Tweet Share TUNIS (TAP) - Les Jeux Olympiques de Londres 2012 (27 juillet-16 août), qui coïncident à une semaine près avec le mois saint de Ramadan, pose le problème récurent de la difficile équation à trouver par les athlètes entre conviction religieuse et volonté de performance, qui plus est dans une compétition si convoitée par les sportifs. Si les avis sont partagés sur la divergence ou la convergence entre sport et jeûne, il demeure indéniable que la conciliation entre devoir religieux et exercice physique endurant est difficile, surtout à un niveau aussi haut d'une compétition internationale qui réunit les meilleurs sportifs de la planète. La performance dépend parfois de simples détails entre sportifs pour ce qui est de la concentration et de la préparation physique. La performance dépend aussi d'un comportement sociologique portant sur la mentalité du sportif tunisien lors du mois de Ramadan qui oblige les entraîneurs à placer les athlètes en stages fermés pour les éloigner des influences extérieures et des habitudes du mois saint, notamment les veillées, l'absence de réglementation nutritionnelle en contradiction avec le régime alimentaire strict observé par les sportifs dans les grandes compétitions, de surcroît les Jeux Olympiques. Pour la plupart des médecins et nutritionnistes, la conciliation entre Ramadan et la pratique du sport est difficile mais ne sont pas à bout d'arguments pour conseiller aux athlètes désirant jeûner la meilleure manière de se préparer au grand rendez-vous londonien. Foued Azouzi, directeur général au centre médico-sportif et des sciences sportives, reconnaît à cet égard qu'il est difficile de trouver l'équilibre nécessaire. "L'athlète qui a choisi de jeûner doit prendre plusieurs mesures au niveau des entraînements pour maintenir le rythme et prendre soin de son alimentation en prenant une quantité nécessaire de liquides et des périodes de repos", a-t-il souligné. "Il serait bien difficile de réconcilier jeune et performance physique, a-t-il ajouté, d'autant que les dates des compétitions changent constamment puisque des épreuves peuvent être programmées le matin ce qui met en danger l'athlète qui jeune en raison du manque d'eau dans l'organisme et la difficulté de récupérer physiquement en raison de la longue journée de jeûne". Pour Ikram Ben Ayed, nutritionniste au centre médico-sportif, "le jeûne pose au sportif olympique deux problèmes majeurs, à savoir le manque de liquide et l'absence d'énergie accumulée, deux conditions essentielles pour la forme optimale de l'athlète". Elle a indiqué à ce propos que les récentes études ont prouvé qu'un manque de 2 pc de liquide dans l'organisme influe à 20 pc sur la forme du sportif, "d'autant que ce qui fait la différence entre sportifs le jour de la compétition est la réserve d'énergie". "Notre objectif principal est de voir l'athlète engager la compétition avec une dose d'énergie suffisante, a-t-elle relevé, ce qui nous pousse à donner des conseils aux athlètes tunisiens participant aux JO de Londres 2012 sur la base d'une étude approfondie menée avec la faculté de médecine". Cette spécialiste de la nutrition met l'accent sur l'importance du Shour (repas avant le début du jeûne) qu'il importe de retarder le plus possible pour compenser le petit déjeuner, tout en prévoyant un repas consistant après la rupture du jeune afin de garantir un régime alimentaire atténuant l'effet du jeune sur les prestations sportives. Ikram Ben Ayed conseille aux sportifs de mettre l'accent sur les glucides comme la traditionnelle "bsissa" pendant le repas du Shour ainsi que sur les protéines, tel le lait, les produits à base d'amidon et les fruits. Lors de rupture du jeûne, l'athlète doit manger plus de salades, pâtes, viande blanche et rouge et surtout du poisson. "Le centre médico-sportif a sensibilisé les athlètes tunisiens prenant part aux JO aux avantages d'un tel régime alimentaire mais l'absence d'accompagnateurs nutritionnistes aux côtés des sportifs à Londres rendra difficile l'application strict de ce régime", a-t-elle déploré, tout en conseillant aux sportifs de s'entraîner la nuit. La préparation psychologique des sportifs olympiques qui jeûnent n'est pas aussi négligeable. Pour Sofiene Souissi, psychologue sportif, "le jeûne est une abstinence de tout plaisir qui crée une pression psychologique doublée par la pression de la performance sportive, ce qui l'oblige l'athlète à contrôler ses sentiments négatifs et gérer la pression". Pour lui l'allègement de la nervosité passe par une bonne dose de sommeil pour bien récupérer physiquement et psychologiquement. Il a conseillé aux sportifs qui jeûnent d'éviter la solitude, de se relaxer, d'aspirer l'air pour alléger la tension, d'éviter la lumière ou d'utiliser longuement la télé ou l'ordinateur. De l'avis des techniciens également, le jeûne pose problème. A cet égard, Makram Grami, directeur technique de la fédération tunisienne de boxe, estime que le choix du jeûne oblige le staff technique à alléger le rythme des entraînements. "La séance ne doit pas dépasser 60 minutes et doit être programmée la nuit après la rupture du jeûne ce qui oblige aussi de prévoir un repas léger", a-t-il ajouté. Tout en conseillant aux entraîneurs de l'élite nationale d'axer la préparation sur les volets technique et tactique, Grami a exclu toutefois que le jeûne influera sur le poids des sportifs pour les épreuves concernées par le poids, à condition d'adapter le régime alimentaire et le rythme des entraînements au mois saint. Tweet Share Suivant