TUNIS (TAP) - Des représentants de bailleurs de fonds internationaux ont appelé à la mise en place d'un nouveau schéma de développement basé sur une approche participative décentralisée en faveur des régions de l'intérieure de la Tunisie. La réalisation de cet objectif reste tributaire de la garantie d'un climat de sécurité et de stabilité, ont affirmé les économistes et les experts tunisiens et internationaux participant aux travaux de la conférence nationale sur le développement organisée, jeudi à Tunis. Les causes qui ont engendré la Révolution tunisienne constituent une preuve tangible que l'ancien schéma de développement adopté par le pays, au cours des dernières années, est devenu désuet, ont-ils expliqué. Intervenant aux travaux, M.Ferjani Doghman, de la commission du plan et des finances à l'Assemblée Nationale Constituante, a mis l'accent sur l'importance de mettre en place une stratégie de développement dans les régions de l'intérieur qui souffrent de la faiblesse de l'infrastructure de base et de l'absence d'esprit d'initiative, outre le niveau médiocre de la qualité de vie. Pour M.Doghman, la solution réside dans l'accélération de la réalisation des projets d'infrastructure de base (routes, chemin de fer, aéroports) et l'adoption d'une approche participative lors de l'élaboration et de l'exécution de ces projets. Cette approche, précise encore le responsable, permettra d'accorder aux associations non gouvernementales un rôle beaucoup plus important et de mettre à niveau les ressources humaines. Il s'agit en outre de booster l'initiative privée et encourager la création de projets dans ces régions. Il a, dans ce cadre, recommandé d'instaurer le principe de décentralisation de la prise de décision au niveau régional à travers la garantie de plus grandes prérogatives aux conseils régionaux élus, et de réviser la répartition administrative du pays en créant des districts de développement regroupant de 3 à 5 gouvernorats limitrophes et complémentaires sur le plan économique. M.Hichem Elloumi, représentant de l'UTICA, a pour sa part, appelé à un dialogue urgent entre le gouvernement et les différents acteurs économiques, seul à même de permettre aux régions de l'intérieur du pays de retrouver la stabilité et d'ouvrir de nouvelles opportunités pour les investisseurs. Le responsable a mis l'accent sur l'importance de soutenir les entreprises souffrant de difficultés conjoncturelles à travers la mise en place de nouvelles incitations et en leurs garantissant davantage d'accès au financement bancaire. Une étude réalisée à la demande du gouvernement tunisien par des experts tunisiens pour le compte de la BEI (Banque Européenne d'investissement), sur le thème « la compétitivité et l'emploi au cours de la période de transition démocratique», met l'accent sur la nécessité d'axer les efforts sur le développement régional. «Si les politiques de développement régional ne sont pas révisées, le nombre de chômeurs atteindra un million », a averti l'universitaire Abdellatif Mahmoud. Dans une déclaration à la TAP, il a appelé à l'adoption de nouvelles politiques d'emploi afin de renforcer la haute valeur ajoutée des entreprises économiques utilisant l'innovation technologique. Cette étude en phase de diagnostique qui sera présentée au gouvernement, au cours du mois de mars prochain, est basée sur quatre volets essentiels, à savoir la compétitivité, le climat d'affaires, l'emploi et le développement régional, a- t-il conclu.