Le magazine l'Express, a effectué une interview vendredi 8 novembre 2013, avec Michaël Béchir Ayari, analyste à l'International Crisis Group, qui a tenté de disséquer la crise que traverse actuellement la Tunisie. A la question : Quelles sont les raisons de l'impasse politique actuelle? Michaël Béchir Ayari a affirmé qu « Ennahda est en porte à faux vis-à-vis de sa base, plus radicale que l'appareil politique, qui risque de se tourner vers les salafistes s'il cède trop au camp séculariste» En ce qui concerne le volet du dialogue national, l'analyste à l'International Crisis Group a indiqué que : «Tout le monde est d'accord pour la formation d'un gouvernement consensuel. Mais les discussions ont achoppé sur le choix d'un Premier ministre. Chacun, poussé par sa frange extrémiste, campe sur ses positions» en ajoutant « Derrière ces difficultés se profile la question de l'appareil d'Etat. Michaële Béchir Ayari s'est alors interrogé : « Les nominations réalisées par les autorités actuelles seront-elles annulées, assistera-t-on à une "dénahdisation" ?» L'analyste a par ailleurs expliqué que « tous les ingrédients sont aujourd'hui présents en Tunisie pour une reprise en main autoritaire» en indiquant que « les militants d'Ennahda s'en inquiètent. Ils ne peuvent oublier qu'en 1987, Ben Ali, alors Premier ministre, se proclamait démocrate lorsqu'il a déposé le président Habib Bourguiba. » L'expert, conclut ses propos tout en avisant : « Avec la polarisation accrue de ces derniers mois, on ne peut pas exclure une montée de la violence: des locaux d'Ennahda ont été incendiés après les attaques djihadistes contre les forces de l'ordre. Si on ajoute aux tensions politiques les problèmes sociaux, le chômage endémique, il y a un vrai risque d'explosion. Les forces en présence doivent tout faire pour éviter ce spectre ».