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Lettre d'un Tunisien à Manuel Valls : Vous avez énoncé une vérité partielle, vous avez induit un mensonge total
Publié dans Tuniscope le 07 - 01 - 2017

Candidat aux primaires du parti socialiste français, Manuel Valls a abordé lors de « L'Emission politique » sur France 2, la question du voile. Citant au passage la Tunisie, la comparant à l'Iran, en affirmant que les femmes se battent dans les deux pays pour enlever le voile. Une polémique et une vague d'indignation ont vu le jour en Tunisie depuis ce débat, et, parmi les réactions nées, voici la réponse de Karim Guellaty à Manuel Valls.
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur Valls,
Cher Manuel,
Camarade,
Vous avez, il y a quelques jours, énoncé une vérité partielle en affirmant qu'en Iran, comme en Tunisie, des femmes luttaient pour enlever le voile qu'on leur imposait. Vous avez énoncé une vérité partielle et comme toute personne qui s'adonne à cet exercice, vous avez induit un mensonge total.
La vérité est qu'effectivement t il y a des femmes en Tunisie qui s'élèvent lorsque certaines personnes veulent imposer le port de voile. Et en Iran c'est également le cas.
La partialité du propos, c'est de lier ses deux pays sur ce combat.
Lorsque vous étiez en Tunisie, mon cher Manuel, il y a de cela quelques semaines, deux de vos voitures escortes étaient conduites par des femmes, vous avez été accueillis par une délégation dans laquelle figuraient trois ministres femmes. Vous avez il y a quelques années, parlé dans l'une de vos allocutions, du code du statut personnel en Tunisie. Lequel code a une vision plutôt progressiste de la femme.
Les notes diplomatiques vous informant sur la Tunisie ne manquent pas, et dans aucune, il n'y est fait état d'une iranisation du statut de la femme.
Seule option qui nous reste, Camarade, serait que vous ignorez tout de la situation de la femme en Iran, et notamment que le port du voile y est obligatoire. Mais compte tenu du rôle central de l'Iran dans votre dispositif diplomatique des dernières années, je ne peux pas imaginer que ce point ait échappé à votre vigilance. Sauf à considérer que vos préoccupations quant aux droits de la femme à cette époque-là n'étaient que résiduelles, et que la perspective électorale prochaine vous ait fait, aussi subitement que brutalement, prendre conscience qu'il y avait un sujet ici à creuser. Et vous avez creusé de biais, comme les Tunisiens cherchant du pétrole à la frontière libyenne, si bien que vous vous pensiez arrivé en Tunisie. Le teint halé, les cheveux frisés, il y avait matière à confusion
Mon Cher Manuel, il y a méprise, vous avez creusé à 12° latitude, et pour que votre comparaison ai un socle de vérité, c'est en Arabie Saoudite que vous vous êtes retrouvé. Même si vous roulez à l'Arabie Saoudite... pétrolium.
La vérité, Camarade, c'est que vous avez insulté l'histoire de 5 millions de tunisiennes, et probablement autant de tunisiens. Mais cantonnons-nous aux femmes, puisque telle semblent être votre préoccupation.
Vous avez jeté un voile sur le combat de 5 millions de femmes tunisiennes, non pas parce qu'elles luttent effectivement contre le port du voile imposé à certaines, mais parce que le port du voile institutionnalisé est un combat qu'elles ont gagné depuis fort longtemps, en 1956. La même année ou presque, elles ont également gagné la bataille de l'IVG, interruption volontaire de grossesse qui fut adoptée en France quelques 18 ans plus tard.
Et toujours à la même période, la femme tunisienne était seule femme dans son foyer, la polygamie ayant été abolie, et non pas parce que le tunisien n'arrivait plus à gérer quatre belle-mère.
La question de la conduite de la femme ou de son instruction ne s'y est peu sinon pas posée. Donc inutile de palabrer là-dessus.
En somme, mon cher compatriote, la Tunisie a fait pour la femme en Tunisie, ce que le protecteur français n'avait pas fait pendant le protectorat. On se suit ? De protection, la femme n'était pas manifestement dans la cible.
On ne va pas se voiler la face non plus, il reste beaucoup à faire en Tunisie pour les droits de la femme. Mais de là à comparer le combat en Tunisie avec celui à livrer en Iran, il y a un pas qui vient d'être allègrement franchi.
En 2015, Monsieur le Premier Ministre, vous comparaissiez tous les mercredis pour les questions aux gouvernements, devant 26,9% de femmes parlementaires françaises, alors que notre ministre de l'économie, qui est une femme, s'y exprimait la semaine dernière devant 30,88% de femmes députées. En Iran, si vous l'ignoriez, je vous le précise, elles sont 7%. Notre assemblée est plus féminine que la votre. Peut-être aussi plus voilée. Mais pas par contraintes celles-là, plus par croyance religieuse, vraie ou fausse, par tradition, légitime ou pas, mais en aucun cas par contrainte, et encore moins parce qu'elles seraient sous une domination masculine. Voyez-y le fait que la Tunisie est une des filles, certes récente dans son Histoire longue de 3000 ans, de l'Islam.
Monsieur, la Tunisie, malgré les difficultés qu'elle traverse est d'une grandeur imagée de la taille de tout le continent africain qui ne s'y est pas trompé est prenant le nom- premier de la Tunisie, Afriqyya. Et la Tunisie, non contente de donner son nom à tout un continent, s'est faite la porte voix du droit des femmes dans tout le monde Arabe, porte voix pour lequel elle reçut le prix du forum mondial des femmes parlementaires en 2015.
Monsieur, la Tunisie ne saurait souffrir de comparaisons hasardeuses quand à ses points d'étapes sur les combats qui lui restent à mener. Et manifestement, il ne s'agit pas seulement pour elle d'améliorer la condition de la femme, mais également d'entreprendre une vaste campagne d'instruction cultuelle et de droit comparé des femmes. J'espère Monsieur le Premier ministre, avoir levé le voile sur une confusion manifeste entre la situation de la femme tunisienne et iranienne.
Enfin, Monsieur le candidat à la primaire, et de vous à moi, j'aurais bien voté pour vous à la primaire, et je voulais même le faire. Mais ma femme, tunisienne, me l'interdit. Et vous ne le savez manifestement pas, mais ce qu'a décidé une femme tunisienne, il n'est pas "espérable" de vouloir lutter contre. Pas "espérérable" et même fortement déconseillé.


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