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Chronique, Le mot pour le dire : Détournement de république !
Publié dans Tunivisions le 18 - 06 - 2013

« Une nation qui tolère les quartiers de taudis, les égouts à ciel ouvert, les classes surpeuplées, et qui osent châtier les jeunes délinquants, me fait penser à cette vieille ivrognesse qui vomissait sur ses gosses à longueur de semaine et giflait le plus petit, par hasard, un dimanche, parce qu'il avait bavé sur son tablier ».
Fernand Deligny, Graine de crapule
Les dirigeants islamistes sont doublement coupables : envers leurs bases et envers le peuple tunisien. R. Gannouchi, en particulier, est directement responsable des dérives politiques de l'ancien régime. Son rôle, à la lumière de ce qui se dit dans certains cercles de son propre mouvement, et des dissidents en particulier, est loin d'être net. S'il faut bien cautionner la prétendue loi d'immunisation de la révolution (désormais, celle de ses immunisateurs et non de ses promoteurs), R. Gannouchi et les putschistes islamistes de son illustre mouvement, devraient être, au même titre que les caciques du régime déchu, sévèrement sanctionnés pour le tort qu'ils ont causé à la Tunisie et à son peuple. Ils doivent être sanctionnés surtout pour leur recours systématique à la violence, pour s'être servi du peuple comme d'un otage et pour avoir fait appel à des forces étrangères pour déstabiliser leur propre pays. Leur duel – car c'est de cela qu'il s'agit en fait – avec l'ancien régime n'a rien d'un conflit d'idées, ni d'un litige politique. Il s'agissait en réalité d'une course effrénée au pouvoir entre deux modes de despotisme, sans plus. L'objectif des islamistes était de renverser la dictature en place pour lui substituer la leur. C'est d'ailleurs ce qu'ils sont en train de faire aujourd'hui, en usant d'un simulacre démocratique aussi grossier que révoltant.
Gannouchi, plus aigri que jamais, devrait maudire la providence qui n'a pas prolongé la vie de son ennemi juré, le maudit H. Bourguiba, afin qu'il jouisse du plaisir de l'humilier, de le rabaisser et de le contraindre à être le témoin de la démolition de son œuvre. La mort lui a arraché le vieil homme d'entre les griffes. C'est pour cette raison qu'il a cherché à l'atteindre à travers ses victimes présumées, à savoir les yousséfistes, lesquels, soit dit en passant, n'ont délégué personne pour défendre leur cause. Nous estimons, quant à nous que R. Gannouchi, en personne, n'est pas moins coupable que Ben Ali et sa clique. C'est en effet parce que ce dernier n'a pas accepté de l'associer au pouvoir qu'il s'est retourné contre lui et a même tenté de le renverser. Aucun auxiliaire, de ceux qui ont servi le tyran déchu, n'a été aussi loin, dans la flatterie que R. Gannouchi. Il est le seul, à notre connaissance, à avoir soutenu, que Dieu et Ben Ali se partageaient respectivement le ciel et la terre, faisant ainsi du despote – ô quel sacrilège ! – l'émule terrestre de Dieu ! C'est cela que Nietzsche appelle « la démence, rare » selon lui, « chez les individus », mais qui serait « la règle dans un groupe, un parti, un peuple, une époque ». Ce jugement, dont la sévérité est évidente, nous semble rendre parfaitement compte de l'ambition politique envahissante de R. Gannouchi et du rôle désastreux que lui-même, et son parti, sont en train de jouer actuellement en Tunisie, sous couvert de légitimité électorale, périmée depuis le 22 octobre 2012.
