L'International Crisis Group (ICG) a appelé, dans son rapport publié jeudi, au rééchelonnement du paiement de la dette externe tunisienne et à l'organisation d'une conférence de soutien économique à la Tunisie. L'ICG, une ONG dont la mission est de prévenir et de résoudre les conflits grâce à une analyse de la situation sur le terrain, a consacré une large partie de son dernier rapport à la Tunisie, sous le titre “la voie tunisienne”. Le rapport, qui analyse les origines de la Révolution tunisienne et la situation politique et sociale dans le pays, estime que la Tunisie a fait preuve “d'une remarquable capacité à atteindre un consensus sur des enjeux politiques cruciaux”. “La Tunisie est le pays où tout a commencé”, estime Robert Malley, directeur du programme Moyen-Orient-Afrique du Nord de Crisis Group. C'est le pays où la transition démocratique présente aujourd'hui les plus fortes chances de réussite, a-t-il soutenu. Dans son analyse, Crisis Group, fait état d'une série de défis aux plans politique et économique auxquels fait face la Tunisie. Le pays traverse “une conjoncture économique difficile” marquée par l'absence d'initiatives internes fortes et d'une généreuse contribution internationale, estime cette ONG. Partant de ces constats, l'ICG lance un appel à la communauté internationale “pour rééchelonner le paiement de la dette externe tunisienne et travailler sur un audit de la dette”, de manière à déterminer ce qui relève de la dette réelle et ce qui relève de malversations liées aux pratiques passées du président déchu et de sa famille, en violation des normes légales du pays débiteur et des pays créanciers. Cette ONG, d'envergure internationale, appelle aussi à l'organisation d'une conférence de soutien économique à la Tunisie, en partenariat avec le gouvernement tunisien, des représentants de la société civile et des mouvements associatifs et syndicaux, en vue de coordonner l'aide économique internationale. Le rapport souligne aussi l'impératif de mettre en place “une politique d'aide humanitaire immédiate” pour soutenir la Tunisie dans l'accueil des réfugiés provenant de Libye, d'aide au retour de réfugiés non-tunisiens et non-libyens dans leur pays natal, et d'aide logistique à l'armée tunisienne dans la sécurisation de frontières. Il s'agit aussi d'oeuvrer, en coordination avec le gouvernement tunisien, à la poursuite de la politique de gel des avoirs de la famille du président déchu à l'étranger, et à favoriser dans des délais raisonnables et dans le respect des législations nationales concernées à la récupération de ces avoirs par le gouvernement tunisien. L'ICG, créée en 1995, publie régulièrement des comptes rendus et des rapports afin de toucher les décideurs internationaux (ONU, UE, Banque Mondiale).