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Chronique, Le mot pour le dire : Délit, ennemi de l'islam !
Publié dans Tunivisions le 08 - 01 - 2014

« L'obéissance aveugle qu'on nous prêche, nous déshonorera toujours. Un homme qui fait son devoir en refusant – par fanatisme – de s'interroger, diffère à peine de la brute, et si l'on a besoin de pareils automates, on ne saurait les estimer, ils ne sont bons qu'à marcher, qu'à tuer et qu'à mourir, ils le feraient d'ailleurs, n'importe la querelle ». Albert Caraco, Ecrits sur la religion, p. 157
Les Tunisiens, plus précisément les partisans d'Ennahdha parmi eux, ont mis beaucoup de temps pour démaquer les pseudo-démocrates islamistes et les voir enfin (espérons-le) sous leur vrai jour. L'exploit que le chevalier de triste figure, le croisé, doublé d'un « député », a perpétré dernièrement en plein hémicycle, y a été pour quelque chose. Il n'est pas fréquent en effet de voir un député condamner à mort un autre député, pour la simple, et toute bête, raison qu'il ne partage pas son point de vue. En fait, dans la confrontation qui a opposé Mongi Rahoui au Don Quichotte nahdhaoui Habib Ellouz, ce dernier a fait valoir, en lui, le croisé, ou le jihadiste, au détriment du député. Habib Ellouz a endossé la tunique hideuse de l'inquisiteur médiéval pour, sous l'accusation – ô combien ignominieuse ! – d'ennemi de l'Islam, condamner à mort son contradicteur de gauche.
Il ne s'agit pas là, comme voudrait nous le faire croire le porte-parole du parti islamiste, d'un cas isolé. Bien au contraire, il conviendrait de parler d'une démarche concertée, propre aux islamistes en général et, en particulier, aux plus fougueux et intempestifs d'entre eux. Le procédé a fait ses preuves dans la bouche de Rached Gannouchi qui n'hésite pas, chaque qu'il l'estime nécessaire, d'user de l'argument, à ses yeux irréfutable, de la prétendue hostilité que les laïcs sont censés vouer à l'Islam, sous-entendant par là que ce dernier est la propriété exclusive de son mouvement. Dans ce contexte, le minbar se substitue à la tribune. L'islamiste, au désavantage de son adversaire, use de l'un et de l'autre et, plus important encore, se sert du premier pour sacraliser le second. Il en résulte que l'islamiste se croit – et se veut – infaillible qu'il agisse en prédicateur ou en politicien.
C'est cette ambiguïté fondamentale qui explique les excès d'un Sadok Chourou exigeant le massacre des grévistes, ou les débordements d'un certain Sahbi Atig, chef de file du bloc parlementaire islamiste, appelant, sur la voie publique, au lynchage des adversaires politiques de sa secte, ou les provocations odieuses d'anonymes, pressés de se faire la réputation de militants irréductibles, brandissant le Coran à l'ANC et hurlant qu'ils ne veulent que lui pour constitution de la future Tunisie ! Autant dire alors que les islamistes ne parlent pas le même langage que les représentants des partis laïcs et qu'il est donc tout à fait normal que l'échange entre eux dégénère fatalement en dialogue de sourds !
Les plus futés (retors conviendrait mieux) d'entre les fondamentalistes expliquent cette spécificité de l'intégrisme religieux par le fait que les islamistes auraient tendance, plus que leurs confrères laïcs, à user d'un langage imagé, métaphorique dirait leur leader suprême, qui semble avoir réponse à tout, pour justifier les écarts linguistiques de certains de ses chevaliers ! Tuer, lyncher, saigner, éventrer, et bien d'autres délicatesses de cet ordre, feraient donc partie de cette rhétorique, intempestive et meurtrière, dont raffolent les Gannouchi, Chourou, Atig, Bannani et Ellouz, pour ne citer que les virtuoses de cette prestation littéraire rare, et dont ils usent pour confondre une catégorie particulière de leurs adversaires politiques, précisément ceux qu'ils accusent d'être les ennemis de l'Islam. Le martyr Chokri Belaïd faisait partie de cette caste. Il semble que Mongi Rahoui ait été catalogué comme le continuateur de l'œuvre du leader défunt et qu'il soit devenu, pour cette raison, la cible privilégiée de la hargne métaphorique du tribun Habib Ellouz.
