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Chronique, Le mot pour le dire : Dans le vif !
Publié dans Tunivisions le 30 - 04 - 2013

« Il y a eu toujours des libres-penseurs. De tout temps, des hommes supérieurs se sont élevés contre les abus des religions et se sont refusés à accepter, sans discussion, les dogmes et les mystères plus extraordinaires et incroyables les uns que les autres ».
Maurice Barthélémy, La libre-pensée et ses martyrs, p. 5
Il est des hommes dont le mérite est d'être scrupuleusement fidèles aux lieux communs (autrement dit, aux vieilleries qui devraient être définitivement rangées dans un musée) qu'ils tiennent pour des vérités occultes susceptibles de révolutionner le monde. R. Gannouchi fait partie de cette noble caste. Son dada, au président de cette formation hybride – donc monstrueuse – qui tient à la fois de la secte religieuse et du parti politique, baptisée pompeusement, et improprement à mon sens Ennahdha, c'est l'Islam dont il a fait son bien propre et, dans une moindre mesure, celui de ses prosélytes. Aussi est-il l'unique qui ait le droit de parler de l'Islam, dans l'absolu et au singulier, au mépris de la réalité ambiante qui prouve que l'Islam n'est pas un, mais multiple. Mais l'histoire n'a aucun sens aux yeux d'un homme qui croit, dur comme fer, que la vérité a été révélée, une bonne fois pour toutes, il y a quinze siècles. Et cela veut dire, pour lui et ses adeptes, que l'histoire se serait arrêtée parce qu'elle se serait accomplie dans la révélation coranique et que, par conséquent, les hommes sont condamnés désormais sauvegarder cette « vérité », dans sa pureté originelle. Toute l'histoire, trouble et mouvementée, de la nation islamique, a été déterminée par ce principe anhistorique en vertu duquel chaque illuminé – le dernier en titre, pour la Tunisie, est R. Gannouchi – se propose, ni plus ni moins, de supprimer l'histoire ou, tout au moins, de la neutraliser. Ennandha, en dépit de toutes les déclarations de son chef et de ses adeptes, n'a pas d'autre programme parce qu'il est, dans la nature même d'un mouvement qui se dit religieux, d'être l'ennemi irréductible de l'histoire.
Une première conclusion s'impose : R. Gannouchi et ses militants mentent effrontément en prétendant faire de la politique. En fait, ils font – parce qu'ils ne sont capables de faire que cela, et d'une piètre façon – de la théologie. Or, la théologie est, par essence, la négation de la politique, définie comme étant l'art du possible. Pour le théologien, il n'y a de possible que la volonté de Dieu et, partant, que la vérité divine ou ce qu'il conçoit, lui (un homme parmi les hommes), comme telle. L'Islam Ganouchien – ou l'islamisme politique avec toutes ses variantes – ne s'accommode d'aucun possible humain, autrement dit historique, puisqu'il est conçu comme un idéal accompli qu'il conviendrait d'adopter intégralement jusqu'à la fin des temps.
C'est pour cela précisément que R. Gannouchi et ses ouailles se définissent comme des croyants et, en cas de besoin, comme des moujahiddin, et non comme des citoyens. C'est là la preuve, si besoin est, que leur projet est, dans son essence, anti-nationaliste et explique la détermination de certains de ces fervents croyants d'aller se faire tuer en Syrie ou ailleurs et, pour les ferventes croyantes, d'aller servir bénévolement les combattants d'Allah qui supportent mal la privation. Il s'agirait là d'une forme de prostitution sacrée, en vogue dans certaines sociétés antiques, que les illuminés, parmi les prédicateurs, ont instituée pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'Islam et la piété musulmane. Pour s'en rendre compte, il suffit de lire un récit, édifiant dans son genre, dans lequel Omar Ibn Al-kattab, connu pour être un grand législateur, confronté à un problème de ce type, a promulgué des solutions pratiques en accord avec la morale commune([1]).
