* Mettre terme aux tentations protectionnistes et établir un environnement commercial propice à une reprise durable pour tous M.Ghannouchi intervenant au colloque du magazine «The Economist» à Londres LONDRES, 17 sept 2009 (TAP) - Sur instructions du président Zine El Abidine Ben Ali, M.Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a participé, jeudi, à Londres, au colloque du magazine britannique « The Economist » sur le thème: « Comment pouvoir développer le commerce dans cet environnement de risques et de turbulences ». A l'ordre de jour de cette manifestation, plusieurs communications portant notamment sur « la mondialisation de l'économie », « les répercussions de la crise financière internationale et les moyens à même de faire face à ses impacts », « les perspectives de développement du commerce international » et « le rôle des pays émergents dans ce domaine ». Soutient aux efforts de la communauté internationale pour relancer l'économie mondiale Le Premier ministre a présenté à cette occasion, une communication sur les moyens de développer le commerce dans un environnement turbulent, ainsi que la démarche adoptée par la Tunisie afin de préserver l'économie nationale et consolider la dynamique économique. M.Ghannouchi a, dans ce cadre, souligné que la dynamique des échanges commerciaux a été sérieusement ébranlée par la crise financière internationale, relevant que la récession, qui a touché durement les pays industrialisés, s'est traduite par une forte contraction de la demande extérieure, et par une baisse, de l'ordre de 12%, du commerce mondial de biens et services, contre une expansion continue tout au long des 25 dernières années. Le Premier ministre a ajouté que la Tunisie, forte d'une économie largement ouverte sur l'extérieur, soutient les efforts déployés par la communauté internationale pour rétablir la confiance et permettre à l'économie mondiale, de retrouver le chemin de la croissance vertueuse, de la croissance collective et partagée. Dans ce contexte, M.Ghannouchi a mis en exergue l'effort sans précédent, consenti notamment par les Etats-Unis, l'Europe, le Japon et la Chine pour restaurer le système financier, rétablir les activités de prêts et relancer la croissance et l'emploi. « Le pire de la crise est derrière nous » Il a également, mis l'accent sur la volonté affichée dans le cadre du G8 et du G20, pour recourir à toute une gamme d'instruments de politique budgétaire et monétaire pour rétablir la demande mondiale, promouvoir le commerce et l'investissement, et réinstaurer la croissance et la prospérité. «Cela a permis de rétablir la confiance, fortement entamée des épargnants et des consommateurs et surtout de susciter un début de reprise, dont les signes les plus significatifs sont l'augmentation des cours boursiers et la hausse des prix du pétrole», a-t-il précisé, ajoutant que «ces signaux ne doivent pas cependant nous amener à baisser notre garde, même si l'on peut raisonnablement considérer que le pire de la crise est derrière nous ». M.Ghannouchi a souligné que les trois orientations convenues lors de ce sommet, revêtent une importance capitale pour prévenir d'autres crises, d'une part, et pour que la reprise soit globale et durable, d'autre part. Il s'agit tout d'abord d'accélérer la restructuration de l'architecture financière internationale, en renforçant le rôle de supervision des institutions de Bretton Woods, en étendant les règles prudentielles à l'ensemble des opérateurs financiers, en contrôlant davantage les fonds spéculatifs et en veillant à assurer une certaine harmonie entre la sphère réelle et la sphère financière. Renforcer les mécanismes de financement en faveur des marchés émergents Il importe, en second lieu de faire aboutir, de toute urgence, le cycle de Doha à l'effet de donner un signal fort permettant, de mettre un terme aux tentations protectionnistes et d'établir un environnement commercial approprié, propice à une reprise durable pour tous, a encore précise, le Premier ministre. M.Ghannouchi a indiqué que l'impact sur la croissance sera considérable grâce aux effets multiplicateurs de la relance du commerce sur les économies de tous les pays, faisant remarquer que les fonds qui seront injectés, dans le cas où les négociations aboutissent à un accord ambitieux et équilibré, sont estimés à quelque 150 milliards de dollars par an. Il a souligné l'intérêt qu'il y a à renforcer les mécanismes de financement en faveur des marchés émergents et des pays en développement, que ce soit dans le cadre du FMI (fonds monétaire international), de la banque mondiale ou des banques régionales de développement. Accélérer la mise en œuvre de l'UPM L'engagement de rendre disponible