Annoncées en grande pompe par l'Instance de Vérité et de Dignité (IVD), les 11ème auditions publiques consacrées à la falsification des élections lors des régimes précédents, organisées vendredi soir 21 juillet 2017, ont laissé les spectateurs avertis et les Tunisiens sur leur faim. Rien d'édifiants n'a été réellement donné au cours de ces témoignages de personnes ayant participé à ces élections en tant que candidats. Etant partie prenante , ont pourrait mettre en doute leurs témoignages et y voir les ressentiments de mauvais perdants. Certes on ne peut pas nier catégoriquement qu'il n'y avait pas eu par le passé de falsifications des résultats d'élections d'autant plus que les 99% de voix en faveur du régime en place trahit cette recherche effrénée de perfectionnisme synonyme de bourrage des urnes et caractéristiques des dictatures. D'ailleurs les proportions annoncées pour les différents partis en lice lors des élections post-révolutions prouvent que ces chiffres faramineux dénotaient d'une fraude. Encore faut-il démonter comment fonctionnaient les machines électorales et ce système de falsification des élections? La plupart des témoins se sont appentis dans leurs récits sur les prétendues falsifications sur les intimidations lors des campagnes électorales, notamment l'envoi des milices à la solde du parti au pouvoir pour terroriser les candidats adversaires. Ils ont évoqué aussi la police et les forces de l'ordre qui interviennent pas pour protéger les candidats de l'opposition face aux sbires du pouvoir en mission commandée devant les salles ou lieux de meeting de l'opposition. Malheureusement, les Tunisiens ns n'ont pas pu être édifier à l'issue de ces témoignages sur le système de falsification du pouvoir ni sa machine électorale destinée à frauder en masse. Des méthodes reproduites après la révolution Les témoins et les membres de l'IVD semblent avoir la mémoire très courte. En effet, ces intimidations ont été reproduites après la révolution du 14 janvier 2011 et lors des élections censée être organisée dans un climat n de démocratie de liberté après le renversement de la dictature et de la tyrannie. On se rappelle encore les énormes sommes d'argents injectées au cours des élections, l'achat des voix, le financement de certains partis et candidats par des pays étrangers. Au contraire , les Tunisens ont encore à la mémoire la terreur semée par les les sinistres Ligue de protection de la révolution à la solde de certains partis au pouvoir et qui ont organisé des descentes lors de meetings de partis de l'opposition pour les perturber et intimider leurs adversaires. La perturbation et l'annulation du meeting de Nidaa Tounes à Djerba en est une illustration pertinente de la reprise de ces mêmes méthodes. Pourtant personnes n'a crié à la falsification des élections, bien que ces actes ont été unanimement dénoncé par la classe politique. Ces actes d'intimidation des adversaires sont allés jusqu'à l'assassinat politique notamment ceux de Lotfi Nagued à Tataouine , de Chokri Belaid et de Mohamed Brahim. Tous ont été tués pour leurs idées politique et leur opposition prononcée aux partis qui occupent le pouvoir. Mohamed Benniour membre du parti Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar et qui était député de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a donné vendredi soir son témoignage, évoquant ces intimidations contre le MDS de Ahmed Mestiri dont il était membre. Bennour s'est empêtré durant de longues minutes dans les querelles purement politiques entre les ailes du partis Destourien sans rapport avec la falsification des élections. Il a oublié que ces mêmes procédés ont survécu à la révolution, à la démocratie et la liberté retrouvée en l'absence de la dictature. Siheme Ben Sedrine, présidente de l'IVD, a précisé lors d'une conférence de presse tenue jeudi, que les personnes auditionnées sont des candidats victimes d'élections truquées, des coupables de fraudes et des témoins. Elle a affirmé que le but est de révéler la falsification de la volonté du peuple représentée par le truquage des résultats des élections, depuis l'enregistrement des électeurs sur les listes tout au long du processus électoral jusqu'aux listes candidates, la couverture médiatique, le contrôle du vote, le dépouillement et son contrôle, l'annonce des résultats et leurs répercussions. Mais en présentant des témoignages qui sont demeuré dans les généralités et partant, vagues en particulier en insistant sur les intimidations lors des campagnes électorales, l'IVD donne des arguments à ses détracteurs qui l'accusent d'être motivée uniquement par des considérations de vengeance. En effet, les faits évoqués lors de ces témoignages se sont reproduits récemment lors de derniers scrutins dans le pays. On rappelle que lors des dernières élections présidentielles , Moncef Marzouki président provisoire sortant dont le parti était au pouvoir au sein de la Troïka, avait difficilement accepté les résultats criant à la fraude et à la falsification massive. Une attitude qui avait embrasé les régions intérieures du pays dans une tentative de reprise du slogan "moi ou le chaos". Tout cela parce que Mohsen Marzouk alors directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi avait proclamé la victoire avant l'annonce officielle sur la base de rapports issus des bureaux de vote. Le Mouvement Ennahfha qui a dirigé la Troïka et dont les meeting étaient toujours populaires et faisaient le plein a été battu par Nidaa Tounes. Pourtant on ne peut pas dire que les élections législatives ont été truquées bien que certains dirigeants d'Ennhdha avaient du mal à avaler leur défaite. Il est nécessaire d'être plus pragmatique pour l'IVD qui doit œuvrer davantage à mieux gérer les témoignages en les orienter par des questions pour ne pas sortir du sujet et surtout apporter des faits concrets pour éclairer l'opinion publique et non pas semer la confusion et la division.