Le Temps-Agences - Encadrés de gardes du corps, les hauts responsables des grands groupes pétroliers se pressent à Bassorah pour inspecter ses gisements d'or noir à bas prix. Leur retour dans le sud de l'Irak est un succès capital pour le Premier ministre Nouri al-Maliki qui espère être reconduit aux législatives de dimanche prochain. Le chef du gouvernement sortant se targue de pouvoir développer le pétrole irakien négligé depuis plus de 30 ans et d'en tirer des milliards de dollars pour l'économie et la reconstruction du pays. Il lui faudra probablement des années pour tenir ses promesses et nombre d'experts jugent excessivement optimistes ses projections sur l'augmentation de la production, mais ce qui compte aujourd'hui, c'est de convaincre les électeurs. L'Irak recèle 115 milliards de barils de pétrole brut, soit les troisièmes réserves avérées les plus importantes du monde, mais il n'en produit actuellement qu'environ 2,4 millions de barils par jour, bien moins qu'avant le renversement de Saddam Hussein en 2003. Le gouvernement, se fondant sur les promesses des groupes étrangers, veut extraire plus de 12 millions de barils par jour d'ici six à sept ans: une manne de plusieurs centaines de milliards de dollars pour un pays qui tire 95% de ses revenus de l'or noir. Le vote de la province de Bassorah est crucial pour Nouri al-Maliki. La région fournit 70% du brut national et possède la seule ouverture sur le golfe arabo-persique. Des représentants de onze groupes pétroliers s'y sont rendus rien qu'en février pour rencontrer des responsables irakiens du secteur. Pourtant, Bassorah, bastion chiite crucial pour le gouvernement et deuxième ville du pays avec ses trois millions d'habitants, n'a pas l'air d'une cité assise sur un tas d'or noir. La Coalition de l'Etat de droit de M. Maliki a remporté haut la main les élections provinciales l'an dernier à Bassorah et dans d'autres zones du Sud à majorité chiite, grâce à ses succès contre l'insurrection armée, mais sa popularité à Bassorah pâtit de l'absence des services de base et de la corruption rampante, ainsi que de la poursuite des attentats à Bagdad.