Les islamistes sont-ils à ce point, aux abois, pour qu'ils nous ressortent leur arsenal rouillé de la dernière guerre, en l'occurrence les LPR, ou, comme les a décris Houcine Abassi, leur milice armée ? D'ailleurs, désormais, et depuis qu'il est Nobel de la paix, les déclarations de Houcine Abassi ont une toute autre portée au niveau de l'opinion mondiale. Et çà, les islamistes, ils le savent. Il faut reconnaitre qu'il y a de quoi les déstabiliser, les locataires de Montplaisir, avec tout ce qui se passe ces derniers jours, non seulement sur la scène nationale, mais aussi, et surtout, à l'échelle internationale. Déjà sur le plan national, les islamistes d'Ennahdha se font malmener d'un peu partout. D'un côté, certains de leurs enfants disent qu'ils sont en train de se fâcher de plus en plus et s'essaient au racket en exigeant plus d'argent et plus de dédommagement. En face, les protestations des tunisiens en rapport avec le chômage et la faillite de l'Etat, font revenir chaque jour, un peu plus, la question des recrutements des amnistiés d'Ennahdha qui ont saturé la fonction publique et bloqué les recrutements pour des décennies, de même que la question des milliards donnés aux islamistes comme récompense pour leurs années passées en prison. Et plus récemment, une autre donne est venue s'ajouter à cette mise à sac des trésors de l'Etat, à savoir la faillite des caisses sociales, mettant à mal les finances des caisses d'assurance maladie qui sont dans l'incapacité de rembourser les frais de soins des assurés sociaux, et hypothéquant les pensions des retraités qui se trouvent privés de leur moyen de subsistance parce que d'autres ont vidé les caisses de retraite sans avoir eu à cotiser ni à travailler le moindre jour. Et puis, il y a ces satanés « experts » du ministère des finances qui n'ont rien trouvé de mieux que de proposer la levée du secret bancaire, ce qui mettrait à nu, certaines fortunes fraichement acquises et les comptes de certaines associations qui baignent dans de sombres affaires de soutien du terrorisme ou dans d'autres magouilles pas trop catholiques. Si on ajoutait à ce malaise des islamistes, le nombre de plus en plus croissant d'affaires traitées en ce moment en justice, où ils pourraient être cités comme complices voire comme principal protagoniste, comme l'affaire des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi que BCE a eu la drôle d'idée de soumettre au haut conseil de la sécurité nationale, ou celle des martyrs Imed Hizi et Socrate Cherni, ou celles des affaires du Bardo ou de Sousse, ou, alors celles des nombreuses filières de recrutement de jihadistes, découvertes ces derniers temps, à la lumière du retours de quelques uns de leurs enfants « fâchés » du front, ou alors, les demandes de plus en plus pressantes des comptes de certaines organisations soi-disant caritatives qui mouillent dans de louches affaires de recrutement de jihadistes ou d'entretien de leurs familles restées au pays. Ou, plus encore, l'affaire du meurtre de Lotfi Nagdh qui est traitée, en ce moment, à Sousse et où sont impliqués des membres de leur confrérie, et qui pourraient, maintenant que la sentence est sur le point d'être prononcée, de se sentir lâchés et d'avouer avoir été mandatés par telle ou telle partie. Et ils auraient raison, les accusés de l'affaire Nagdh, d'aspirer avec eux dans le gouffre, leurs éventuels donneurs d'ordres, ce qui leur permettrait d'alléger les charges qui pèsent sur eux, ou pourquoi pas, voir l'affaire tourner court, si elle va incommoder certaines personnalités. Et c'est probablement cette affaire qui incommode le plus les « dignitaires » d'Ennahdha, ou est-ce que les accusés dans cette affaire avaient fait savoir qu'ils pourraient craquer le jour du verdict... Toujours est-il qu'Ennahdha s'est empressée pour cette dernière audience, d'envoyer sa cavalerie, ou son bras armé, comme l'avait décrit Houcine Abassi, en l'occurrence les LPR de Dghij, Recoba et consorts, pour assurer un brin d'animation devant le tribunal de Sousse, histoire d'envoyer un signal fort vers les accusés, et de dire aux autres qu'il va falloir faire attention à ces enfants d'Ennahdha qui sont, sérieusement, en train de se fâcher. Dans tous les cas, et quelle qu'en soit la cause, le retour en force des voyous des LPR au devant de la scène n'a rien d'innocent et prédit à d'autres escalades, et montre à quel point les islamistes sont sur les dents, et ils en sont excusés, les pauvres, si on sait qu'en plus de tous leurs tracas, on les a gratifiés d'un certain Donald Trump aux commandes de la Maison Blanche, quelqu'un qui ne les porte pas dans son cœur et qui ne s'en cache pas.