S'il est nécessaire d'immuniser la révolution, il revient au seul peuple Tunisien, l'auteur de cette œuvre grandiose, de le faire. L'ANC n'est pas habilitée pour mener à bien une pareille tâche, tout d'abord parce qu'elle n'est pas aussi légitime qu'elle le prétend depuis qu'elle a failli outrageusement à ses engagements. Ayant dévoyé la mission pour laquelle elle a été élue, elle s'est octroyée des prérogatives abusives et est devenue, progressivement mais sûrement, l'instrument d'une dictature rampante, pire que celle abattue par le peuple le 14 janvier 2011. Il serait donc imprudent de donner aux islamistes revanchards l'occasion de sévir contre une grande frange de la population sous le prétexte oiseux qu'elle a été le fer de lance de la dictature. Si ce principe d'équité est quelque peu compréhensible, la procédure, quant à elle, est totalement vicieuse. R. Gannouchi et ses acolytes doivent reconnaitre que l'ANC n'est pas un tribunal et ne saurait, en aucune manière, se substituer à la justice. Ils doivent reconnaitre également que les islamistes font partie intégrante de ceux qui, d'une manière ou d'autre, se sont adaptés aux rigueurs de la dictature. Comme tout le monde, ils font partie intégrante de l'ancien régime et devraient donc répondre, comme, comme tout le monde, de leur collaboration, passive pour certains d'entre eux et active pour d'autres, avec le régime déchu. Les dossiers des victimes du despotisme, qui se recrutent dans toutes les familles politiques sans exception, devraient être étudiés cas par cas et non en vrac. C'est pour cela essentiellement que les islamistes ne sont pas habilités à jouer aux juges. Ce rôle revient de droit au peuple.
Voilà pourquoi un référendum s'impose !
Compte tenu du fait que les administrateurs de la révolution ne sont pas ses véritables auteurs, il serait bon que la loi d'immunisation soit dirigée contre les velléités de despotisme anciennes et actuelles. Il est donc indispensable que la priorité soit donnée aux acteurs en exercice qui composent une étrange et dangereuse coalition où se complètent harmonieusement la piétocratie, l'opportunocratie et la voyoucratie. C'est ce danger-là et non celui, illusoire de la dictature déchue, qu'il importe de neutraliser au plus vite. Le crime de cette redoutable coalition est d'avoir abusé de sa légitimité électorale – limitée dans le temps – non seulement pour prolonger son règne au-delà des limites légales, mais pour démanteler les fondements de l'Etat civil qu'elle a hérité de la dictature et lui substituer une odieuse théocratie moyenâgeuse. Il est de la première urgence de déjouer ce complot qui se trame contre la souveraineté du peuple tunisien. Ce dernier devrait intervenir directement pour mettre fin à la mascarade « parlementaire » qui se joue d'une ANC qui aurait dû disparaître depuis le 22 octobre 2012. Voilà pourquoi toutes les prérogatives que cette assemblée illégitime aurait prise entretemps ne traduisent pas du tout la volonté du peuple tunisien.
Et voilà pourquoi – il ne faut pas se lasser de le répéter – un référendum s'impose !
Compte tenu du fait que tout le monde, autrement dit le peuple au nom duquel parlent les immunisateurs, est complice de la dictature puisque, par son silence, sa collaboration passive et son pragmatisme, il a laissé faire et, dans une certaine mesure, profité des largesses du régime déchu. Il conviendrait donc, pour réussir le coup de l'immunisation, d'exclure le peuple dans sa totalité, surtout la frange – autrement la majorité écrasante – qui n'a pas volé au secours des islamistes qui ont souffert le martyre, et d'exclure ces derniers également pour avoir failli à leur devoir en ne prêtant pas main forte aux militants de gauche, lesquels, parce qu'ils ont osé les défendre et prendre leur partie, ont été traînés dans la boue. En somme, il devient impératif d'exclure les fonctionnaires de l'Etat parce qu'ils sont objectivement les complices de la corruption et de la tyrannie. Il convient également d'exclure les artistes, les intellectuels et les philosophes libres-penseurs parce qu'ils n'ont pas dénoncé suffisamment – ou du tout – la dictature et se sont cantonnés dans leurs cogitations stériles. Il importe de même d'exclure le personnel ecclésiastique, dont les imams des mosquées et les prédicateurs, avec à leur tête l'actuel ministre du culte, parce qu'ils se sont compromis ouvertement en s'abaissant à louer les mérites du dictateur. Certains d'entre eux, dont R. Gannouchi en personne, pour des considérations bassement politiciennes, ont poussé la flatterie jusqu'à la flagornerie. Il s'avère nécessaire enfin d'exclure les analphabètes, les arriérés mentaux, les indifférents, les bons vivants, les khobzistes, les poltrons et les hypocrites parce qu'ils ont été, eux aussi, plus que tous les autres, les supporters inconditionnels de la dictature et le réservoir où elle puisait les auxiliaires dont elle avait besoin pour durer.
