquement du gouvernement (entreprises, syndicats, hommes d'affaires, appareil sécuritaire ..). La sonnette d'alarme doit être tirée par tous. S'adressant, vendredi, à des représentants de la presse tunisienne lors d'une rencontre informelle, il a précisé que l'économie nationale n'est pas encore capable d'assurer une croissance normale, ni même de satisfaire les besoins immédiats, suite à la destruction des capacités de production (entreprises saccagées, unités bloquées par des conflits sociaux, etc.).”, mais aussi, à la baisse de l'activité touristique et au climat d'insécurité. Nous avons besoin d'un taux de croissance de l'ordre de 7% à moyen terme pour assurer une réelle relance de l'économie nationale, a affirmé le premier responsable de la BCT. “Le problème fondamental réside dans la situation d'incertitude et de manque de confiance, prévalant dans le pays, induisant un attentisme de la part des entreprises mais aussi des consommateurs qui gardent leurs réserves. Le même phénomène est, d'ailleurs observé chez les investisseurs étrangers”. Dans cette conjoncture, les transferts des tunisiens à l'étranger ont aussi, marqué une baisse de 12 %, passant de près de 633 millions de dinars à 530 millions de dinars de 2010 à 2011 (de Janvier à Mars). Deux éléments positifs sont néanmoins mis en avant par le gouverneur de la BCT, une campagne agricole qui s'annonce prometteuse et la dynamique enregistrée par les exportations manufacturières (+10%), malgré la baisse des exportations des produits phosphatés. “Le Plan de relance mis en place par le gouvernement provisoire a pour objectif d'injecter des revenus dans l'économie (augmentations salariales), pour stimuler la consommation, tout en privilégiant les investissements dans les infrastructures, grandes utilisatrices de ressources domestiques”. Toutefois, il a jugé que même avec un plan de relance, les risques sont importants surtout pour les paiements extérieurs (balance commerciale et balance extérieure), pouvant faire perdre au pays une partie des réserves en devises. “La Tunisie doit avoir recours à des financements à un coût acceptable”. Pour ce qui est du secteur bancaire, les difficultés rencontrées par les entreprises, se sont répercutées sur les banques avec l'augmentation des impayés. La banque centrale a envoyé une circulaire donnant une marge plus large aux banques pour restructurer les dettes des entreprises (rééchelonnement) au lieu de les reclasser, pour que ces unités puissent continuer leurs activités.