des ressources additionnelles de 850 milliards de dollars, pris lors de ce sommet devra être rapidement mis en œuvre avec la célérité requise à l'effet de relancer l'investissement et d'accélérer la reprise de la croissance et du commence extérieur, a-t-il encore affirmé. Cet engagement gagnerait à être appuyé par des mesures appropriées au plan régional, en particulier au niveau de l'espace euro-méditerranéen durement touché par la crise. Il s'agit notamment, d'accélérer la mise en œuvre de l'Union pour la méditerranée (UPM), de mettre en place de nouveaux instruments de financement, à des conditions concessionnelles, de type fonds structurels, pour appuyer les efforts déployés par les pays sud méditerranéens, visant à renforcer leur infrastructure de base et à accélérer leurs programmes en matière d'éducation, de formation et de recherche scientifique. Tunisie : un coût budgétaire de 0,6% du PIB pour soutenir les entreprises économiques S'agissant de la stratégie adoptée par la Tunisie pour faire face à la crise, le Premier ministre a rappelé le programme engagé, depuis début 2009, pour préserver la dynamique de l'économie tunisienne et conforter son ouverture sur l'extérieur. Dans le cadre de ce programme, des mesures conjoncturelles de soutien aux entreprises économiques sérieusement touchées par la baisse de la demande extérieure, sont engagées pour un coût budgétaire de l'ordre de 0,6% du PIB. Parallèlement, un important programme d'investissements structurants a été arrêté. Ce programme a pour composantes, le renforcement du réseau autoroutier de quelque 600 kms, le développement du réseau ferroviaire, la réalisation de deux centrales électriques de 400 MW chacune, la construction d'une raffinerie de pétrole dans la région de Skhira au sud du pays, pour une capacité de 4 à 5 millions de tonnes, la construction d'une unité de super triple de phosphate de 500.000 tonnes à Gafsa dans le sud tunisien, la construction d'un port en eau profonde dans la région d'Enfida à 100 kms du sud de Tunis et l'aménagement d'une zone logistique d'appui autour du port s'étalant sur 500 ha. Ces investissements, tout en relançant la demande intérieure, souligne encore M.Ghannouchi, offrent évidemment de sérieuses opportunités d'affaires pour les partenaires de la Tunisie. Programme d'appui à l'intégration de l'économie tunisienne à l'économie mondiale Concomitamment à ces mesures, le Premier ministre a fait savoir qu'un programme d'appui à l'intégration de l'économie tunisienne à l'économie mondiale a été élaboré et mis en œuvre avec l'appui de la Banque mondiale, la banque africaine de développement et l'union européenne. Ce programme vise à réduire les coûts des transactions, simplifier et optimiser les procédures du commerce extérieur, améliorer l'accès au financement et le climat des affaires et consolider les fondamentaux dans les domaines économiques et financiers. Le Premier ministre a relevé que des stratégies sectorielles ont été également élaborées, afin d'attirer les investissements directs étrangers qui bénéficient aujourd'hui, d'un vaste programme d'appui en matière de formation et d'aménagement de zones industrielles et technologiques. Il s'agit pour l'essentiel des secteurs relevant des technologies de l'information et de la communication, de la santé, l'électronique, l'aéronautique, l'automobile et la confection haut de gamme. M.Ghannouchi a saisi cette occasion, pour rappeler que les négociations se sont accélérées avec l'Union européenne pour étendre l'accord de libre échange conclu en 1995, aux activités de services, pour libéraliser davantage les échanges des produits agricoles et pour passer du statut de pays associé à celui d'un pays ayant avec l'Union européenne un statut avancé. Etablir des relations de partenariat « gagnant-gagnant » Aujourd'hui, a-t-il dit, une forte détermination nous anime pour aller de l'avant, pour maintenir le cap sur les réformes et sur l'ouverture à l'international. Et le Premier ministre de conclure que «La mondialisation, nous y croyons fermement, loin de constituer une menace ou un handicap, offre au contraire d'importantes opportunités de croissance et de progrès pour tous, à condition de s'organiser, de se concerter, d'établir des relations de partenariat, dans le cadre d'une démarche gagnant-gagnant, à condition, aussi et surtout, de tirer les enseignements de la crise que nous vivons et de convenir d'un code de conduite, en particulier sur les plans financier et écologique, qui doit être respecté par tous, pour préserver les vertus de la mondialisation et permettre à l'économie mondiale de retrouver le chemin d'une croissance vigoureuse, durable, profitable à tous les pays».