Voilà pourquoi un référendum s'impose !
Il s'avère donc que la loi d'immunisation, pour être vraiment efficace, devrait frapper, en priorité, les artisans de la dictature insidieuse que les prétendus serviteurs et défenseurs de la révolution sont en train de mettre progressivement en place. Car il est désormais évident que les dangers que la clique théocratique, et ses valets, fait peser sur la révolution sont, de loin, plus graves que la dictature déchue toute entière. Il est curieux en effet que, deux ans après la chute du despote, il y ait aujourd'hui autant de gens qui regrettent son départ, voire qui souhaitent son retour. Ce déplorable état d'esprit est la conséquence directe de la mauvaise gestion dont s'est rendue coupable la nouvelle équipe gouvernante. C'est cet état-là qui constitue le véritable danger pour la toute jeune révolution tunisienne, et il serait salutaire, pour tous, de l'éradiquer au plus vite. Il est absurde de s'obstiner, sous prétexte de légalisme stupide, de récompenser les ratés. Ces derniers devraient céder leur place à plus compétents qu'eux et s'excuser des dégâts et des travers considérables qu'ils ont occasionnés. Le népotisme nous semble être l'un des plus pernicieux que la clique contre-révolutionne, sous des prétextes oiseux de justice révolutionnaire, ont pratiqué au profit des leurs. L'exemple du gendre de R. Gannouchi est, sans nul doute, le cas le plus exemplaire.
Voilà pourquoi, encore une fois, un référendum s'impose !
La dictature a été punie. Aujourd'hui, en dépit de toutes les fantasmagories de l'équipe gouvernante, il est bien attesté que l'ancien régime n'est plus. Par contre, les voleurs de la révolution, ses violeurs, ses suborneurs et ses débaucheurs sont, eux, là, et bien là. Ils tiennent les rênes et entendent les accaparer pour bien longtemps. Les déclarations de leur chef d'orchestre sont suffisamment explicites à ce propos. Leur crime le plus odieux est celui de détournement de république. Sous leur règne, prétendument légitime et mascaradement – j'invente, faute de mieux, cet adverbe – démocratique, ils ont réalisé l'exploit phénoménal de travestir la république en théocratie et, en fonction d'un éclectisme inepte et aberrant, ils entendent attenter à l'être même de la femme, asservir les hommes et déshumaniser l'ensemble du peuple tunisien. Au nom d'une révolution qui ne se reconnaît plus, ils ambitionnent de troupoyiser (réduire à l'état de troupeau, synonyme de panurgiser) – j'invente ces deux néologismes pour pallier aux carences du dictionnaire –, sous prétexte de le protéger, le peuple tunisien. Leur paternalisme de pacotille trahit le mépris que les islamistes en particulier vouent à leurs concitoyens, qu'ils assimilent tout simplement à des mineurs, des éternels mineurs qui auraient constamment besoin d'un bon père de famille pour veiller sur eux. Hier, c'était Bourguiba. Aujourd'hui, R. Gannouchi s'apprête à prendre la relève. Ben Ali, lui, conscient de ses limites, s'est astreint à son rôle de ripou.
Voilà pourquoi – je le répète au risque de vous lasser – un référendum s'impose bien !


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