On prend les mêmes, ou presque, et on recommence. En beaucoup plus ostentatoire, plus vulgaire et plus dégradant. Alcool, drogue, prostitution, adultère, corruption, violence, trafic d'organe, traite d'enfants, cupidité, frime, mensonge et déclin des valeurs. Cette année tous les ingrédients de l'indécence et de l'immoralité sont réunis dans les 2 fictions ramadanesques Mektoub 4 et Naouret El Houwa diffusées respectivement sur Attounissiya et Watania 1. La course effrénée à l'audimat a causé beaucoup de dégâts et la première victime est incontestablement le bon gout. Dommage que nos scénaristes et réalisateurs soient obligés de peindre la société avec les pinceaux du voyeurisme et la débauche pour attirer le plus grand nombre de téléspectateurs. Mektoub 4 serait-elle la suite de trop et Naouret El Houa serait-elle la copie impropre ? Nonobstant le jeu irréprochable de certaines têtes d'affiches comme Dhafer Elabidine, Meryem Ben Memi, Hamzaoui Med Amine, Fethi Haddaoui, Chakra Rameh et Atef Ben Hassine, la trame des 2 feuilletons est hélas dépourvue de génie créative et de recherche dramaturgique. La télévision doit avoir du sens. Elle doit divertir et non pervertir. Elle doit embellir la réalité et non l'enlaidir. Elle doit raconter des histoires et non les dénaturer. Elle doit être séductrice et non racoleuse. Mais au grand désespoir de nombreux observateurs, les plateaux télé servis cette année ont cette particularité d'êtres épicés par tant de débauche et d'obscénités et gras par tant de vulgarité et d'insolence. La rupture avec la morale et le bon gout est désormais consommée et nos faiseurs de télé, en panne d'imagination, se font maitres dans l'art du racolage et d'assemblage d'intrigues et de sketches. La vulgarité a supplanté le bon gout, le cynisme a remplacé la sensibilité, l'adultère et l'infidélité sont légendes, la violence est de mise, les rapports humains n'ont plus de sens, la morale est sacrifiée, l'argent sale coule à flot et la respectabilité est bafouée pour créer le buzz et faire du sensationnel. Nos faiseurs de télé ont décidé de tout ruiner dans ces fictions ramadanesques. Là où il fallait parler d'histoires amoureuses, de sentiments nobles, de vrais problèmes de société, de conflits de générations et de condition féminine, nos génies du paysage médiatique ont décidé de parasiter la réalité, de réduire la femme aux rôles de cupide, d'avide et d'infâme créature, de célébrer la médiocrité et de bafouer la méritocratie. Mektoub 4 a perdu de sa splendeur et de son charme et Naouret El Houwa s'enfonce dans la spirale de la surenchère de l'immoralité. Notre télévision est devenue folle et cruelle et nos créations ne consacrent hélas que le voyeurisme pervers, l'obscénité, la vulgarité, la violence et la grossièreté nauséabonde.