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La Révolution tunisienne est un formidable déclic
Entretien avec Nicolas Beau, coauteur de La Régente de Carthage
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 02 - 2011

• «Ben Ali serait au service de réanimation à l'hôpital militaire du roi Fahd à Jeddah»
• «Un opuscule sur les relations calamiteuses entre Paris et Tunis du temps Ben Ali en cours»
Journaliste et écrivain français, Nicolas Beau est parmi nous en Tunisie, où il a présenté, il y a une semaine, La Régente de Carthage, ouvrage qu'il a coécrit avec Catherine Graciet. Il a rencontré le public tunisien lors d'une conférence-débat et s'est prêté à une séance de dédicace de ses deux livres sur la Tunisie : Notre ami Ben Ali, coécrit avec le journaliste du Monde, Jean-Pierre Tuquoi, et La Régente de Carthage.
Nicolas Beau, qui a travaillé notamment pour Le Monde, Libération et Le Canard enchaîné, est également rédacteur en chef du site internet d'information satirique Bakchich. Il tient aujourd'hui un blog sur la Tunisie et projette d'écrire un opuscule sur les relations entre Paris et Tunis du temps Ben Ali.
Pouvez-vous d'abord nous donner votre appréciation sur les révolutions qui secouent actuellement le monde arabe après celle de la Tunisie ?
Il y a eu un formidable déclic qui s'est produit en Tunisie. Effectivement le paysage politique du monde arabe était très figé du Maroc jusqu'à l'Egypte et depuis la Révolution tunisienne, il y a eu une véritable onde de choc grâce entre autres à Internet.
Mais, attention, il ne faudrait pas raisonner de façon globale concernant ce qui se passe dans les différents pays arabes, même s'il y a une simultanéité des événements.
En Egypte, c'est l'armée qui est au pouvoir et elle l'est toujours, d'une part. D'autre part, en Egypte il y a toujours eu un échange entre le pouvoir et la société civile, ce qui manquait en Tunisie.
La Révolution tunisienne a accéléré la prise de conscience ailleurs. Elle fera certainement tâche d'huile dans le monde, mais dans des cadres divers avec des issues tout à fait différentes.
Après la présentation de votre livre La Régente de Carthage, comptez-vous écrire un autre sur la Tunisie de l'après-Révolution ?
Je m'occupais du site «Bakchich» qui sera liquidé en mars prochain par manque d'argent.
Je prépare un opuscule, un petit livre d'une cinquantaine de pages, sur les relations calamiteuses entre Paris et Tunis pendant les années Ben Ali. Je rencontre donc des gens pour en parler. L'opuscule sortira en avril 2011. Enfin, cela me fait plaisir de revoir et de séjourner en Tunisie dans ce climat de liberté.
En ce moment, je tiens un blog que j'ai intitulé le blog Tunisie de Nicolas Beau qui a enregistré 45.000 visites le jour où j'ai annoncé l'attaque cérébrale (AVC) de Ben Ali. Mais, depuis, 8 à 10.000 internautes visitent ce blog sur Google.
Justement, depuis cette annonce sur l'attaque cérébrale qu'aurait subie Ben Ali, qu'en est-il actuellement de son état ?
Selon les dernières informations qui me sont parvenues, il serait hospitalisé au service de réanimation de l'hôpital militaire du roi Fahd à Jeddah.
Et Leïla Ben Ali, a-t-elle vraiment été en Libye, y-est-elle encore ?
Leïla Ben Ali a été certainement en Libye. Est-ce qu'elle y est encore ? Je ne sais pas.
Selon un hebdomadaire de la place, la ministre des Affaires étrangères française, Michèle-Alliot Marie, a rencontré dans un hôtel à Tabarka l'ancien ministre de l'Intérieur, Rafik Belhaj Kacem, et le directeur général de la sécurité présidentielle, Ali Sériati, qu'en-dites-vous ?
