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Chronique, LE MOT POUR LE DIRE : L'ARNAQUE
Publié dans Tunivisions le 09 - 11 - 2012

« Celui qui a vu à travers les hommes et à travers lui-même, devrait, de dégoût, bâtir une forteresse au fond des mers ».
Cioran, Le Crépuscule des pensées
Ceux, parmi les Tunisiens, qui estimaient que la date du 23 octobre devrait marquer la fin de la légitimité de l'ANC et des institutions auxquelles elle a donné naissance, n'avaient pas du tout tort si l'on tenait compte du fait, de plus en plus flagrant, que la stratégie du parti dominant est de gagner du temps, c'est-à-dire de rester au pouvoir le plus longtemps possible avant la prochaine échéance électorale, et d'exploiter la prolongation, qu'il briguait et qu'il a fini par obtenir, pour assurer sa mainmise sur un Etat affaibli et discrédité.
Or, gagner du temps, cela revient, en premier lieu, à prolonger – indéfiniment si possible – l'existence de l'ANC, source de toute légitimité selon les dires de son propre président et ceux du président du parti régnant, le redoutable allié du premier. Pour pérenniser l'existence de l'ANC (limitée, dans le texte de loi fondateur, à une année non extensible), il faudrait un excellent prétexte ou, plus précisément, un appât. Or, il n'y a pas de meilleur appât que la future constitution de la seconde république – la première est supposée s'être éteinte depuis la chute de la dictature – dont le brouillon, nous assure-t-on, est fin prêt et dont le préambule est déjà en discussion devant ladite assemblée. Tout cela inclinerait à penser que l'heureuse issue est toute proche et que les Tunisiens vont pouvoir fêter, dans un avenir imminent, le nouveau-né tant attendu.
Or, ceux d'entre les Tunisiens qui ont encore la force de suivre la grossière mascarade qui se joue sous le toit de l'hémicycle, ont vite déchanté. Il semble en effet qu'ils aient crié victoire un peu plus tôt que prévu. Car Ennahdha, la secte qui fait la pluie et le beau temps à l'ANC et partout ailleurs dans le pays, a encore besoin de temps, de beaucoup de temps pour mettre de l'ordre dans son intérieur, quelque peu ébranlé par les frasques de ses alliés (les enfants de son Boss) encombrants et le bilan désastreux de son gouvernement. Pour obtenir ce répit indispensable, Ennahdha use d'une stratégie qui a fait ses preuves : remettre sur le tapis les sempiternelles et inextricables polémiques en rapport avec la chari'â et la place qu'elle devrait occuper dans la constitution d'un Etat dont elle (Ennahdha) reconnaît pourtant le caractère foncièrement laïc.
Rien d'étonnant alors que les spécialistes de la diversion reviennent à la charge pour s'étendre, en long et en large, sur une question que tout le monde, dans l'enceinte de l'hémicycle, croyait être définitivement réglée. Chourou et Ellouz, pour ne citer que les figures illustres de la confrérie, qui se soucient fort peu du temps et de l'argent du contribuable, se remettent à remâcher les mêmes clichés, les mêmes lieux communs et les mêmes insanités dans l'intention, espèrent-ils, de convaincre le peuple (toujours lui !) que son confort et son bien-être sont étroitement tributaires de l'inscription de la chari'â dans la future constitution. A la suite de quoi, le Messie en personne vient au secours de ses lieutenants et proclame tout haut, dans son prêche du vendredi (dont on ne saurait dire s'il est de type religieux ou politique), que la chari'â est aussi indispensable, pour les musulmans qu'il assimile sciemment (ou mieux cyniquement), aux islamistes de son acabit, que l'air, l'eau et le pain !
A travers cette saillie, minutieusement élaborée et savamment calculée, le Messie adresse une mise en demeure au camp adverse, lui rappelant, avec l'arrogance du monarque de droit divin qu'il croit être, qu'il est toujours le maître incontesté du pays et de tout ce qui s'y trame. Les mécontents n'ont qu'à se cogner la tête contre le mur ou se précipiter dans les abysses ! Si le Messie – que Dieu l'agrée – à décidé que la question de la chari'â soit rediscutée par les élus de l'ANC, tout le monde, à commencer par le président de l'assemblée, doit s'exécuter. Les ordres sont les ordres ! Et que le débat dure le temps qu'il faut. Le temps, le Messie (et la Tunisie et les Tunisiens à travers son auguste personne) en a à en revendre !
Puis ce serait au tour de la question de la complémentarité (de la femme et de l'homme, cela s'entend, qui irrite tant les renégats et leurs alliés les contre-révolutionnaires) d'être reconsidérée sous un angle plus favorable aux justes vues du Messie, farouchement défendues par l'armada féminine qui, à l'ANC, se bat pour lui, autrement dit pour la voie droite, celle du salut de tous. Et que le débat dure le temps qu'il faut. Le temps, le Messie (et la Tunisie et les Tunisiens à travers son auguste personne) en a à en revendre !
