Le ton est monté d'un cran ces derniers jours entre l'Italie et le maréchal Khalifa Haftar après la décision du Parlement italien de déployer une mission maritime militaire dans les eaux territoriales libyennes. Cette mission a été envoyée sur demande du président du Conseil présidentiel en Libye, Fayez al-Sarraj qui a formulé la requête auprès du Premier ministre italien , Paolo Gentiloni. Le navire "Comandante Borsini" a accosté mercredi dernier au port de la base maritime de Tripoli , accompagné de bateaux de la Marine italienne. La lutte contre l'immigration Le but affiché de la mission est d'aider à la formation et au renforcement des capacités de la Marine libyenne et des Gardes côtes ainsi qu'à lutte contre les trafiquants d'être humains et l'immigration clandestine, selon les termes de la demande des autorités libyennes. Avec des côtes de quelques 2000 km sur la Méditerranée et des frontières terrestres avec six pays africains, exportateurs d'immigrés , la Libye subit elle aussi les effets de l'émigration étant donné qu'elle est à la fois un passage et une destination des migrants. Au regard du chaos qui règne dans le pays, les autorités sont débordées et ne peuvent pas s'acquitter convenablement de la lutte contre le flux sans cesse grandissant des migrants. Ancienne puissance coloniale de la Libye, l'Italie outre qu'elle entretient des relations économiques privilégiées avec la Libye, subit de plein fouet les vagues de migrants qui prennent d'assaut ses plages tout au long de l'année en provenance des côtes libyennes. Ainsi cette requête du président du Conseil libyen a eu un large échos en Italie qui se plaint d'être abandonnée par ses partenaires européens face à la marée des immigrants qui envahissent ses côtes. Haftar et la violation de la souveraineté Mais c'est compter sans le maréchal Haftar l'homme fort de l'Est de la Libye , aliée de l'Egypte et qui a vu dans le déploiement de navire de guerre italien une violation de la souveraineté de la Libye. Il a ordonné à toutes les unités militaires et maritimes en Libye de contrer l'arrivée de tout navire italien sans l'autorisation expresse de l'armée libyenne. Toutefois, ces menaces ont été tournée en ridicule par les autorités italiennes qui les ont qualifiées de la pure "propagande médiatique". Pour l'Italie, Haftar ne dispose guère des moyens militaires pour mettre en exécution ses menaces. Ainsi la supériorité militaire italienne est établi. En effet depuis la révolution libyenne de 2011 qui a entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les moyens militaires de l'armée libyenne qui s'est effondrée ont été considérablement réduits après la campagne aérienne des alliées qui ont détruit la majeure partie de son équipement. Bataille politique Ainsi si la confrontation militaire est tranchée en faveur de l'Italie puissance militaire et ancienne pays colonisateur, cependant, les détracteurs de ce déploiement de navire de guerre italien ont décidé de porter la bataille sur le plan populaire. Des manifestations populaires ont été organisées à Tripoli par des activistes de la société civile et de simple citoyens qui ont exprimé leur opposition totale à l'arrivée de frégates italiennes sur les eaux territoriales libyennes. Ils ont brandi des portrait du héros historique de la résistance libyenne contre l'occupation italienne, Omar Mokhtar, entonnant des slogans hostiles à l'Italie et piétinant le drapeau italien qu'ils ont par la suite brûlé. Dans l'Est de la Libye , une manifestation similaire a été organisée à Beidha contre l'arrivée de navires militaires italiens, qualifiant cette décision de violation de la souveraineté libyenne. Leur emboîtant le pas le Parlement libyen basé à Tobrouk à l'Est et allié de Kahlifa Haftar a rejeté complètement toute présence militaire italienne sur le territoire libyen. La commission des affaires étrangères du Parlement libyen a fustigé, dans un communiqué, la décision du président du Conseil libyen, Fayez al-Sarraj d'outre passer ses prérogatives en contournant l'institution législative qui est seule habilité à formuler une telle requête. Les membres de la Commission parlementaires ont interpellé les Nations unies, la Ligue arabe, et l'Union africaine pour intervenir en adoptant une position de nature à stopper le déploiement des navires de guerre italiens sur les eaux territoriales libyennes. Accord libyo-italien Face au tollé soulevé au niveau de la population par la décision de déploiement de navire de guerre italien, la présidence du Conseil libyen a trouvé un alibi pour expliquer sa requête en déterrant un ancien traité signé en 2008 entre la Libye et l'Italie sous le régime de Mouammar Kadhafi. Ce traité porte dans certaines de ses clauses sur la coopération dans la lutte contre le crime organisé, l'immigration clandestine et la traite des humaines entre les deux pays. En vertu de cet accord qui a été dénoncé par les autorités italiennes après la chute en 2011 de Kadhafi, l'Italie fournira un soutien en formation aux services des gardes maritimes et de la Marine ainsi que la sécurisation des frontières terrestres de la Libye. Ce déploiement de navire de guerre italien risque d'envenimer la crise en Libye qui est déjà à son comble et de faire échouer les efforts déployés actuellement en vue de trouver une solution à l'imbroglio libyen.