C'est une information très importante et je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas eu plus d'échos en France, parce que si elle se confirmait, MAM devrait démissionner.
Cette information est tellement grave qu'il faudrait d'autres éléments pour l'authentifier.
Après la présentation de votre livre et le débat qui s'en est suivi, comment évaluez-vous l'accueil et les réactions suscités ?
L'accueil a été extraordinaire, mais pas totalement mérité car je n'ai fait que mon travail et qu'il fallait plus de courage pour lire ces livres en Tunisie qu'en France et quand j'ai entendu les témoignages sur la terreur qui régnait, ma contribution s'avère modeste. Elle aura consisté à accompagner quelques-uns de mes amis tunisiens dans leur combat.
Parmi les intervenants dans le débat, certains ont minimisé l'apport de La Régente de Carthage et ont qualifié le livre d'anecdotique. Qu'en pensez-vous ?
Le mérite du livre c'est d'avoir existé dans le silence qui dominait en France sur l'état du régime tunisien, mais c'est un livre qui contient des informations non exclusives qu'on pouvait lire ailleurs. C'est un livre qui brosse un portrait de Leïla Trabelsi Ben Ali, ce n'est pas un ouvrage de référence sur les dernières années du régime. Il est déjà dépassé par ce qui se passe actuellement et certainement par les ouvrages qu'écriront les universitaires et journalistes tunisiens, c'est évident.
Mais je réfute le terme d'anecdotique parce que ce livre est politiquement structuré. Leïla Ben Ali voulait devenir la régente de la Tunisie avec des moyens mafieux, ce qui aurait davantage aggravé la situation des libertés en Tunisie.
Maintenant que la dictature de Ben Ali est tombée, que pensez-vous de l'état des libertés en Tunisie?
Mon livre était une béquille pour les journalistes persécutés par l'ancien régime où la liberté de la presse était la plus grotesque de la planète. Or, aujourd'hui je suis frappé par la qualité de la presse tunisienne. Même la forme est agréable, les titres de la presse tunisienne sont plus drôles que ceux du journal Le Monde.
Il y a eu dans la presse tunisienne une mise à niveau rapide, il est vrai que vous êtes portés par une actualité passionnante.
Maintenant, quelle est l'image que vous avez de la Tunisie, après la révolution ?
J'évolue entre l'avenue Habib-Bourguiba, la Kasbah et mon hôtel, j'ai donc une vue parcellaire. Mais grâce aux rencontres avec les lecteurs et les citoyens, j'ai constaté une grande maturité civique, il y a très peu de débordements, la prise de parole est très forte et très maîtrisée. Dans un pays qui a été privé de la parole pendant 23 ans, j'ai l'impression qu'il y a un grand calme malgré les immenses incertitudes des lendemains.
Je constate un calme collectif et un grand esprit de tolérance concernant l'avenir de la Tunisie, j'essaye de comprendre, mais pour l'instant je ne pourrai dire que des banalités, je peux vous faire une revue de presse, ce que font les correspondants étrangers.
Pensez-vous que les révolutions tunisienne et dans les pays arabes puissent toucher les pays d'Europe et l'Occident en général ?
Je refuse de jouer le rôle d'un politologue, mais si vous me demandez maintenant si la France a besoin d'une révolution, je peux vous dire que la crise qui a touché les chômeurs diplômés, la sous-traitance, le travail au noir, l'évasion et les fraudes fiscales en Tunisie sont aussi rudes pour les classes populaires et précaires qu'en France
Enfin, à combien d'exemplaires s'est vendu La Régente de Carthage ?
Avant la Révolution tunisienne, il s'est vendu à trente mille exemplaires en France, un grand nombre a été acheté par la police tunisienne. Aucune critique ni en France, ni en Tunisie n'a accompagné la sortie du livre.
Après le 14 janvier 2011, quinze mille exemplaires ont été vendus en France et cinq mille en Tunisie.


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