"Acheter européen" pour réarmer l'Europe, a plaidé le président français, Emmanuel Macron, avec un regard très appuyé sur l'industrie militaire de l'Hexagone, 2e pour les ventes d'armes dans le monde. Un virage européen corroboré par la présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen. La première annonce forte vient de tomber et elle est signée par le Portugal. Il renonce à un méga contrat d'achat d'avions de chasse F-35, des appareils américains. Le président Donald Trump commence à récolter ce qu'il a semé. D'autres revers pourraient suivre rapidement. Le ministre de la Défense portugais, Nuno Melo, l'a dit dans un entretien avec le journal "Público" : il n'est plus question de faire affaire avec Washington. Une décision forte justifiée par la volatilité de la politique étrangère des USA sous Trump et les sérieux risques que cela fait peser sur la souveraineté militaire des pays alliés. Imaginez le tableau si le président américain, pour d'obscures raisons, donnait l'ordre de désactiver les logiciels des F-35 qu'il a vendus aux Européens. Le fait est que les Etats-Unis ne sont plus considérés comme des alliés fiables, et dans un domaine comme la défense la confiance est primordiale. Le républicain terrifie tellement ses partenaires étrangers qu'ils pourraient se ruer vers l'industrie de défense européenne. À quelques semaines du scrutin législatif anticipé les ténors politiques portugais fixent leurs caps. Nuno Melo a dévoilé le sien en fermant la porte aux chasseurs américains… Ils étaient censés remplacer les F-16, de fabrication américaine, qu'utilise actuellement le Portugal et qui iront prochainement à la retraire. Le marché est tombé à l'eau, «le monde a changé», a argué le ministre. Pourtant l'armée de l'air portugaise avait manifesté sa préférence pour les F-35. «La récente position des Etats-Unis, tant au sein de l'OTAN que sur le plan géostratégique mondial nous oblige à réfléchir aux meilleures options», a expliqué Nuno Melo. «Cet allié, qui a toujours été prévisible durant des décennies, pourrait désormais poser des restrictions en matière d'utilisation, de maintenance et d'approvisionnement en composants, ce qui affecterait la garantie que les appareils resteront opérationnels et utilisables dans tous les types de scénarios», a ajouté le ministre et chef de file de la droite portugaise… Et il n'est pas le seul, tous les états-majors des armées européennes utilisant de l'équipement américain sont terrorisés à l'idée que Washington les lâche. Et le fait est que la Maison-Blanche ne fait rien pour rassurer ses alliés, bien au contraire. Certes rien ne démontre que les Américains pourraient aller jusqu'à paralyser les avions qu'ils vendent si les tensions politico-diplomatiques devenaient extrêmes, mais le fait d'avoir gelé l'aide militaire à l'Ukraine pour l'obliger à céder ses terres rares est suffisamment inquiétant. «Plusieurs options doivent être étudiées, notamment celles relevant de la production européenne» pour l'acquisition de futurs chasseurs, a confié le ministre portugais. Il a refusé de confirmer que le Rafale, une petite merveille française, pourrait remplacer le F-35. Sur le marché depuis le début des années 2000, l'avion de chasse fabriqué par Dassault avait été écrasé au départ par l'armement américain. Sans doute à cause du lobbying de la Maison-Blanche aux quatre coins du monde… Mais depuis 2015 et ses états de service en Afrique, le Rafale a acquis une notoriété et réalisé une percée phénoménale sur le marché mondial. C'est le cas en Inde notamment, en Egypte, au Qatar et au Brésil. La radicalité de Trump pourrait pousser de nombreux pays à se rabattre sur la France pour éviter tout risque. L'Allemagne, le Canada ou la Suisse, qui achetaient massivement américain, pourraient migrer vers Paris.
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