Puis ce serait au tour de la question – ô combien épineuse ! – du type du régime politique d'être analysée de manière plus approfondie, afin que les incrédules soient enfin convaincus des vertus du parlementarisme que le Messie défend bec et ongles, convaincu qu'il est de ses bienfaits et de ses répercussions sur la dictature – pardon la démocratie – naissante. Et que le débat dure le temps qu'il faut. Des mois ou des années peu importe. Qu'importe le temps ! L'essentiel, c'est de damer le pion aux récalcitrants en leur faisant admettre ce qu'ils s'obstinent à rejeter par ignorance. Le temps, le Messie (et la Tunisie et les Tunisiens à travers son auguste personne) en a à en revendre !
Puis ce serait au tour des questions secondaires et subsidiaires d'être abordées dans les détails, et à tête reposée. Et que le débat dure le temps qu'il faut. Des décennies ou des siècles, peu importe. Le Messie, contrairement à ses détracteurs, a l'éternité devant lui. Le temps, il (et la Tunisie et les Tunisiens à travers son auguste personne) en a à en revendre ! Entretemps, des mois et des mois se seraient écoulés. Une rallonge dont profitera le Messie pour mettre les bases de son modèle de société rêvé, fondé sur les seuls préceptes, de l'Islam prétend-il. En fait, c'est de l'islamisme intégriste, dans sa facture la plus sombre, qu'il s'agit.
Une fois toutes ces questions capitales (pour la gloire du Messie) réglées, l'ANC, et le gouvernement qui en est issu, s'occuperont du reste, autrement dit de ces vétilles que sont le chômage, le marasme économique, l'insécurité, le décalage régional, l'exacerbation de la violence… etc… etc. Et dans l'attente que la constitution soit prête (dans une année ou deux s'il faut, car le Messie n'est pas pressé du tout, et pour cause !), la Tunisie se serait progressivement et profondément métamorphosée. R. Gannouchi et ses gens auraient eu largement le temps de démanteler les structures du régime déchu – en fait, c'est des fondements de la République qu'il s'agit – en s'attaquant, de manière méthodique, à l'enseignement laïc. Les dégâts enregistrés dans ce domaine sont déjà alarmants, et l'embrigadement intégriste de l'enfance du pays est systématique dans des institutions anarchiques, dites coraniques qui viennent renforcer les établissements contrôlés par la Mosquée Zitouna, œuvrant, eux aussi, en dehors de tout cadre légal !
Ajoutez à cela la police des mœurs qui se substitue insidieusement, dans certaines régions du pays, à la police étatique, imposant à la population de se conformer à son diktat, poussant l'arrogance jusqu'à attenter à l'intégrité physique des citoyens sous prétexte d'appliquer les peines canoniques, connues sous le nom de houdouds (الحدود). Ajoutez à cela les mosquées, sortes d'Etats dans l'Etat, entièrement contrôlées par des groupes fanatisés et prêts à tout. Ajoutez à cela l'aide logistique et financière locale et étrangère dont bénéficient de milliers d'organisations prétendument caritatives, chaque jour plus nombreuses, plus virulentes et plus dévastatrices.
Tout cela s'est fait avec la bénédiction – consentie ou détournée, peu importe – de l'ANC et des partis – dits laïcs et de centre gauche – qui composent, avec la secte du grand Messie, la chimérique Troïka au pouvoir. Tous ces dégâts, et bien d'autres encore, sont le prix exorbitant, que les Tunisiens auraient consenti malgré eux, d'une constitution qui serait, à en juger par son brouillon, bien en-deçà de la constitution de 1959 ! Une constitution qui ne serait peut-être jamais avalisée par la théocratie (le califat) qui se serait entretemps implantée de fait et qui ne cache pas son aversion pour la démocratie, qu'il assimile tout bonnement à une hérésie !
Le contribuable tunisien aurait participé ainsi, à son insu, à financer les frais de l'établissement d'une dictature théocratique qui ne cache plus son nom, sa soif effrénée du pouvoir et sa détermination de le monopoliser, en l'absence d'un adversaire capable de lui tenir tête, pendant des décennies. Si une telle perspective venait à se réaliser, le contribuable tunisien aurait payé de sa poche les frais du putsch constitutionnel qui le priverait, à jamais peut-être, non seulement de sa liberté, mais également de son humanité. En effet, dans l'ordre théocratique wahhabite, que nous concocte patiemment le Messie, il n'y a de place que pour des moutons de panurge ou, ce qui revient strictement au même, à la communauté des croyants, sujets crédules et dociles de sa gracieuse sainteté.
Les Tunisiens, ou plus précisément certains d'entre eux (dont les bonnes gens qui ont cru aux balivernes que leur a servies, dans les mosquées, sous forme de prêches sonnants et trébuchants, les agents du Messie), oublient souvent que le fascisme et le nazisme sont les cadeaux empoisonnés des urnes ! Ils oublient également, et c'est là le plus grave, que les islamistes, en accord avec leur idéologie putschiste, ne se plieraient, en aucune manière, comme l'attestent si bien les vidéos fuitées du Messie, aux exigences de l'alternance qu'implique la gestion démocratique parce qu'ils sont convaincus qu'ils sont mandatés par le Ciel pour gouverner éternellement. Quiconque oserait mettre en cause cette « élection » divine se verrait traiter d'apostat et, pire encore, d'ennemi de l'Islam, celui que, depuis sa rentrée de son exil londonien, R. Gannouchi a confisqué pour en faire son monopole personnel et celui de ses ouailles.


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