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Chronique, Le mot pour le dire : Au café des vampires !
Publié dans Tunivisions le 19 - 05 - 2014

X… et Y…, un couple, dans le style de Bouvard et Pécuchet, sorti directement d'un vieux grimoire ravagé du siècle dernier, hante aujourd'hui le monde des bienheureux de nos temps héroïques, dans la patrie d'Annibal et d'El-kahina qui se cherche encore une voie dans les dédales des lendemains qui déchantent. Pour ces deux sexagénaires, survivants d'un âge révolu, la lecture est une nécessité d'ordre biologique. Sans un ou deux gros pavés par mois (sans compter les magazines, les revues, les périodiques et les baveux de tous les jours), le bien-être de nos deux papivores s'en ressentirait dangereusement. Mais s'ils s'empiffrent goulument, l'un et l'autre, et à un rythme à peu près égal, les deux compères n'ont pas les mêmes goûts littéraires. X… raffole de tout ce qui a trait au fantastique et, en particulier, de celui, du genre hard, qui l'accable de frissons et de sueurs froides. Les romans de terreur font partie de son quotidien de rêveur invétéré. De Stephen King, James Herbert, Dean Koontz, Graham Masterton, Anne Rice et Fred Saberhagen, il parle comme de ses proches ou ses amis intimes. Y…, sans être vraiment un accroc de l'horreur, aime entendre X… parler des vampires, des loups-garous, des montres et de tant d'autres créatures des ténèbres. X… en parle si bien, et avec une fougue, une sincérité et une conviction telles, qu'il est arrivé, un jour, à Y… de penser que l'existence du surnaturel, dont raffole son compagnon d'infortune, n'est peut-être pas, comme semble le penser le pauvre X…, une simple fiction !
Y… (étonné) : Mais dis-moi X…, comment tu parviens à te pieuter après avoir ingurgité d'aussi grandes doses d'épouvante ? Tes cauchemars doivent se compter par milliers chaque nuit !
X… (riant) : Détrompe-toi mon cher Y…, mes cauchemars, c'est de jour que je les fais. Par exemple, en écoutant palabrer nos élus ou en lisant le compte-rendu de leurs exploits. Il ne se passe pas de jour sans que ces austères inquisiteurs ne se croient obligés de sévir. Cela me donne froid au dos, Y… Un jour, après qu'ils eussent épuisé leur réserve de ministres et de secrétaires d'Etat, et qu'ils aient bouffé leurs propres tentacules, comme le feraient les poulpes dignes de leur rang, ces pisse-froid s'en prendraient à moi ou à toi peut-être !
Y… (goguenard) : Les Dracula se seraient-ils échappés de leurs cercueils de papier ? Une telle perspective ne me déplairait pas du tout si toutefois ces sangsues acceptaient de…
X… (l'interrompant non sans humeur) : Si notre pauvre monde était peuplé seulement des Dracula et des Lestat, il…
Y… (le coupant à son tour, enthousiaste) : Il y a des moments où je me dis que, par les temps qui courent, la condition de vampire est ce qui me conviendrait le mieux. Avec la cape de Dracula sur les épaules, je ferais mourir de peur les élus qui désolent nos paysages. Seulement, j'aime pas trop les servitudes auxquelles est soumis le vampire, comme par exemple de devoir vivre seulement la nuit et de passer sa journée prostré dans un trou. Non, c'est très contraignant pour une nature expansive comme la mienne.
X… (dubitatif) : L'idée d'un Dracula qui se serait débarrassé de sa phobie ancestrale du soleil pourrait donc vous…
Y… (l'interrompant avec fougue) : Il faut viser encore plus haut, X… Imagine un peu que notre monde se mette soudain à grouiller de vampires. Dans les romans à la noix et les navets pour adolescents attardés, il est toujours question d'un vampire que les humains (riant), qui ressemblent si bien aux inquisiteurs de notre hémicycle, détruisent illico presto. Mais si les vampires se mettaient à se multiplier et, au bout d'un certain temps, devenaient aussi nombreux que nous autres, alors ils seraient capables de…
X… (riant) : Mais à quoi bon tout ce cirque, Y… ? Avec tes cortèges de princes des ténèbres, notre monde n'en serait que plus invivable !
Y… (sur un ton triomphal) : Pas si les ces nobles créatures, que la providence a dotées de l'inestimable don ténébreux, se mettaient à jouer aux justiciers. Qu'est-ce que t'en dis, X… ? Je tiens là l'idée d'un roman du tonnerre !
X… (dubitatif) : Un justicier suceur de sang ?! (dodeline de la tête ) Et si les vampires se rangeaient du côté de ceux qui n'en veulent qu'à notre sang ?
Y… (avec passion) : Ne devient pas vampire qui veut, X… Cet insigne privilège serait réservé aux opprimés, aux laissés pour compte, aux victimes des grenailles et à tous ceux qui rêvent toujours d'un monde meilleur. (Se frottant les mains) C'est génial, non ? Comme ça, aucun humain ne se risquerait plus à jouer à l'élu. Il n'y aurait plus personne pour enquiquiner la ministresse du tourisme ou le chef du gouvernement, plus personne pour ressasser des insanités affligeantes parce qu'il se croit investi…
X… (l'interrompant) : Et une fois décimée la race des oppresseurs et des bourreaux, que se passera-t-il ?
