L'Institut tunisien des études stratégiques (ITES) a présenté mercredi, 9 mai 2018, une étude sur les terroristes revenant des zones de tension et détenus dans les prisons tunisiennes. A ce sujet, Néji Jalloul, directeur général de l'Institut, a déclaré que l'étude a été lancée en 2016 et s'est terminée en janvier de cette année, notant que c'est une prospetion sur le terrain, réalisée par un certain nombre de juges, de psychologues et de sociologues qui ont été les interlocuteurs des 82 tunisiens détenus dans diverses prisons tunisiennes. Les conclusions font apparaître que la plupart sont des hommes jeunes, âgés de 25 à 29 ans. Jalloul a indiqué que cette étude a tenté principalement d'identifier les raisons pour lesquelles un grand nombre de ces jeunes, de citoyens ordinaires en somme, se sont transformés en criminels, ajoutant que 74% d'entre eux ne sont pas mariés et souffrent d'un problème de stabilité. La majorité a interrompu l'école prématurément, 87% d'entre-eux sont semi-lettrés, ne dépassant pas le niveau secondaire et la plupart appartiennent à des milieux pauvres et marginalisés. L'absence de sentiment d'appartenance à la patrie et de culture nationale, sont également parmi les raisons pour lesquelles cette frange de la jeunesse tunisienne s'est ruée vers les foyers de tension. Naji Jalloul a affirmé qu'une grande partie des terroristes n'étaient pas des extrémistes religieux avant la révolution. Ce sont des groupuscules salafistes qui ont joué un rôle important en les poussant vers l'extrémisme. Il a souligné que la Tunisie n'était pas considérée comme le premier pays source de terrorisme et que le nombre de Tunisiens qui sont allés dans les foyers de conflits ne dépasse pas les 3000. Concernant la méthode de traiter avec les terroristes dans les prisons tunisiennes, Néji Jalloul a affirmé que cela se déroule dans les limites du respect de la loi et des droits de l'homme, assurant que cette étude vise à prémunir la société tunisienne contre ce fléau, qui exige une réforme du système éducatif et des solutions à l'interruption précoce de l'école en plus de la propagation de la culture d'appartenance à la Tunisie. Pour sa part, le colonel-major Walid Hakima, porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale, a indiqué que la valeur de cette étude réside dans le contenu de la matière, étant donné que le terrorisme est à l'avant-garde des préoccupations du pays, ainsi que le traitement de l'aspect social, familial et économique, ce qui contribue à donner une image plus complète, de nature à permettre un meilleur résultat en termes de lutte contre le terrorisme. L'expert à l'Institut tunisien des études stratégiques, Emna Ben Arab, a indiqué de son côté, que cette étude a été basée aussi bien sur des entrevues personnelles que sur des entretiens collectifs avec les terroristes détenus dans les prisons tunisiennes dont le nombre dépasse 80 personnes, ajoutant que l'objectif principal est de déterminer les itinéraires de leur vie. Elle a ajouté que l'approche sécuritaire, bien qu'elle ait réussi à protéger la Tunisie de ce danger, est d'une efficacité limitée. Ce qu'il faut c'est d'affronter le mal à la racine en prenant en considération les raisons qui conduisent certains jeunes à choisir le terrorisme afin d'éviter à l'avenir les erreurs qui ont contribué à l'établissement du climat encourageant le terrorisme en Tunisie.