« Toute révolution est commencée par des idéalistes, poursuivie par des démolisseurs et achevée par un tyran ». Louis Latzarus, La Politique Pour ceux qui auraient oublié qui c'est Imed Dgheïj, je me permets de leur rafraîchir la mémoire en leur rappelant seulement qu'il s'agit de ce « zig » (comme dirait le cher San-Antonio) que l'éternel président provisoire a eu la sollicitude de lui ouvrir toutes grandes, à lui et à ses acolytes, les portes du palais de Carthage. Pour ceux qui n'auraient pas compris les motivations du provisoire, il conviendrait de leur rappeler que M. M. Marzouki est redevable de sa promotion, au poste de locataire de Carthage, à la révolution. Or, il s'est avéré que cette dernière est l'œuvre exclusive des Dgheïj et consorts ! Le palais de Carthage lui revient, à lui et à ses sbires, de droit. Il faut donc que le peuple tunisien, le provisoire en tête, accepte au moins qu'il accède en invité là où il aurait dû être reçu en propriétaire ! Si (entendez monsieur) Imed Dgjheïj, réagissant à la nouvelle selon laquelle le sort des « Comités de Défense de la Révolution » serait désormais entre les mains de la justice, déclare sans broncher que les « dits comités sont là et ne seront jamais dissous même dans le cas où le président Moncef Marzouki exigerait qu'il le soit ». Le journal Le Maghreb, qui a rapporté, dans sa version du samedi 8/2/2014, cette réponse musclée de Si Dgheïj, nous fait part des arguments avancés par le porte-drapeau de la « révolution » et le porte-porte de ses comités protecteurs pour prouver l'illégalité de cette démarche. Si Imed estime en effet que, « même si cette démarche a été entreprise, nous ne l'accepterons pas et, par voie de conséquence, n'obtempérons pas, car notre légitimité est plus forte qu'eux (sic). Les comités n'agissent pas sur la base d'une autorisation légale, et il est de leur droit de continuer leur travail. Personne n'a le pouvoir de les empêcher de s'acquitter de leur devoir ». Si Imed Dgheïj a dit. La justice, qui s'immisce dans des affaires qui ne la regardent ni près ni de loin, ferait donc mieux de s'occuper de ses oignons. Qu'elle s'occupe donc des terroristes au lieu de s'entêter à enquiquiner les honnêtes gens qui ont si peur que la « révolution », pour laquelle ils ont versé leur sang, soit dévoyée par les caciques de la dictature déchue, les corrompus et les opportunistes. Si Imed est là, qui veille au grain, son gourdin à la main, prêt à fracasser les têtes des éventuels aventuriers qui tenteraient de mettre la main sur son inestimable dulcinée ! Pour ceux qui n'auraient pas bien compris les propos de Si Imed, je me dois de leur préciser que le patron des comités de défense de la révolution d'El-kram soutient, haut et fort, qu'il n'a de comptes à rendre à personne. Ni le président de la république, ni le premier ministre, ni la justice n'ont le droit de mettre leur nez dans ses affaires. Si Imed veut dire par là que, s'il devait un jour rendre compte de ses faits et gestes, c'est à Dieu, et à lui seul, qu'il le ferait. Si Imed, à l'instar de Rached Gannouchi, d'Abou Iyadh et de tous ceux qui parlent sans vergogne au nom d'un Dieu qui ne leur a jamais demandé de défendre ses intérêts, agit en monarque de droit divin. R. Gannouchi et les illuminés de son espèce ont fait main basse sur le ciel et, au nom de Dieu, entendent soumettre les hommes aux affres d'une dictature, sanguinaire au sens littéral du mot. Si Imed, qui n'est pas moins futé que les autres, a, lui, fait main basse sur la « révolution ». Mais pourquoi la révolution, me diriez-vous ? Tout simplement parce qu'il a réalisé que la révolution est l'équivalent symbolique de Dieu. Quiconque se hasarderait à renier la révolution court le risque d'être condamné pour atteinte au sacré ! Les gouvernants du jour, le provisoire de Carthage en tête, ne se gênent pas de fructifier, pour leur compte, ce capital béni qui leur est tombé du ciel. A proprement parler, il n'y a pas de différence entre le fait de ne pas croire en Dieu et celui de ne pas croire en la révolution. Il est donc normal que les islamistes, et toutes les factions contrerévolutionnaires qui gravitent dans leur orbite, soient les seuls à exiger que le fait de renier Dieu ou la révolution soit associé à un véritable acte d'apostasie. C'est par le biais de cet extraordinaire raccourci que la révolution, dans la bouche d'un Khadimi, Tlili, ‘Ilmi, Ben Hassen, Gannouchi, Ellouze, et Chourou, est devenue le synonyme parfait de Shari'a, polygamie, excision, lapidation, esclavage, et bien d'autres horreurs encore ! Par ses propos démesurés, qui viennent s'ajouter à d'autres déclarations intempestives que personne n'a osé lui reprocher, Si Imed Dgheïj donne la preuve que l'impunité dont il bénéficie demeure, jusqu'à nouvel ordre, intacte. Son insolence envers tous les symboles de l'Etat (présidence, gouvernement, justice, république) resterait impunie tant que le dieu caché, qui veille scrupuleusement sur lui, ne l'aurait pas abandonné. Il semble que la « révolution », cette divinité redoutable dont se servent les trafiquants du sacré, ait encore besoin des services de Si Imed et de son bataillon d'anges-gardiens. Ce besoin se ferait encore sentir tant que les élections n'auraient pas eu lieu et que l'équipe, qui a été contrainte de partir, ne soit de retour à la Casbah. Le jour où Ennahdha aurait pris les rênes pour un, deux ou dix mandats successifs, les Comités de Défense de la Révolution n'auraient plus leur raison d'être. La révolution elle-même n'aurait plus sa raison d'être ! Voilà pourquoi Si Imed Dgheïj parle si haut et si fort ! Voilà pourquoi il ose braver nommément le provisoire de Carthage. Il aurait pu traiter de la même manière le provisoire de la Casbah. Tant qu'il n'aurait pas manqué de respect à l'Eternel de Mont-plaisir, Si Imed – et il le sait très bien – ne court aucun risque. Cela prouve que l'arrogance est payante et que le banditisme ne prospère pas seulement – et c'est dommage pour la Tunisie ! – dans la pègre.