"L'application des droits de la femme inscrits dans la nouvelle constitution est le principal défi à relever au cours de la période à venir", ont souligné à l'unanimité les participants au séminaire national sur "les droits de la femme dans la constitution de la deuxième République" organisé, jeudi à Tunis, à l'initiative du secrétariat d'Etat chargé des affaires de la femme et de la famille. Un grand nombre de députées de l'Assemblée nationale constituante, des représentants de la société civile et des spécialistes dans le domaine ont pris part à cette manifestation organisée à l'occasion de la célébration le 8 mars 2014 de la journée internationale de la femme. Salsabil Klibi, professeur universitaire de droit constitutionnel a indiqué à l'agence TAP que "la nouvelle constitution qui semble prometteuse doit être perçue comme une norme juridique obligatoire et contraignante". "La vraie révolution c'est dans la perception de la constitution qui doit être considérée comme étant une norme obligatoire dont le non respect doit engendrer une sanction qui sera prononcée par le juge", a-t-elle précisé. "Nous devons acquérir de nouveaux réflexes et prendre l'habitude d'aller devant le juge pour imposer le respect des droits et libertés énoncés dans la constitution", a-t- elle ajouté. Mme Klibi a souligné le rôle important de la cour constitutionnelle qui va contrôler le législateur dans la mise en application de la constitution par la loi. "Il s'agit également de mettre à niveau la législation actuelle par rapport aux nouveaux standards constitutionnels et de réviser les lois qui existent aujourd'hui afin qu'elles soient conformes à la constitution", a-t-elle indiqué. Mme Klibi a aussi mis en exergue l'importance de l'article 102 de la nouvelle constitution étant donné qu'il fait du juge le garant de la suprématie de la constitution. Neila Chaabane Hamouda, secrétaire d'Etat chargée des affaires de la femme et de la famille a souligné que la constitution est un grand acquis pour la Tunisie et son adoption avec un large consensus est venu démontrer que la société tunisienne est une société modérée et de de juste-milieu et que le peuple tunisien peut cohabiter quelles que soient les différences d'opinion. "Mais beaucoup reste à faire au niveau des droits de la femme qui doivent être appliqués réellement, sachant qu'actuellement plusieurs femmes notamment en milieu rural vivent dans la précarité, d'autres sont battues et sujettes de discrimination", a-t-elle fait remarquer. Farida Laabidi, députée à l'ANC a estimé que "la constitution a non seulement garanti la préservation des acquis de la femme mais stipulé la nécessité de les développer, en plus de l'inscription de nouveaux acquis importants qui visent à renforcer la présence de la femme dans les postes de décision à tous les niveaux politique, économique et social et à garantir l'égalité des chances et la parité". Souad Abderrahim, députée à l'ANC a souligné que les articles de la constitution ont été élaborés en tenant compte des propositions de toutes les composantes de la société civile notamment les associations féminines. Elle a fait remarquer que "lors de l'élaboration des articles concernant la femme, il y a eu d'importants obstacles liés à la mentalité patriarcale qui règne encore. Nadia Chaabane, députée à l'ANC a souligné que "l'inscription des droits de la femme dans la constitution a été confrontée à plusieurs obstacles, indiquant que des parties ont présenté à l'ANC, dès qu'elle a élue, des projets de loi "rétrogrades" telles que la possibilité d'avoir une deuxième épouse et la remise en cause du droit à l'avortement. "A un certain moment, notre défi se limitait à préserver les acquis de la femme tellement ils étaient menacés", a-t-elle souligné, appelant les femmes tunisiennes à être vigilantes et à protéger leurs acquis.