L'annonce par Donald Trump de nouvelles hausses tarifaires visant les importations étrangères a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers mondiaux. Présentée comme un « jour de libération » par l'ancien président américain, cette politique s'accompagne d'une taxe générale de 10 % sur toutes les importations aux Etats-Unis, en plus de mesures spécifiques contre près de 90 pays, dont la Chine et les pays de l'Union européenne. Dès la déclaration de la Maison-Blanche, les places boursières américaines, européennes, asiatiques et arabes ont fléchi, tandis que les prix du pétrole et du gaz ont baissé, traduisant une inquiétude globale quant à l'impact de cette stratégie sur la stabilité du commerce mondial. Des gains espérés : revenus douaniers et emploi industriel Selon les estimations de l'administration Trump, ces droits de douane pourraient générer plus de 6 000 milliards de dollars de recettes fiscales entre 2025 et 2035. Rien que l'année prochaine, plus d'un trillion de dollars pourraient entrer dans les caisses de l'Etat, selon les propos de Trump relayés par CBS News. Concernant les voitures importées, des droits de 25 % sur les véhicules et pièces détachées pourraient générer 100 milliards de dollars, selon Will Scharf, membre de l'équipe présidentielle. Une projection plus modérée du Yale Budget Lab évalue plutôt les gains à 600-650 milliards sur dix ans. L'administration estime également que ces mesures permettront de réduire le déficit commercial américain, qui a atteint 1,2 trillion de dollars en 2024, selon le Bureau du recensement des Etats-Unis. En parallèle, la Maison-Blanche affirme que des milliers d'emplois ont été créés dans l'industrie manufacturière, notamment 10 000 en un mois dès le retour de Trump au pouvoir, comparé à des pertes régulières enregistrées sous Joe Biden. Des effets politiques calculés Cette offensive tarifaire s'inscrit dans une logique politique assumée. Trump entend faire de cette stratégie une vitrine électorale et un pilier de son slogan « America First ». Le président américain espère ainsi renforcer son image de défenseur de l'économie nationale en prévision d'une potentielle troisième candidature à la présidentielle, comme l'a suggéré le New York Times. Les pertes possibles : marchés en chute, inflation et consommateurs pénalisés Mais cette stratégie protectionniste n'est pas sans conséquences. En deux jours, les géants de la tech — appelés les « Magnificent 7 » — ont perdu 1,8 trillion de dollars en valorisation boursière, selon Associated Press. Apple à elle seule a vu 311 milliards disparaître de sa capitalisation en une journée. Outre les marchés, le citoyen américain pourrait en faire les frais. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a averti que les tarifs risquent de ralentir la croissance et d'augmenter les prix, contredisant la narration optimiste de l'exécutif. Selon Los Angeles Times, ce sont en réalité les consommateurs américains qui paient les taxes douanières, pas les pays exportateurs. L'agriculture, grande perdante de la riposte chinoise Dans le sillage de l'escalade, la Chine a riposté avec des droits de douane de 34 % sur les produits américains à partir du 10 avril, s'ajoutant aux 20 % déjà en place. L'un des secteurs les plus touchés reste l'agriculture : durant le premier mandat de Trump, les fermiers américains ont perdu 27 milliards de dollars, selon Reuters. Pour compenser, le gouvernement a versé 23 milliards de dollars d'aides via la Commodity Credit Corporation. Toutefois, cette compensation reste ponctuelle et incertaine à long terme, notamment si la guerre commerciale se prolonge. Selon des études menées par la Réserve fédérale et plusieurs universités, les industries américaines protégées par ces tarifs n'ont bénéficié que modestement de ces mesures. En revanche, le coût pour les consommateurs a été net et constant, notamment entre 2018 et 2020. Une stratégie risquée sur le long terme Pour l'économiste Veronique de Rugy, citée par le Los Angeles Times, cette politique de tarifs est « pire qu'un pari », soulignant que les risques macroéconomiques à long terme — instabilité des marchés, ralentissement du commerce, pertes d'investissements — pourraient dépasser les bénéfices annoncés. Alors que Trump mise sur des recettes record et un retour industriel, les doutes persistent sur l'efficacité globale de sa stratégie. Entre gains à court terme et déséquilibres structurels, l'Amérique navigue entre promesses électorales et réalités économiques. Le succès — ou l'échec — de ces mesures dépendra de l'évolution des négociations internationales, de la capacité à contenir l'inflation, et surtout, de l'accueil des électeurs face aux conséquences dans leur vie quotidienne. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!