La démission de Chafik Sarsar de la présidence de l'Instance Suprême Indépendante des Elections, avec ce timing précis laisse soulever de nombreuses questions. D'autant que cette décision qu'il a bien voulu présenter comme étant responsable et réfléchie, a, en réalité et vraisemblablement, été prise dans la hâte, ne serait-ce que parce que les autres membres de l'ISIE tombaient des nues, ce matin en entendant la déclaration de leur président, et ensuite, parce que même le chef du gouvernement n'en a pas été avisé, à ce qu'il parait. Alors, que s'est-il passé ? Et qui, ou qu'est ce qui, aurait poussé Sarsar à cette sortie brusque et mystérieuse ? Quoique disent de lui ses amis, qu'il n'a jamais été homme à céder aux pressions, il doit bien y avoir une raison à ce coup de théâtre qu'il a produit aujourd'hui. Et sa mine figée, de même que ses larmes retenues avec grande peine laissent deviner des pressions qui auraient pesé dans cette décision qui semble, pour le moins, le contrarier. Pour ne pas rentrer dans le jeu des spéculations pour chercher à savoir qui se cacherait derrière cette décision, il serait préférable d'aborder le problème autrement : A savoir essayer de deviner à qui, ou à quoi, profiterait ce brusque retrait ? Eh bien, et en dehors du fait que les chances de la tenue des élections municipales soient, désormais hypothéquées, il parait évident qu'il y a, au moins, deux autres « trucs » qui seront ,de fait, impossibles à réaliser, dans l'état actuel des choses, après le retrait de Sarsar : 1. D'abord, le référendum dont il était question pour proposer au peuple le projet de la loi de réconciliation, dans son état actuel. Un référendum qui a été, en quelque sorte, consenti par le membre de l'ISIE Baffoun, hier au micro d'une radio privée, ce qui aurait fortement déplu non pas à Sarsar, puisqu'en théorie, il ne devrait pas avoir d'avis à donner sur une éventuelle consultation du peuple, mais plutôt, à certaines parties politiques qui ont annoncé leur refus de la loi sous sa forme actuelle et proposeraient des modifications, en y incluant des conditions dont elles tireraient un profit direct, comme l'allongement de la période concernée par le loi de réconciliation pour couvrir la durée du règne de la Troïka, et l'obtention de dédommagement des victimes de l'ancien régime, comme conditions pour valider le projet de loi. 2. Ensuite, et surtout, il a été, souvent question, ces derniers jours, de la volonté de certaines parties au pouvoir, de proposer par voie de référendum, un changement du régime politique du pays. Ce qui déplairait, évidemment à certaines autres parties, qui se trouvent être les mêmes qui sont gênées par le premier référendum concernant la loi de la réconciliation. Ces parties auraient-elles poussé Sarsar à quitter le navire pour bloquer toute possibilité de référendum ? Cela parait, du moins, plausible, surtout que Sarsar s'est plaint de n'avoir plus la majorité au sein du conseil de son instance pour dicter ses volontés ou celles de ces parties, en l'occurrence, et refuser telle ou telle proposition.