OUAGADOUGOU (de l'envoyé de TAP: Sofien Manaï) - La révolution tunisienne aurait-elle pu avoir lieu si le jeune Mohamed Bouazizi ne s'était pas immolé par le feu un 17 décembre 2010? Oui, mais plus tard peut-être, ont affirmé les participants à la table ronde, organisée, mardi, à Ouagadougou, sur le thème: le printemps arabe, le cas de la Tunisie. Les causes de la révolution dépassent, largement, la mort d'un jeune vendeur de fruits et légumes qui s'est immolé par désespoir après la confiscation de sa marchandise, ont souligné les participants à cette rencontre organisée en marge de la triennale 2012 de l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA). Le premier conseiller à l'ambassade de Tunisie au Mali, Zied Hamdi, estime que les Tunisiens ne voulaient plus vivre comme avant. Ils n'acceptaient plus le chômage, les disparités régionales, la répression policière, le manque de libertés et la corruption, a t-il ajouté. Les participants ont souligné l'importance de la population scolarisée en Tunisie qui a joué un rôle déterminant dans la chute de Ben Ali et de son régime autoritaire. Cette catégorie sociale, ont-ils affirmé, a contribué largement à l'accélération de la révolution en utilisant Internet et les différents réseaux sociaux. “Plus de 1,8 million de Tunisiens disposeraient d'un compte Facebook sur 3,6 millions d'internautes à travers le pays”, a souligné l'ancien ambassadeur de Tunisie au Japon, Salah Hannachi. Et d'ajouter: face à la détermination d'une population éduquée et bien instruite, la répression a atteint ses limites. C'est d'ailleurs une des clés de la réussite de la révolution populaire tunisienne, a-t-il noté. L'ADEA, créée en 1998, est un forum de dialogue sur les politiques de l'enseignement. Son bureau exécutif regroupe des ministres africains de l'enseignement et des représentants d'organisations régionales chargées du développement du secteur.