TUNIS (TAP) - Le 6 janvier 2012 n'a pas été une journée ordinaire dans la capitale tunisienne et pour cause… C'est la journée du démarrage de la 15ème session des Journées théâtrales de Carthage (JTC) qui se poursuivra jusqu'au 13 du même mois. De plus, cette session est la première après l'avènement de la glorieuse révolution tunisienne, ce qui explique que ce festival rend, cette année, hommage aux révolutions du printemps arabe, telle est en tout cas la volonté des organisateurs et des participants. La cérémonie d'ouverture a été marquée, vendredi, par une grande parade dont la conception artistique a été confiée à Fethi Haddaoui. Le cortège s'est rendu de l'Avenue Mohamed V au Théâtre municipal, en passant par l'Avenue Habib Bourguiba. Les artistes (musiciens, danseurs, comédiens, etc…) ont interprété des tableaux vivants, véritable chorégraphie humaine soutenue par les rythmes de la musique traditionnelle. Plusieurs fanfares ainsi que des cavaliers de l'armée nationale, la police et la garde nationale ont conféré une note de prestige à cette manifestation très appréciée par un public, venu en bon nombre, assister à la parade malgré le froid et le vent fort qui a soufflé sur Tunis aujourd'hui. Des artistes italiens ont joué de l'accordéon. Des acrobates de l'Ecole du cirque du théâtre national tunisien ont animé la rue et suscité l'admiration. A l'intérieur du Théâtre municipal, l'on a enregistré la montée sur scène, successivement, de plusieurs troupes de musique tunisiennes et arabes dont la troupe libyenne "la voix" qui a tenu à saluer la révolution tunisienne par un chant vocal, sans instruments de musique. Des étudiants des écoles tunisiennes du théâtre ont présenté des scènes dans lesquelles ils ont ridiculisé les symboles de la dictature et de la corruption dans le monde arabe. Etaient également de la fête une troupe populaire égyptienne et plusieurs danseurs et artistes populaires tunisiens et arabes. Puis, soudain, un rayon de lumière révèle un cavalier en habit traditionnel, porté par sa monture harnachée et sellée selon les traditions ancestrales. Dans le silence puis au son d'un tambour, la danse du cavalier fait résonner le Théâtre des trois coups de la convention… mais cette fois, le spectacle doit se dérouler dans un autre lieu: la coupole d'El Menzah qui accueille à 20H la pièce de théâtre "Saheb Lahmar" de Fadhel Jaziri, d'après "la révolte de l'homme à l'âne" de Ezzeddine Madani. Cette pièce est une interprétation libre du mythe de Bouzid, surnommé l'homme à l'âne qui, de révolutionnaire combattant pour la liberté et la justice, s'est transformé en tyran sanguinaire. Lorsque la sédition a éclaté parmi ses alliés, elle l'a emporté ainsi que les siens. L'histoire donne à réfléchir.