Dans un communiqué publié samedi, les Etats-Unis ont annoncé la révocation immédiate de tous les visas accordés aux ressortissants du Soudan du Sud, tout en suspendant la délivrance de nouveaux visas pour les citoyens de ce pays. Cette décision marque un tournant radical dans la politique migratoire de Washington depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025. Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a affirmé que cette mesure visait à sanctionner le refus du gouvernement sud-soudanais de coopérer dans les procédures de rapatriement de ses citoyens faisant l'objet d'une mesure d'expulsion depuis les Etats-Unis. « Avec effet immédiat, le département d'Etat des Etats-Unis révoque tous les visas détenus par les porteurs de passeports du Soudan du Sud », a déclaré Marco Rubio dans un message ferme. Un précédent dans la nouvelle ère Trump Il s'agit de la première mesure de ce type prise à l'encontre de l'ensemble des citoyens d'un pays depuis le début du second mandat de Donald Trump. Cette action s'inscrit dans le cadre d'une politique migratoire renforcée, que l'administration justifie au nom de la sécurité nationale. « Il est temps que le gouvernement de transition du Soudan du Sud cesse de tirer profit des Etats-Unis », a déclaré Marco Rubio. « Appliquer nos lois sur l'immigration est une priorité cruciale pour la sécurité de notre pays », a-t-il insisté. Selon les autorités américaines, tout pays doit accepter de reprendre ses ressortissants lorsqu'ils sont concernés par des décisions d'expulsion. En cas de refus ou d'obstruction, des sanctions administratives, telles que celles annoncées contre le Soudan du Sud, peuvent être appliquées. Une suspension totale des visas pour une durée indéterminée Le communiqué précise que cette suspension s'applique à tous les types de visas : étudiants, travail, tourisme ou regroupement familial. Aucun nouveau visa ne sera délivré tant que le Soudan du Sud ne coopérera pas pleinement avec les autorités américaines sur les dossiers d'expulsion. « Nous nous tenons prêts à revoir cette politique lorsque le Soudan du Sud sera pleinement coopératif », a précisé M. Rubio. Un pays fragilisé, à la stabilité incertaine Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, reste l'un des pays les plus instables du continent africain. Une guerre civile sanglante, qui a éclaté en 2013 et duré jusqu'en 2018, a fait près de 400 000 morts et 4 millions de déplacés, selon l'ONU. Un accord de paix signé en 2018 a permis la formation d'un gouvernement de transition, mais la situation politique et sécuritaire reste précaire. L'ONU a récemment mis en garde contre un risque élevé de reprise des violences, alors que les tensions persistent entre factions rivales. Des décisions qui rappellent les précédents du premier mandat Trump Cette mesure rappelle les décisions controversées prises en 2017 par Donald Trump, lorsqu'il avait interdit l'entrée aux ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans, dont la Libye, le Soudan, la Syrie, l'Iran, le Yémen, l'Irak et la Somalie. À l'époque, le Soudan du Sud avait été épargné par ce décret présidentiel. Aujourd'hui, la décision prise par l'administration Trump d'élargir ces restrictions à un pays non musulman comme le Soudan du Sud montre un durcissement généralisé de la politique migratoire américaine, au-delà des considérations religieuses. Une mesure à impact humain et diplomatique La révocation soudaine des visas affectera potentiellement des milliers de ressortissants sud-soudanais, y compris ceux résidant aux Etats-Unis de manière régulière, étudiants, chercheurs ou familles. Elle pourrait également tendre davantage les relations bilatérales entre Washington et Juba. Reste à voir si cette politique produira un effet sur la coopération du gouvernement sud-soudanais ou si elle ne fera qu'aggraver l'isolement diplomatique d'un pays déjà fragile, dont la diaspora dépend largement de la stabilité migratoire pour assurer une partie de ses moyens de subsistance. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!