Le monde entier a été horrifié après la diffusion le 15 novembre courant par la chaîne américaine CNN d'un reportage dévoilant l'existence de marchés d'esclaves en Libye au cours desquels des migrants coincés dans le pays sur leur route vers l'Europe, sont vendus aux enchères. La stupeur a été grande pour de nombreuses personnes de découvrir qu'à l'orée du 21 ème siècle, des êtres humains sont vendus comme des bêtes de somme au plus offrant et réduits à l'esclavage. Saisine du Conseil de sécurité Les condamnations en chaîne n'ont pas cessé de pleuvoir de toute part ainsi que les indignations pour ce que de nombreux pays ont qualifié "d'insulte" et "de crime contre l'humanité". Plusieurs pays africains à l'instar du Niger, du Congo et du Burkina Faso ont convoqué les ambassadeurs de la Libye accrédités dans leurs pays pour protester contre les violations subies par les immigrants Africains. L'Union africaine (UA) qui a condamné l'existence de marchés d'esclaves en Libye et a décidé de nommer un émissaire spécial pour les questions d'immigration en Libye chargé d'enquêter sur les conditions de vie des migrants africains. Des manifestations ont été organisées en France et dans plusieurs pays africains pour dénoncer le sort subi par les migrants qui croupissent dans des centres de détention à la merci des milices et autres trafiquants. La France est montée au créneau et a décidé de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour une session spéciale urgente sur les violations subies par les migrants qui se trouvent dans ce pays d'Afrique du Nord. Selon le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian il s'agit d'écouter les organisations spécialisées des Nations unies agissant en Libye comme l'OIM et le HCR pour donner une idée précise des conditions dans lesquelles se trouvent les migrants. Dans une intervention devant l'Assemblée nationale française, le chef de la diplomatie française a agité l'épouvantail de sanctions contre la Libye si une enquête n'est pas diligentée pour identifier les auteurs et les traîner devant la justice. Auparavant, le président Emmanuel Macron n'a pas hésité à qualifier l'existence de marchés d'esclaves comme "crime contre l'humanité" soulignant la nécessité d'agir contre les trafiquants de migrants en Libye qui se livrent à ce juteux commerce en commettant toutes les violations et excès. Un contexte favorable aux violations Les mauvaises condition d'existence des migrants en Libye se sont considérablement dégradée depuis l'insurrection en 2011 qui a renversé le régime du Colonel Mouammar Kadhafi ayant entraîné l'effondrement de l'Etat et avec lui toutes les institutions de l'Etat notamment les organes de sécurité. Plus de six ans après l'insurrection en Libye, le chaos règne dans le pays livré à des milices et groupes armés qui font la loi sur le terrain et agissent en dehors de toute légalité ou pouvoir. L'Etat est totalement effondré et le pays est divisé en deux , l'Ouest du pays sous la tutelle du gouvernement de l'Entente nationale reconnu par la communauté internationale et l'Est du pays dirigé par le gouvernement intérimaire non reconnu mais issu du parlement légitime de la Libye. Ces gouvernements n'ont aucune prise réelle sur les milices et groupes sociaux qui se trouvent par centaines dans le pays. La circulation des armes en Libye et l'existence des milices a favorisé l'insécurité et la criminalité qui s'est développée ces dernières années avec l'apparition de gangs et trafiquants de tout bord dans un pays en plein chaos. Les Libyens première victimes Cette situation a transformé le pays en une jungle ou les milices rivales se livrent à des affrontements réguliers prenant en otage les civils livrées à eux-mêmes. Les citoyens libyens sont eux-mêmes victimes de cette violence car ils sont enlevés, torturés et emprisonnés en dehors de tout cadre juridique. Les assassinats se sont multipliés ainsi que les massacres avec la découverte régulièrement de charniers et autres corps abandonnés au bord de la route. Frontalier avec six pays africain, Tunisie, Egypte, Algérie, Soudan, Niger et Tchad, la Libye subit depuis l'effondrement de l'Etat un flux important de migrants qui ont dépassé les capacités du pays en proie à une crise économique en raison de l'insécurité. La production pétrolière a baissé drastiquement provoquant une chute du dinars qui a entraîné une crise de liquidité dans le pays. Les fonctionnaires ne peuvent pas tirer leurs salaire dans les banques car il n'y a pas d'argent liquide et pour l'obtenir, il faut faire la queue pendant des heures d'affiliées sans la garantie de pouvoir obtenir des retraits en liquide. Ne trouvant plus d'argent pour se financer , les milices recourent aux enlèvements pour avoir des rançons en contrepartie. Une situation qui a poussé de nombreux groupes armés à enlever les Libyens comme les étrangers pour trouver une source de financement. Comme les étrangers notamment les migrants constituent une frange fragile n'ayant personne pour prendre leur défense , les milices se livrent à du harcèlement et à leur enlèvement pour les vendre par la suite. Le deal entre l'Italie et le gouvernement libyen L'accord de l'Italie avec le gouvernement de l'Entente en Libye ayant permis un déploiement d'unités de la marine italienne à Tripoli a permis de réduire le flux des migrants vers l'Italie. Une situation qui s'est reflétée par l'augmentation du nombre des migrants dans le pays après qu'il n'ont plus la possibilité de voyager par voie maritime vers l'Europe. Certaines langues indiscrètes font état d'un deal entre l'Italie et des trafiquants pour ne plus organiser de voyages pour les migrants. C'est à la lumière de cette réalité que certaines estiment que blâmer la Libye dépourvu d'un Etat unifié capable d'imposer sa volonté sur son territoire , serait une injustice d'autant plus que les Libyens sont les premières victimes des milices et subissent pire que l'esclavage, la mort. Nombreux sont ceux en Libye qui sont contents de l'onde de choc provoquée par le scandale de l'existence de marchés de vente d'esclaves en Libye, estimant que cela servira d'opportunité aux pays du monde notamment les occidentaux pour réfléchir à une approche de nature à mettre fin à ce phénomène d'immigration. Certes, les espoirs sont minces mais rien n'empêcher de rêver!