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Le communiqué présidentiel qui va coûter des milliards à la Tunisie
Publié dans Business News le 07 - 03 - 2023

Les plus grandes chaînes d'information continue, africaines, arabes et internationales, ne parlent que de la Tunisie ces derniers jours et elles en parlent en mal. Au menu, les propos considérés comme racistes du président de la République. Outre cette très mauvaise publicité, il y a la suspension du partenariat de la Banque mondiale avec le pays, les campagnes de boycott des produits tunisiens et la stigmatisation des ressortissants tunisiens dans plusieurs villes africaines. Sans aucun doute, le communiqué de la présidence de la République du 21 février va coûter au pays plusieurs milliards de dollars.

L'Afrique c'est l'avenir, c'est là où l'on devrait enregistrer le taux de croissance le plus élevé dans les années à venir. C'est là aussi où les Chinois et les Russes disputent l'hégémonie avec les Etats-Unis et les anciennes puissances coloniales européennes.
Conscient du potentiel du continent noir et de son africanité, le Maroc a toujours eu une politique audacieuse avec les pays subsahariens et a encouragé ses entreprises à s'y implanter. Pour leur faciliter la tâche et créer les jonctions nécessaires, il a poussé Attijariwafa Bank et la Royal Air Maroc à accompagner ces entreprises là où elles sont.
Avant le Maroc, la Libye de Mouammar Kadhafi a longtemps rêvé des Etats-Unis d'Afrique. Elle a même créé une compagnie nommée Afriqyah pour desservir les plus grandes capitales depuis Tripoli.
La Tunisie a été moins timide, mais depuis Bourguiba elle a préservé de bonnes relations avec un certain nombre de pays africains (notamment francophones) en jouant la carte gagnant-gagnant. Souvent, présidents et chefs de gouvernement ont effectué des visites de travail et d'amitié pour pousser à la coopération Sud-Sud. La dernière en date est celle de l'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed en 2017. Business News a alors intitulé son reportage de la tournée : « Youssef Chahed est parti chercher l'argent où il se trouve ».
Le travail des politiques a consisté à établir les jonctions, mais aussi à pousser nos industriels et nos exportateurs à regarder vers le sud. Pour les aider, le Cepex (organisme de l'Etat destiné à encourager les exportations) a mis des millions de dollars sur la table. Idem du côté de Tunisair qui a créé des lignes directes avec quelques capitales ouest-africaines. Les ambassades ont été sensibilisées à la chose économique et les visas d'entrée en Tunisie ont été supprimés pour la majorité des pays africains.
Cette politique africaine de la Tunisie et ce lobbying, quoique modeste comparé à celui du Maroc et de la Libye, ont eu leurs bienfaits et ont permis à la Tunisie de devenir la destination de milliers d'étudiants africains qui, une fois devenus cadres dans leurs pays, se sont transformés en bons ambassadeurs de la Tunisie. Cette politique a permis aussi à la Tunisie de devenir la destination de plusieurs patients africains venus se soigner dans les cliniques tunisiennes, moins chères et aussi efficaces que leurs homologues européennes.
Aussi, on note l'arrivée en 2001 de la Banque africaine de développement qui a établi provisoirement son siège à Tunis au vu de la crise politique et sécuritaire de l'époque à Abidjan.
En chiffres, la balance commerciale est excédentaire avec l'Afrique, ce qui est rare. En 2021, on a enregistré 1,35 milliard de dinars d'exportations contre 206 millions d'importations. C'est très modeste, mais une balance excédentaire, c'est quelque chose de très rare vu qu'on est déficitaires presque partout dans le monde.

