Sur la frontière tuniso-libyenne du côté de Dhehiba, la journée d'hier était réservée à l'évacuation des blessés tombés sur le territoire libyen suite aux offensives menées, à longueur de journée, par les milices pro-Kadhafi. Plusieurs soldats et civils ont, ainsi, été transférés hier, soit à l'hôpital dressé dans le camp par l'armée nationale et le Croissant-Rouge, soit à l'hôpital de Tataouine. «Onze blessés dont 4 cas graves nous sont parvenus de Zenten. Nous leur avons prodigué les premiers soins et ils vont être transférés ailleurs», nous confie Dr Lotfi, de Médecins sans frontières. En même temps, deux ambulances sont arrivées de Nalout transportant 3 blessés. 14 autres ont été ramenés dans des véhicules privés, à l'hôpital de Tataouine. M. Salah Korbi, surveillant général de l'hôpital, nous apprend que les agents de la santé montent la garde jour et nuit et font de leur mieux pour sauver le maximum de blessés. Deux cas sont en réanimation et 10 autres sont gardés sous surveillance. «Nos chirurgiens ont également réussi une première, à l'occasion, dans l'histoire de l'hôpital de Tataouine, puisqu'ils ont effectué avec succès une opération de chirurgie vasculaire sur le genou d'un blessé tombé à Zenten», nous dit-il. Quant aux habitants de Dhehiba, ils vivent dans une atmosphère de panique. Ils sont sur le qui-vive. Quelques quartiers sont privés d'eau et d'électricité depuis une semaine. Ils n'ont pas confiance dans les milices de Kadhafi qui sont en mesure de récidiver à tout moment et mener une offensive. Ils ont les moyens, d'après les dires des derniers venus libyens. «Tant que le drapeau des insurgés flotte sur le poste frontalier de Dhehiba-Wazen, ils n'abdiqueront pas. La fumée monte toujours derrière la montagne et des tirs sont entendus de temps à autre», confie un témoin oculaire. A Tataouine, les caravanes humanitaires continuent d'affluer de plusieurs villes tunisiennes à l'instar de Sfax, Kairouan, Béja, La Manouba, Radès, Gabès, Nabeul, Kasserine, Tunis, Médenine, Zarzis... Les produits alimentaires existent en grandes quantités mais quelques médicaments sont toujours en manque, d'après M. Ali Mourou, maire de Tataouine.