L'expert en finances Moez Joudi a, dans un entretien accordé à la rédaction de TunisieNumerique, expliqué dans quelle mesure le gouvernement de Youssef Chahed demeure tributaire du bon vouloir du FMI, et pour quelles raisons, ce dernier semble récalcitrant à aider le gouvernement. Joudi a commencé par rappeler que le gouvernement tunisien a négocié et obtenu des crédits conséquents de la part du FMI. Ces crédits avaient été programmés en deux tranches. La première tranche de 1.7 milliards de Dollars, avait été signée avec le gouvernement de la Troïka et versée, en conséquence. Alors que la deuxième tranche, d'une valeur globale de 2.9 milliards de Dollars, a été programmée en plusieurs versements. Le premier versement a été accordé lors de la signature du crédit, et la Tunisie n'a pas encore commencé à le rembourser, tandis que le deuxième versement qui était prévu pour le mois de décembre 2016, n'a été effectué qu'en juin 2017. Alors que le troisième versement a été reporté à une date non encore précisée, vu le retard de livraison du deuxième versement. Le gouvernement a bien essayé d'obtenir les deuxième et troisième versements ensemble en juin, mais ont a du affronter le refus du FMI. Il faut dire que le FMI est plus ou moins mécontent du gouvernement Chahed, et c'est pour cette raison qu'il rechigne à verser les sommes dues. Car il faudrait savoir que les différents versements avaient été conditionnés lors de la signature du crédit, par les avancées du gouvernement dans les réformes requises par le fond. Or, sur les cinq grandes réformes exigées par le FMI, et qui sont la fonction publique, les entreprises publiques, la caisse de compensation, la sécurité sociale et le réforme fiscale, seules la réforme fiscale et celle de la fonction publiques ont été, timidement, ébauchée et non complétées, alors que les autres grands dossiers n'ont pas été abordés. Le problème qui se pose au FMI, est que le système politique hybride tunisien fait que le gouvernement n'ait pas de marge de manœuvre dans ses décisions, et qu'il soit obligé de se référer à l'ARP, aux partis, et surtout à la superpuissante UGTT. Mais le FMI qui a signé avec le gouvernement tunisien et non avec cette galaxie de « décideurs » ne veut rien entendre des protestations de ces parties, et il en veut au gouvernement Chahed d'être trop passif et de ne pas avoir suffisamment d'autorité pour faire passer ses décision sur les quelles il s'était engagé. Car quand il s'était engagé avec le FMI, le gouvernement n'avait pas prévenu qu'il fallait prendre l'avis de tous ces intervenants avant de respecter ses engagements. Et, de ce fait, le FMI, ne va pas verser les tranches restantes si les réformes ne sont pas avancées comme il a été convenu. Et pour contrôler tout çà, le FMI a installé un bureau permanent à Tunis, pour suivre de près l'évolution des dossiers. Or, le problème avec le FMI, c'est que si, lui, ne prête pas à la Tunisie, aucun autre bailleur ne pourrait le faire, car il constitue la tête de file des bailleurs de fond, par lequel tous les autres doivent passer. Du coup, à cause de l'entêtement de l'UGTT, essentiellement, et à cause d'un gouvernement jugé trop « mou », c'est tout un peuple qui est pénalisé. Mais justement pénalisé, car il apprendra à assumer ses choix dans l'avenir !
déclaration: l'expert en économie Moez joudi Votre navigateur ne prend pas en charge l'élément audio.