TUNIS, 16 fev 2011 (TAP) - La salle du Colisée à Tunis a abrité, mercredi soir, une rencontre organisée par la librairie al-Kitab, avec le journaliste français Nicolas Beau, co-auteur avec Jean-Pierre Tuquoi de ''Notre ami Ben Ali'' (éd. La Découverte, 1999), et ''La régente de Cathage'' (éd. La Découverte, 2009), avec Catherine Graciet. Nicolas Beau, un ancien journaliste des quotidiens ''Le Monde'' et ''Libération'', et de l'hebdomadaire satirique ''Le Canard Enchaîné'', et actuel rédacteur en chef du site Bakchich.info, est revenu sur ces deux publications qui ont pointé les dérives du régime de Ben Ali, et sur les difficultés qu'il a rencontrées en menant ses investigations journalistiques. ''Je ne peux revendiquer un quelconque acte de courage'' a-t-il fait remarqué, car ''les risques que je prenais étaient nuls'', au contraire de ses informateurs, a-t-il indiqué. Paradoxalement, celui qu'on peut croire très informé sur les dépassements qui ont marqué le régime de Ben Ali a déclaré qu'il ''était loin d'imaginer l'ampleur de ces dérives, révélées par les événements récents'', estimant que son mérite essentiel a été ''de montrer la présence néfaste et de plus en plus importante de Leila (Trabelsi) Ben Ali sur le pouvoir tunisien''. Il a fait observer que les deux livres, interdits en Tunisie durant le règne de Ben Ali, ont rencontré un succès éditorial certain en France notamment auprès des Tunisiens résidents dans ce pays, et grâce, pointe-il de façon ironique, aux achats ''massifs'' effectués par la police tunisienne, pour épuiser les stocks. Les deux publications, a dénoncé le journaliste, ont cependant été passées sous silence dans les médias français. ''Je serais Tunisien, j'aurais beaucoup de ressentiment à l'égard de la France'', a-t-il dit, tant l'establishment politico-médiatique français était complice, par son silence, du régime de Ben Ali.