Le 7 février 2016, Facebook a commencé à bloquer toutes les pages qui affichent la photo du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Trois jours plus tard, les supporters du leader chiite libanais ont riposté en inondant le réseau social de portraits de celui qu'ils considèrent comme un héros. Depuis, une sorte de guerre virtuelle se déroule sur Facebook entre la direction de la plateforme et les partisans du Hezbollah. Pour qu'une telle décision soit prise par la direction de Facebook, il faut qu'une photo ou un texte soient dénoncés par des membres de la communauté. La procédure est simple: il suffit de cliquer sur l'onglet «report» (Rapporter). Ici à Beyrouth, les médias libanais pensent qu'une campagne initiée par des milieux israéliens est à l'origine de la décision de Facebook d'interdire le portrait de Hassan Nasrallah. La première victime de cette campagne est un blogueur appelé Ali Bacha, qui avait posté, d'un seul coup, 13 photos du chef du Hezbollah. Face à ce qu'ont qualifié de « guerre lancée par Facebook », les partisans de Hassan Nasrallah ont décidé de faire de la « résistance ». Un « comité de coordination », apparu sur Facebook, a lancé une campagne intitulée « Résistez avec une photo ». Les fans du chef du Hezbollah ont été invités à poster des portraits de Hassan Nasrallah, à partir du jeudi 11 février à 20h30. Lorsque l'heure H a sonné, le réseau a été littéralement inondé de photos. On peut voir Hassan Nasrallah enfant, adolescent, adulte; en civil, en habit religieux ou en treillis militaire; seul ou entouré des membres de sa famille ou de partisans. Bref, ceux qui, sur la Toile, n'avaient jamais ou peu entendu parler de Hassan Nasrallah, peuvent désormais consulter un album complet de celui qui est considéré comme un héros et un résistant par certains, ou un dangereux terroriste par d'autres. Et l'invasion de photo se poursuit depuis quatre jours avec autant d'intensité. La démarche des partisans de Hassan Nasrallah s'est étendue à d'autres réseaux sociaux. Effectivement, une demi-heure après Facebook, le Hashtag #RIPFacebook, RIP étant les initiales de « Rest in peace », ou « Reposez en paix Facebook », s'est répandu sur Twitter comme une trainée de poudre. La plateforme de micro-blogs a été, à son tour, envahie par des portraits de Hassan Nasrallah. Puis est venu le tour d'Instagram. Dans leurs commentaires, les internautes ont expliqué que cette mobilisation en faveur de Hassan Nasrallah constitue un défi vis-à-vis de Facebook, qu'ils accusent de porter atteinte à la liberté d'expression et d'appliquer la politique du «deux poids deux mesures».