BAGDAD, 28 juin 2009 (TAP) - L'Irak octroie cette semaine l'exploitation de ses plus grands champs pétroliers aux compagnies étrangères, une initiative inédite depuis 37 ans qui devrait offrir au pays une manne financière indispensable à sa reconstruction après six ans de guerre. Les 29 et 30 juin à Bagdad, seront choisies parmi 31 sociétés pétrolières, dont des majors occidentales, ayant répondu aux appels d'offres, celles qui exploiteront six champs géants, dans le sud et le nord du pays, aux réserves estimées à environ 43 milliards de barils Deux champs gaziers, à l'ouest et au nord-est de Bagdad, seront également attribués. " Les contrats devront ensuite être approuvés par le Conseil des ministres mais ne doivent pas être présentés au Parlement", souligne le ministre du Pétrole Hussein Chahristani. " Notre principal objectif est de porter notre production de pétrole de 2,4 millions de barils par jour à plus de 4 millions durant les cinq prochaines années", ajoute-t-il. L'augmentation de la production, selon lui, aidera l'Irak à dégager au minimum 1.700 milliards de dollars lors des 20 prochaines années, qui financeront la reconstruction d'un pays ravagé par six de guerre. Selon le ministre, seulement 30 milliards de dollars reviendront aux compagnies choisies. " C'est un montant énorme qui financera les infrastructures de l'Irak: écoles, routes, aéroports, logements, hôpitaux", promet le ministre, assurant que le pays resterait maître de ses réserves. Pour les compagnies pétrolières, cet appel d'offres est une occasion de reprendre pied dans le pays, depuis la nationalisation de l'Iraq Petroleum Company en 1972. " A cause des sanctions et des guerres, aucune compagnie ne voulait ou ne pouvait investir. Aujourd'hui, le pays se stabilise, tant sur le plan de la sécurité que des institutions", explique Ruba Husari, experte du pétrole et fondatrice du site www.iraqoilforum.com. " C'est l'un des rares pays au monde où il existera dans les prochaines décennies une vraie croissance de production. C'est une opportunité rare", poursuit un spécialiste du dossier impliqué dans les négociations, sous couvert de l'anonymat. Les géants du pétrole ne sont toutefois pas satisfaits des termes du contrat. Les gagnants devront en effet s'associer avec les sociétés irakiennes publiques, principalement la South Oil Company (SOC), et partager la gestion des champs alors qu'ils financent leur développement à 100% Ils seront par ailleurs rémunérés sur la base d'un montant fixe par baril, uniquement après avoir atteint un seuil de production fixé par le gouvernement. " Les compagnies investissent mais ont un gros problème avec le fait que la gouvernance soit partagée", insiste le spécialiste. Mais, ajoute-t-il, les sociétés étrangères ne peuvent se permettre de faire l'impasse. "Il s'agit d'une première étape. Elles se disent: +Acceptons, même si cela n'est pas notre modèle d'investissement pour pouvoir rester dans le jeu, en espérant que les conditions s'améliorent+". Car l'Irak doit octroyer des licences d'exploitation pour 16 autres champs non-développés début 2010.