L'un des soucis du modèle du développement préconisé au niveau régional et local demeure la consolidation de nouveaux pouvoirs aux autorités régionales et locales. Dans cette nouvelle optique, l'idée de l'unité nationale est toujours privilégiée et implique la lutte contre les solidarités tribales, locales ou régionalistes préjudiciables et incompatibles avec cette unité nationale qui n'est pas menacée par le processus de décentralisation et de bonne gouvernance. L'aboutissement de cette approche suppose l'approfondissement et l'enracinement de la démocratie au niveau local ainsi que la reconstruction de la légitimité des institutions publiques à partir de la base . Pour cela, un processus institutionnel et politique sera initié en vue d'une redistribution des compétences et des ressources entre l'Etat et les régions, qui doit permettre, dans le cadre d'une décentralisation institutionnelle et territoriale, d'ériger la Région en collectivité territoriale essentielle et à part entière dans la gestion du pays. Ce processus implique notamment une réforme de l'organisation de l'Etat et des collectivités locales, l'instauration de l'élection des conseils régionaux au suffrage universel et la création de conseils économiques et sociaux régionaux. Il s'inscrira dans le cadre d'un partenariat Etat-Régions à travers la mise en place de contrats Régions permettant une autonomisation renforcée des régions avec des ressources financières et des moyens humains appropriés. Dans ce cadre, la stratégie de développement régional portera sur l'élaboration de plans de développement régionaux adaptés aux conditions spécifiques de chacune des régions et intégrés dans le plan national de développement. Elle doit se donner comme objectif la modification fondamentale de l'économie régionale grâce à l'intensification optimale du secteur agricole et à la mise en place d'une politique d'urbanisation et d'industrialisation adéquate. La priorité sera accordée aux régions de l'intérieur et aux zones défavorisées à travers la réalisation de programmes de développement intégré et de programmes développement urbain qui visent la création d'une dynamique de développement local, la valorisation du potentiel existant, l'augmentation des créations d'emplois et l'amélioration des indicateurs de développement humain dans ces régions. Dans ce cadre, la stratégie de développement régional comprend la réalisation des programmes de développement intégré au profit de 100 délégations prioritaires mettant en valeur leurs richesses humaines, économiques, culturelles et naturelles et des programmes de développement urbain au profit de 100 zones urbaines visant à améliorer les conditions de vie dans ces zones seront réalisés, en plus des programmes de développement agricole intégré et de la mise en oeuvre de la stratégie de développement du Sud tunisien qui vise, dans le cadre d'une approche intégrée, la valorisation des éléments et des ressources naturels, le renforcement de l'infrastructure et le développement des nouveaux créneaux à même d'assurer à aux Gouvernorats du Sud un développement économique et social pérenne. Il s'agit d'engager, entre autres, les projets suivants: - Renforcement des réseaux routiers classés et régionaux et de l'interconnexion entre les régions de l'intérieur et les régions côtières à travers la jonction Nord-sud et Est-ouest et le développement du réseau autoroutier - Consolidation de l'infrastructure IT à travers l'accélération de la mise en place des réseaux modernes de communication destinés notamment aux zones des services, aux zones industrielles, aux complexes universitaires et aux centres hospitaliers - Mise en oeuvre d'un plan Infrastructure Technologique destiné à faire de la Tunisie un centre technologique, industriel et logistique majeur de la zone Euro Ŕ Méditerranée. - Création de 85 zones industrielles d'une superficie totale de 2820 ha, dont 50 zones dans les régions intérieures. A cela s'ajoute, la poursuite des efforts de mise à niveau des infrastructures de base à l'intérieur des zones existantes en vue d'améliorer leurs attractivités et renforcer la compétitivité des entreprises y opérantes. - Réalisation de 11 barrages d'eau, création de 23.000 hectares de périmètres irrigués, amélioration des conditions d'exploitation et d'aménagement de 32.000 hectares, aménagement de 9.000 hectares de périmètres irrigués dans 65 oasis, réalisation de 7 projets de développement intégrés et des projets de gestion des ressources naturelles Une réforme institutionnelle dans le cadre de la révision du code des municipalités outre l'introduction des amendements nécessaires au cadre financier, administratif, humain et règlementaire pour répondre aux exigences de la nouvelle étape de développement local qui fait appel à un renforcement des ressources financières communales en prenant en compte la capacité contributive des assujettis et l'amélioration de la gestion des communes ainsi que l'assainissement de la situation de surendettement des communes pour préserver la crédibilité et l'efficacité de l'institution municipale, sera conduite au cours de la prochaine étape. Quant à l'aménagement du territoire et eu égard à son aspect transversal et à l'importance qu'il revêt dans la gestion de l'espace et la répartition des activités économiques et humaines, ce dernier demeure un outil efficace pour la réduction des disparités territoriales et le renforcement des fondements d'un développement durable et équitable. A cet effet, l'aménagement du territoire assumera pleinement son rôle de redistribution de la population et des activités et ce en adéquation avec les orientations stratégiques du développement régional. De ce fait, l'attention sera accordée à la lutte contre l'extension excessive des villes et des agglomérations afin de sauvegarder les terres agricoles et de garantir une allocation équilibrée entre les zones urbaines et rurales d'une part et le littoral et l'intérieur du pays d'autre part tout en assurant l'adéquation entre les besoins de développement économique et social, les équilibres environnementaux et les besoins en commodités, équipements collectifs et infrastructure de base. Pour ce faire, une bonne gouvernance territoriale sera poursuivie et des mesures visant la décentralisation et la déconcentration basées sur une démarche participative et fondées sur la concertation et l'implication de tous les acteurs de différentes échelles territoriales seront initiées. La nouvelle stratégie prévoit également la constitution de réserves foncières et d'espaces planifiés et aménagés dans toutes les régions tout en utilisant les nouvelles technologies pour l'observation et le suivi du développement du territoire. Parallèlement, dans le cadre du processus de décentralisation régionale, une série de mesures et réformes visant le renforcement des prérogatives des régions en matière de développement et assurant la bonne coordination intersectorielle et l'adéquation entre la planification socioéconomique et la planification territoriale seront conduites. De ce fait, il sera procédé à la création des structures techniques d'aménagement et d'urbanisme pour les grandes agglomérations urbaines et la mise en place des organes de concertation au niveau des régions. L'objectif est de créer des pôles urbains régionaux mettant en réseau les ressources et les compétences locales dans le but de créer une dynamique économique et culturelle dans chaque région. Enfin, la stratégie de développement régional présentée ci-dessus suppose une mobilisation de tous les acteurs régionaux, de l'Etat et des différents acteurs nationaux pour un développement équilibré entre toutes régions de la Tunisie.