Si on demandait aux prédicateurs qui ont été à l'origine de cette abomination, saoudiens et koweïtiens pour la plupart (et leurs vassaux tunisiens), d'envoyer leurs propres filles sur les fronts où ils ne se gênent pas d'engager les filles du commun, ils trouveraient mille et une raison pour justifier leur défection. Je présume que, dans l'enfer syrien que les émirats du Golfe entretiennent pour servir les intérêts majeurs de leurs suzerains américain et israélien, il n'y a, parmi les combattantes du sexe, ni saoudiennes ni koweïtiennes, mais seulement des ressortissantes des pays pauvres où la démagogie religieuse, sous couvert de révolution, fait des ravages. La Tunisie est rabaissée aujourd'hui, grâce aux efforts soutenus d'un certain Moncef Marzouki et d'un certain Mustapha Ben Jâafar, satellites dociles d'un certain R. Gannouchi, se disant réformateur hors pair d'un Islam dont il ignore l'essentiel, au rang d'une colonie d'un moins d'un grain de sable, connu sous le nom de Qatar !
Dans cet imbroglio que la patron d'Ennahdha fait passer pour des exploits politiques sans précédents, il est aisé de constater que l'homme n'a pas le moindre rôle à jouer. Bien au contraire, tout le projet, prétendument politique d'Ennadha et consorts, consiste justement à neutraliser toute action humaine puisqu'il est attesté, selon eux, qu'il n'y a rien de possible que Dieu n'ait voulu et autorisé. Tout le faire humain se limite donc à empêcher ceux, parmi les hommes qui se seraient écartés de la Voix Droite, et que Gannouchi appellent, dans ses joutes stéréotypées, les ennemis de l'Islam – et politique oblige, de la révolution dont il s'est fait, du coup, le chantre ! – d'entraver – vainement, il est vrai – le triomphe irrévocable de l'idéal divin. Dans ce contexte, il est superflu de parler de laïcité, de liberté de conscience et d'association, du droit à la différence et, en un mot, de politique, et cela parce que la seule politique possible, comme le laisse entendre les gens du parti Attahrir et bien d'autres formations salafistes, consiste dans la restauration du Califat, l'unique mode de gouvernement capable, selon eux, de garantir le bien-être matériel (on voit mal de quelle manière cela pourrait se réaliser dans le cadre d'une idéologie qui fait valoir la piété au détriment du travail !) et spirituel – entendre le salut de l'âme – de l'homme !
Ce type de discours, de par ses références ambivalentes, est le discours par excellence de la duplicité et de la supercherie parce qu'il est régi, pour des raisons stratégiques, sur la dichotomie de l'être et du paraître, du dit et du non-dit. Rien d'étonnant alors que le chef de file d'Ennahdha ne dise jamais la même chose quand il s'adresse aux siens et aux autres, les Goyim pour user d'un terme cher aux israélites (qui ne sont autres que le peuple tunisien), ceux qu'il conviendrait, pour calmer leurs appréhensions, d'abuser par des termes, vagues et ambigus, en attendant que les conditions soient réunies pour imposer le diktat d'Allah – entendre la volonté des illuminés qui se croient investis d'une mission divine – à tout le monde et, en priorité, aux Rcdistes et aux staliniens qui, par un heureux amalgame digne de cet idéologue de génie qu'est R. Gannouchi, se seraient entendus pour ruiner et l'Islam et la Révolution !
Il serait fastidieux et improductif surtout de réfuter de pareilles allégations. Je me contenterais donc, à cet endroit, d'attirer l'attention sur le fait que R. Gannouchi, et tous ceux qui se réclament de l'idéologie islamiste, ne se contentent pas de mépriser les peuples qu'ils prétendent servir, mais poussent l'inconséquence jusqu'à mépriser la divinité au nom de laquelle ils entendent asservir les hommes. En effet, Allah serait incapable, sans le concours des Gannouchi et consorts, à faire triompher sa loi ! Ces théologiens de pacotille perdent de vue que tout, dans le monde, est l'expression de la volonté d'Allah. Le fondateur de la dynastie des omeyyades, Muawiya Ibn Abi Soufyen, l'a très bien compris, lui, qui, pour confondre les alliés de son ennemi juré, qui n'était autre que le cousin et le gendre du prophète, leur a précisé que s'il a eu raison d'Ali Ibn Abi Taleb, c'est parce que Dieu l'a voulu !
Il serait bon que les adeptes de l'islamisme politique moderne méditent cette boutade de Muawiya. Peut-être comprendraient-ils alors que, pour faire de la politique, il est impératif de laisser Dieu en dehors des différends qui divisent les hommes. Quinze siècles durant, sunnites et chiites se sont littéralement lynchés sans que l'un des deux camps ne parvienne à l'emporter sur l'autre. Gannouchi et consorts, cela ne fait pas le moindre doute, ne réussiront pas là où ont échoué les grandes figures du salaf dont ils se réclament !


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