La révolution étant là, c'est bien de notre conscience que dépendra son salut pour la justice, la vérité, la moralité, la dignité, l'égalité et la légalité. Elle est donc en nous et pour nous, avant d'être un règlement de compte « clanique et partisan » des uns contre les autres. Nous nous devons de la réaliser, de la protéger, de la préserver d'autant qu'elle n'a pas encore livré tous ses secrets. La voilà - au regard de ce qui nous surprend tous les jours - s'acheminant vers ces sentiers furtifs que nous nous devons d'assurer et de rassurer. Car la révolution n'est point l'apanage des politiques seuls, mais de tout citoyen que le destin démocratique et républicain de la Tunisie occupe et préoccupe. De surcroît, majoritaires sont ceux qui n'ont pas conduit cette révolution en Tunisie - avant d'en arriver à l'investir et à l'instrumentaliser - pour n'avoir jamais fait partie de la joute dissidente ou réactionnaire politique ou politicienne. Néanmoins, ils souscrivent totalement à ses fondements et ses principes - pour avoir choisi d'être de tout temps, de toute situation et de toute évidence, eux-mêmes, toujours eux-mêmes, honnêtes, patriotes, éthiques et loyaux - bien avant la révolution et sans doute après. Quel que soit le régime en place - ses dignitaires et ses faussaires - eux n'ont pas quitté leurs certitudes et leurs valeurs essentielles. Nul doute, ils n'ont pas eu le courage de braver les représailles, de contrecarrer l'inamovibilité et la léthargie silencieuse au moment où hommes et femmes de grande volonté briguaient la conquête de l'autorité et du pouvoir par l'insoumission, la confrontation, la défiance et l'intransigeance. Il en est ainsi du choix des uns et des autres, sans doute à respecter et à assumer ! Mais pour autant, devra-t-on contraindre tous les Tunisiens à se convertir à la politique réactionnaire et militante et à en être les fervents acteurs publics ? Dans tel cas, qui travaillera ce pays ? Qui veillera à son essor vital et vivable, son développement, son croît éducatif, intellectuel, sensible, économique, social, technologique et autres ? Car cette catégorie de laboureurs - que je connais et dans laquelle je me reconnais - réalisant l'édifice de la Nation et sans s'insurger contre le système existant, a pris le parti du travail et de l'action inlassable pour réformer le système de l'intérieur et en profondeur, dans la perspective d'en limiter les méfaits et parfaire l'exercice dans différents secteurs d'activité et de croissance. Leurs voix ont été certes dissimulées dans le mutisme qui berçait de silence et de prévoyance notre majorité. Leurs voix se sont, sans conteste, empêtrées dans la prudence, comme pour se prémunir afin de recentrer tous les efforts, reconsidérer la réalité, la corriger, l'améliorer en toute discrétion et détermination. Ils ont quand même fait avancer la Tunisie pour qu'elle en arrive au bout de 56 ans d'indépendance à quitter le sous-développement et la précarité, car nous étions là, ne l'oublions pas ! Plus est, la révolution redoute l'histoire autant que l'histoire redoute ses révolutions, Redonnons donc au temps sa quiétude et sa sérénité, bien loin de l'opportunisme révolutionnaire, et construisons l'avenir, avec et sans la politique. …/… (à suivre)