Le chef du gouvernement, Youssef Chahed se trouve dans une situation pour le moins qu'on puisse dire, inconfortable. Il gère un gouvernement, pratiquement, à l'arrêt. Avec un bon nombre de portefeuilles à pourvoir, et plusieurs ministres qui se savent sur le départ, et qui sont en stand-by. Et plus spécialement, le ministre en charge de la sûreté qui serait, à ce qui se dit, démissionnaire depuis près de deux mois. On comprend, dès lors, que Chahed soit pressé de clore le dossier du remaniement ministériel, et de tenter d'aller de l'avant, du moment que la conjoncture ne permettrait aucun retard. Surtout avec des échéances qui serrent de plus en plus, notamment, avec une rentrée scolaire qui pointe à l'horizon sans qu'il y ait de ministre de l'éducation, et l'étude et la programmation du budget de 2018 qui doit se faire dans l'immédiat, sans qu'il y ait de ministre des finances... C'est pour cette raison que Chahed a voulu plier le dossier du remaniement le plus rapidement possible. Mais c'était sans compter avec l'élite politique du pays, qui se prétend un matelas de sécurité pour le gouvernement, alors qu'en réalité, elle constitue un boulet qu'il traine dans les pattes. En effet, voulant clore la question aujourd'hui, même, Chahed devait rencontrer, ce matin, le président de la République pour lui présenter ses candidats dans la liste du remaniement. Sauf qu'il semblerait que la Présidence ait des réserves concernant certains noms proposés. Par ailleurs, Ennehdha a annoncé son véto au remaniement, en tant que tel, et a appelé à un mini changement, juste pour combler les vides laissés par les ministres limogés ou démissionnaires, et ajourner le remaniement jusqu'à après les élections locales. Sans oublier l'autre grand parti de la coalition, Nidaa Tounes, qui ne saurait discuter de ce sujet, pour cause d'absence de son chef, vu que Hafedh Caïed Essebsi se trouverait, actuellement, en vacances, et ne saurait donner la position de sa formation. Donc, tant pis pour le gouvernement, tant pis pour Youssef Chahed... Et tant pis pour la Tunisie et les tunisiens ! Çà ne sera pas demain la veille qu'ils vont avoir un nouveau gouvernement, sur lequel ils espéraient compter pour tenter de sortir de ce goulot d'étranglement.