Avec l'arrivée de Kaïs Saïed, cette dynamique s'est arrêtée net ! Depuis son accession au pouvoir, en 2019, le président de la République n'a effectué aucune visite au sud du Sahara et n'a jamais cité l'Afrique dans ses discours.
Après son putsch de juillet 2021, il n'a de cesse de parler de milliards dérobés au peuple et de politique nouvelle, mais bien qu'il ait les pleins pouvoirs (du jamais vu dans l'Histoire du pays), il n'a pris aucune mesure pour encourager les acteurs tunisiens à aller chercher les milliards là où ils se trouvent et là où Chinois et Russes se disputent un marché naturel de la Tunisie.
Mais non seulement Kaïs Saïed n'a pas de politique africaine, mais il s'est mis une balle dans le pied le 21 février 2023 lors d'un conseil de sécurité nationale en décidant de « mesures urgentes pour traiter le phénomène de l'afflux d'un grand nombre de migrants irréguliers subsahariens en Tunisie ». Pire, il a carrément eu une phrase considérée comme raciste en indiquant qu'il y a « un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle pour métamorphoser la composition démographique de la Tunisie (…)
Certaines parties ont reçu de grandes sommes d'argent après 2011, pour l'établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie, assurant que l'objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine étant de considérer la Tunisie comme un Etat africain n'ayant aucune appartenance arabe et islamique ».
C'est le tollé aussi bien en Tunisie que dans le monde et particulièrement en Afrique. Les médias, les partis et les ONG en Tunisie ont dénoncé la sortie présidentielle dès le premier jour. Une manifestation contre le racisme est organisée dans la foulée à Tunis.
Le président du Tunisia Africa Business Council (TABC), Anis Jaziri, alerte sur le danger de tels propos. Avant lui, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Ounaïes qui a rappelé cette évidence que nous avons besoin de partenaires pour avancer.
Plutôt que de se rétracter, Kaïs Saïed a enfoncé le clou et a réitéré ses propos le 22 février.
Le 23 février, il s'étonne de la polémique et assure qu'il maintient ses positions de principes et qu'il ira de l'avant sans aucun retour en arrière. Pour lui, s'il y a une polémique, c'est qu'il y a des gens qui n'excellent que dans le mensonge derrière.
Le 24 février, l'ambassadeur de Tunisie au Congo se justifie en disant que la ville de Sfax est envahie de migrants équipés de machettes et prêts à tuer. Il parle également de viols et d'assassinats d'enfants. Un véritable tissu de mensonges dénoncé, aussitôt par la presse tunisienne. Son ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, monte au créneau et crie au complot. Personne ne le croit, bien entendu.

Entre racisme et mensonges, c'en est devenu trop. Les Africains réagissent et, derrière, les Européens et les Américains.
Dès le 25 février, l'Union africaine appelle la Tunisie à s'abstenir de tout discours haineux à caractère raciste. Elle n'est pas la seule, on ne compte plus les articles de presse et les communiqués d'ONG dénonçant les propos de Kaïs Saïed et faisant le triste et compréhensible amalgame entre la Tunisie et son président.
Sur terrain, et alors que la police tunisienne fait une véritable chasse aux Noirs, des pays africains organisent des vols de rapatriement de leurs ressortissants.
Ici et là, on appelle au boycott des produits tunisiens. La filiale sénégalaise de la marque tunisienne Jadida met en place une communication de crise pour indiquer que ses produits sont 100% sénégalais. Lors de la demi-finale de la Coupe d'Afrique (U20) face à la Tunisie, lundi 6 mars, des joueurs de l'équipe du Sénégal ont fait un geste lourd de sens après le troisième but de la partie encaissé par les Tunisiens. Deux joueurs ont effet montré leur peau pour rappeler leur fierté d'être noirs. Il y a même eu quelques incidents ciblant notre diaspora.
Après les médias africains, c'est au tour des médias internationaux de dénoncer les propos du président Kaïs Saïed. Euronews, CNews, France 24, Euronews, Al Jazeera, tous s'y mettent. Pas seulement, les Etats-Unis affirment leur préoccupation de ses propos sur la migration et la Banque mondiale suspend son partenariat avec la Tunisie.

Loin de s'excuser, dimanche 5 mars, Kaïs Saïed décide une série de mesures dites en faveur des Subsahariens. De la poudre aux yeux, critiquent ses opposants, puisqu'il s'agit essentiellement de mesures administratives qui ne corrigent, en rien, les préjudices causés à l'encontre des milliers de Noirs vivant en Tunisie.
Alors que son gouvernement a toujours tenu les médias à distance, le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar organise une conférence de presse pour crier au complot d'on ne sait quels conspirationnistes et dire qu'il est ridicule de dire que la Tunisie est raciste. Une conférence de presse de laquelle il a écarté les médias qui peuvent lui poser des questions dérangeantes, tel Business News.
À vrai dire, le ridicule dont parle M. Ammar ne frappe que ses propos et ceux de son président. Il ne peut pas décemment prétendre le ridicule des réactions unanimes du monde entier et parler de complot, alors que les propos présidentiels étaient des plus clairs ! Il ne peut pas nier les rafles de sa police et les propos racistes de milliers de Tunisiens sur les réseaux sociaux.
Avec son déni, Nabil Ammar prend le monde entier pour des idiots, alors que le b.a.-ba de la politique, de la diplomatie et de la décence exige de plates excuses !
Le préjudice causé par les propos présidentiels devrait se chiffrer en milliards de dinars. L'image ternie par le président devrait coller à la peau de la Tunisie et des Tunisiens pendant des années, voire des décennies.
Kaïs Saïed a toujours crié haut et fort qu'il allait chercher les milliards de milliards dérobés par les voleurs. Avec sa « politique » africaine, il a fait perdre des milliards de milliards aux honnêtes Tunisiens.


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