Ça bouge entre le Maroc et les pays du Sahel, de manière spectaculaire. Et là où il y a le Maroc l'Algérie n'est jamais loin. C'est comme ça. Alger s'éloigne progressivement du Mali, du Niger et du Burkina Faso, Rabat s'en rapproche et accélère avec un programme sans précédent qui changera le visage de la région. Les pays de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) sont enclavés, et la mer ce sont des débouchés commerciaux, touristiques, etc. C'est ce que leur offre le Maroc, l'océan Atlantique ça ne se refuse pas, ça n'a pas de prix. L'affaire est en gestation depuis des mois et le projet impulsé par le Maroc ne pouvait qu'enchanter ces trois pays pilotés par des juntes militaires et dont les relations avec les nations du Golfe de Guinée sont exécrables la plupart du temps. Le royaume chérifien savait qu'il visait juste en proposant l'accès à la mer à des pays défavorisés par Dame nature et qui n'osaient même pas rêver d'une telle opportunité. Les ministres des Affaires étrangères malien, nigérien et burkinabé étaient hier lundi 28 avril à Rabat pour redire leur détermination à mettre sur pied au plus vite ce projet lancé par le roi Mohammed VI. La photo de la réunion a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et manifestement la joie était au rendez-vous. Les émissaires de Bamako, Niamey et Ouagadougou ont magnifié cette initiative… Ils ont réaffirmé «leur adhésion totale et leur engagement pour accélérer sa mise en œuvre». Rappelons que cette affaire avait été annoncée en décembre 2023 par le souverain marocain. Une première rencontre avait été organisée à Marrakech avec les chefs des diplomaties de ces quatre pays. Reste à savoir si le Sahara occidental, un territoire qui fait l'objet d'un litige depuis des décennies, est concerné par ce projet. L'océan Atlantique s'étend longuement sur les côtes de ce territoire revendiqué par les indépendantistes du Front Polisario, appuyés ouvertement par l'Algérie. Il est évident qu'un tel projet ne peut pas enchanter cette dernière. Pour rappel les relations entre Alger et Bamako sont au point mort, après la fermeture réciproque de leurs espaces aériens et le rappel de leurs ambassadeurs. Cette montée de fièvre fait suite au drone armé malien qui s'était aventuré à la frontière et que l'armée algérienne avait pulvérisé… C'est l'épilogue d'un bras de fer qui se durcit depuis que les putschistes maliens ont sabré les Accords d'Alger censés mettre un terme à l'affrontement armé avec la rébellion touareg. Le général Assimi Goïta en est arrivé à la conclusion que ce document a créé plus de problèmes qu'il en a réglés, et l'a donc enterré unilatéralement. Ce qui a fortement déplu aux autorités algériennes… Le Niger aussi avait un contentieux avec l'Algérie mais les relations s'étaient nettement améliorées dernièrement avec des visites de haut niveau entre les deux pays, des partenariats ambitieux autour de l'énergie et même un important don algérien : Une grande centrale électrique. Mais voilà, Niamey a choisi la solidarité avec son voisin de l'AES et a suivi Bamako dans l'escalade avec Alger. Là aussi ce dernier l'a très mal pris. Le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, est très alléché par la proposition marocaine, qu'il a qualifiée d'«aubaine». Mais cette affaire n'en est qu'à ses débuts et aucun calendrier effectif n'a été avancé pour sa réalisation. Rabat prend son temps parce qu'il sait qu'il marche sur des oeufs. En effet il faudra trancher le noeud gordien, le Sahara occidental, dossier dans lequel même les USA ont reculé après avoir officialisé leur adhésion au Plan de Rabat. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!