Selon les données fournies pat tel ou tel organisme ou par telle ou telle association, 47% des femmes ont subi au moins une violence dans leur vie. Cette violence se décline en trois types de violence. Avec en tête la violence physique contre la femme qui atteint 31,7%, suivie de la violence psychologique qui touche 28,9% des femmes et de la violence sexuelle qui atteint 17,5%.Quelle que soit l'herméneutique qu'on mobilise pour faire parler ces pourcentages en termes d'atteinte à l'intégrité physique et morale des femmes victimes de toutes ces formes de violence, il y a lieu de dire d'emblée que ces données statistiques ne reflètent pas exactement l'ampleur et la gravité de la violence contre les femmes dans notre société. Parce que la plupart du temps les femmes restent complices des violences qu'elles subissent, minimisent la portée symbolique de ces violences et protègent ainsi les auteurs de ces violences (père, frère, partenaire, patron). Quel que soit le constat qu'on peut faire sur la base de ces données, il y a lieu de dire que les efforts menés par l'Etat, la société civile, les média, les lieux de socialisation (école, université, partis politiques, associations, syndicats) n'arrivent, malheureusement pas, à faire le long travail de prise de conscience individuel et collectif pourtant nécessaire pour faire sortir les femmes de cette position de victime. L'urgence dans ce domaine est un travail de sensibilisation continue via les média audio-visuels est de libérer les femmes victimes de violence de la situation d'emprise de la peur-silence qui pèse sur elles et qui les paralyse. Ce travail est plus qu'urgent parce que la cible est toute la spirale de la violence, de l'enfermement sur soi, de la peur, de la honte et de la culpabilité qui retient les femmes victimes de violence. Au fond quelle est la logique de la violence exécrée sur les femmes ? C'est une volonté de machistes et de pathologiques qui veulent réduire l'autre féminin, le nier et le déshumaniser. Certes, les violences contre les femmes relève d'un comportement sanctionné par la loi. Nombreux sont les articles du code du statut personnel et du code pénal qui interdisent toutes les formes de violence contre les femmes et constituent autant de bases juridiques pour le combat contre ces violences. Or, les données statistiques énumérées ci-dessus montrent et démontrent le hiatus qu'il y a entre les droits formels et leur effectuation au niveau du quotidien. C'est pourquoi, il faut maintenant aller au-delà de l'outil juridique et opérer dans les lieux de socialisation une remise en question profonde des constructions du masculin et du féminin. Avec comme objectif principal la dénonciation du système de la domination masculine et ce qu'il implique comme clichés anti-femme, stéréotypes, mentalités, comportements, vision de soi masculin et de l'autre féminin. La lutte contre la violence à l'encontre des femmes est au centre de la problématique des droits de l'homme. C'est pourquoi il faut faire de la lutte contre la violence à l'encontre des femmes le point cardinal de tout projet d'émancipation sociale et humaine digne de ce nom. Dans cette perspective, les femmes se libèreront de leurs chaînes et les hommes auront tout un monde à gagner : celui de l'échange dans le respect, de la complémentarité, du désir réciproque, de l'épanouissement de la famille (homme, femme et enfants). C'est-à-dire un monde dont les fondements sont la dignité, le respect, la liberté.