Y… (tout à son enthousiasme) : Imagine un peu cette scène extraordinaire, X… Sur la terrasse d'un café pour vampires, un client-vampire s'installe à une table et fait signe au garçon-vampire qui rapplique comme un coup de vent et demande au client ce qu'il voudrait boire. « Un zalam bien frappé, s'il vous plaît ! », répondrait ce dernier. Un autre commanderait « un contrerévolutionnaire à la menthe ! ». Une autre demanderait un « salafiste bien tassé, dans une coupe de vrai cristal ! ». Sa campagne de table se contenterait, elle, d'un « infect misogyne polygame enturbanné ! ». Oh là là, X…, je tiens là un filon du diable !
X… (riant aux éclats) : Et tu comptes mettre tout ce délire dans ton nouveau roman ?
Y… (continuant sur sa lancée) : Survient un élu de mine patibulaire, un troïkiste, qui n'a pas encore bien digéré son éclipse et dont le sommeil est troublé par des terribles scènes de bûcher. Lui, histoire de se vider de sa bile, crierait au garçon aussitôt installé à l'abri de la racaille : « Un technocrate bien glacé, et que ça saute ! » Quelques minutes après, il est rejoint par trois autres troïkistes revanchards et, de commun accord, les quatre alliés envisagent d'organiser un tournoi de belote. Pour travailler leur enthousiasme, ils décident de se payer ce que le café-vampire offre de plus cher, des « anglo-français à la grenadine » pour deux d'entre eux, un « allemand italianisé à l'eau de Salt » pour le troisième et « un israélien géant aux amendes » pour le dernier. Ne t'ai-je pas dit, X… que je tiens là une idée du tonnerre ?!
X… (du bout des lèvres) : Si tu es si sûr que ça, tant mieux pour ta gueule !
Y… (en délire) : « Bonjour m… », balbutierait le garçon-vampire en s'approchant à pas feutrés d'une table occupée par un fantôme tout enveloppé de noir. « M… désire boire quelque chose ? » Le/a client/e hésite un peu, et le garçon d'ajouter sur un ton obséquieux : « Je me permets de recommander à m… d'essayer notre laïc de fruits ». Le/a client/e dirait alors avec un petit gloussement de plaisir : « Va pour le laïc ! » (considérant son compère d'un regard chaviré) Avec quelques retouches par ci par là, on obtiendrait une scène fabuleuse ! N'est-ce pas X… ?
X… (sarcastique) : Tout ça est fabuleux en effet, mais tu dois penser à un café-vampire où on ne servirait que des rafraichissements nationaux. Comme ça, tu contentes le goûts de tous les illuminés et les puritains qui se targuent d'être les chantres du cataclysme du 14 janvier 2011, et tu t'évites ainsi le désagrément de te frotter à ceux dont le sang n'est pas aussi disponible que tu le crois !
Y… (véhément) : Un café pareil ne serait pas le bienvenu dans le roman d'un… d'un justicier de mon envergure. Moi, je tiens à te le rappeler X…, je prétends être le porte-parole des déçus, des désenchantés et des…
X… (l'interrompant brutalement) : N'empêche que tu dois penser à la vraisemblance avant tout.
Y… (désinvolte) : Non monsieur, je n'ai que faire de ta vraisemblance de pacotille. Quand il s'agit de donner la parole aux écorchés vifs, il importe de…
X… (avec irritation) : Tes monstres, assoiffés de pureté et de béatitude, tu leur donnerais quoi à boire quand tu aurais épuisé ta réserve d'israéliens sionistes, de yankees impérialistes et d'occidentaux cupides et véreux, à supposer que des denrées aussi chères puissent être servis aux démunis et aux nu-pieds dans un café-vampire minable du tiers-monde ?
Y… (abasourdi) : Zut, j'ai pas pensé à ça !
X… (provocant) : Il aurait fallu penser à tout avant de crier victoire. S'il est permis à tes monstres de l'intérieur de se bouffer entre eux jusqu'à ce que la Tunisie soit réduite en poussière, il n'est pas du tout permis à tes dingues de planter leurs canines voraces dans la chair de ces mécréants qui…
Y… (l'interrompant, décontenancé) : Que faire alors ?
X… (rigolant) : Laisse tomber Y… Ton idée de vampire-justicier, c'est de la frime mon vieux. Cherche-toi une occupation plus saine et moins coûteuse.
Y… (déçu) : Tu crois !
X… (sentencieux) : Il ne faut pas badiner avec le sang, mon pauvre ami. Voilà un bon conseil que tu ferais bien de murmurer gentiment à l'oreille des chevaliers de la table ronde du Bardo. Ça pourrait les calmer et nous éviter bien des misères !
Y… (écarquillant les yeux) : Tu crois !


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