Il ne serait pas inutile de rappeler aux Tunisiens, qui ignorent les subtilités de la logomachie islamiste, qui sont les hommes et les femmes, parmi eux, que les nahdhaouis modérés ( !) de R. Gannouchi n'hésiteraient pas de classer dans cet autre Livre noir, réservé, lui, aux ennemis irréductibles de l'Islam. Sont susceptibles de figurer dans cet autre musée de l'horreur et de l'ignominie, le bréviaire des inquisiteurs, nahdhaouis en particulier, les catégories sociales et les rassemblements humains suivants :
1 – Les milliers de tunisiens et de tunisiennes qui ont commis le crime impardonnable de se convertir au christianisme. Ceux-là sont passibles de la peine de mort en vertu du fameux had de la riddah (حد الردة), autrement dit la peine légale relative à l'apostasie.
2 – Les millions de femmes tunisiennes qui s'obstinent à s'opposer, en matière d'état civil, aux douceurs de la shari'a, dont en particulier la polygamie, l'interdiction de la mixité, la répudiation unilatérale, le costume légal (dit hijab dans le jargon métaphorique des islamistes), le servage sexuel et l'ignorance institutionnalisée.
3 – Les laïcs, francophones de surcroît, résidus nuisibles du bourguibisme et du bénalisme réunis et qui se sont avérés être des farouches opposants du modèle de société islamiste révolutionnaire.
4 – Les organisations et les associations de la société civile tunisienne qui s'est signalée, elle aussi, par son hostilité aux islamistes.
5 – Les non-musulmans, toutes confessions confondues, ces croisés qui œuvrent, depuis longtemps déjà, à ruiner la nation islamique. Contre ceux-là, qui constituent la majorité écrasante de l'humanité d'aujourd'hui, les islamistes, qui entendent unir les hommes sous la seule bannière de l'Islam, sont déterminés à user, comme leurs ancêtres primitifs, de la guerre sainte pour convertir les plus conciliants d'entre ces mécréants et décimer le reste.
Il appert de ce qui a précédé que les ennemis présumés de l'Islam, hahdhaoui bien entendu, sont composés de la majorité écrasante des Tunisiens et d'une majorité, non moins écrasante, de l'humanité actuelle, dont les Européens, les Américains, les Russes, les Chinois, les Japonais, les Australiens, et j'en passe ! En termes plus clairs, la future nation musulmane, dont rêvent les Ellouz et les Chourou, devrait se dresser, toute seule, contre le reste de l'humanité, pour lui imposer la voie du salut qu'elle croit détenir. Ce scénario rocambolesque n'est pas sans rappeler la mégalomanie du Reich nazi, déterminé, lui aussi, à soumettre l'humanité entière au joug de la race aryenne.
L'idéologie islamiste, dans sa facture ellouzienne et chourienne qui, soit dit en passant, ne diffère pas, sur l'essentiel, de l'idéologie islamiste, dite modérée, s'avère être une stratégie de guerre pour neutraliser et, éventuellement éliminer, les adversaires de la renaissance islamique (الصحوة الإسلامية), catalogués comme ennemis de l'Islam tout court ! Entre les modérés et les extrémistes, il n'existe, dans les faits, qu'une différence de degré, l'objectif primordial, des uns et des autres, étant le même. Il importe de préciser cependant que l'islamise politique, dans son expression belliqueuse, est condamné irrémédiablement à l'échec et sera combattu, aussi bien par les musulmans que par les autres nations, comme une idéologie terroriste.
Nous aimerions attirer l'attention, pour terminer, sur un fait singulier qui explique, dans une large mesure, les difficultés qu'à connues la Tunisie depuis la révolution du 14 janvier 2011. Nous estimons, pour notre part, que la Tunisie – et sa révolution, cela va sans dire – a été victime d'une double supercherie. La première consiste dans ce qu'on a convenu d'appeler l'Islamisme modéré, tel qu'incarné par Ennahdha, et dont les résultats désastreux sont aujourd'hui évidents pour tous ! La seconde se rapporte au militantisme droit-de-l'hommiste, dont se réclame l'actuel président provisoire de la république. L'itinéraire de ce dernier est assez éloquent et prouve, si besoin est, qu'un militant de droit de l'homme n'est pas nécessairement démocrate. M. M. Marzouki a choisi, lui, de servir la renaissance islamique et s'emploie aujourd'hui, de son mieux, à transformer, l'Etat moderne édifié par Bourguiba, en théocratie moyenâgeuse rétrograde !
Ce paradoxe mérite d'être considéré de plus près.


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