TUNIS (TAP) - Le tribunal militaire de Tunis a répondu, jeudi, favorablement à la demande de la défense de mettre en liberté provisoire l'officier de police Samir Feriani, et de reporter au 29 septembre courant l'examen de l'affaire intentée contre sa personne. Une vague de joie et de youyous a submergé la salle du tribunal, dès l'annonce de la décision. Les avocats n'ont pas aussi manqué d'exprimer leur satisfaction du verdict prononcé en faveur de leur client, qualifiant cette décision de "pas important sur la voie de la réforme de la magistrature après la révolution". A l'issue du procès, Me Mohamed Abbou, l'un des avocats de Samir Feriani, a indiqué que la décision du juge constitue un bon point pour la justice tunisienne, estimant qu'il ne faut pas crier victoire et qu'il faut attendre le verdict final. Les autres avocats de la défense ont affirmé qu'ils vont plaider sur le fond, au cours de la prochaine séance, et demander le non-lieu pour leur client condamné pour "atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat et à l'intégrité du territoire tunisien, attribution à un fonctionnaire public de faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité et diffusion d'informations de nature à troubler l'ordre public". Présente au procès, la défenseur des droits de l'Homme et présidente du Conseil national des libertés Sihem Ben Sédrine a déclaré que l'affaire Samir Feriani est une affaire d'opinion publique et que ce genre de procès ne doit plus avoir lieu après la révolution, affirmant que le procès a été équitable. Le tribunal militaire de Tunis avait entamé, jeudi, l'examen de l'affaire intentée contre l'officier de police Samir Feriani, arrêté et mis en détention depuis le 29 mai 2011. Après lecture de l'acte d'accusation, un certain désordre avait régné dans la salle du tribunal entre les avocats de la défense dont le nombre a dépassé la vingtaine. Certains parmi eux ont demandé la liberté provisoire de leur client, le report de l'examen de l'affaire et une réponse à des demandes formelles, alors que les autres ont souligné qu'ils veulent plaider, compte tenu des propos rassurants du juge qui a souligné qu' "il est de l'intérêt de l'accusé que l'affaire soit close, aujourd'hui". Face à cet état de division, les avocats ont demandé de "renverser l'ordre des dossiers" et le juge a décidé d'évacuer la salle, afin de parvenir à un avis commun. Dès leur retour dans la salle, les avocats de la défense ont demandé "la liberté provisoire de leur client et le report de l'examen de l'affaire''. L'avocat Me Naceur Laouini a demandé la convocation du ministre de l'Intérieur actuel pour témoignage et confrontation avec leur client Samir Feriani. De son côté, Me Mohamed Abbou, avocat de la défense, a demandé l'acquittement de son client, en raison de l'expiration du mandat de dépôt à l'encontre de son client. Il a, en outre, indiqué que Feriani aurait dû être libéré dès sa comparution devant le tribunal, au cours de la séance précédente, et ce conformément à l'alinéa 5 de l'article 106 du Code de procédure pénale. Pour sa part, Samir Feriani a accusé le ministère de l'Intérieur de destruction des dossiers de nombreux défenseurs de droits de l'Homme et d'opposants à l'ancien régime. Il a demandé, à ce propos, de prononcer un "jugement préliminaire" pour prendre connaissance des dossiers de Sihem Ben Sédrine, Zouheir Yahiaoui et Slim Bagga qui, a-t-il affirmé, ont été détruits.