Dans un marché populaire de la banlieue Nord, une jeune dame, l'air pommé, se présente chez la marchande de volailles. -As-tu apporté les extraits de naissance des enfants et une copie de ton contrat de mariage? Lui demande la marchande -Le contrat oui, mais pas les extraits, réplique la dame. - Il faut le faire aujourd'hui sinon ça ne sera pas possible pour cette fois-ci, parce que « l'homme de l'association » passe tout à l'heure prendre la liste, tous les autres dossiers sont prêts, insiste la marchande. Au même moment, elle interrompt le désossage du poulet, sort de son sac à main un cahier d'écolier, et examine la « liste ». C'est alors que je lui dis sur un ton désinvolte : « je vois que tu changes de métier, et que tu as ouvert un bureau d'emploi? » -Non, me dit-elle, moi je fais juste l'intermédiaire entre les « faiseurs de bien » et les gens nécessiteux, les orphelins, les veuves, les femmes abandonnées qui n'ont pas de « wali » comme cette dame, son mari l'a quittée, et lui a laissé deux enfants en bas âge... -Et qui sont ces faiseurs de bien? -L'association du « hadith »: elle se charge de « l'éducation » des enfants, de À a Z, et donne à la mère une mensualité de 75 dinars pour toute la vie... - Tu as une idée sur cette association? L'origine de l'argent ? Les raisons de cet intérêt pour les enfants? - je n'ai aucune idée, moi je « repère » les gens qui ont besoin d'aide et je les mets en contact avec « l'homme de l'Association »....c'est tout... J'ai essayé d'expliquer à la marchande (une brave femme que je connais depuis des années) qu'elle est en train de contribuer à la mise en place d'une chaîne suspecte, qu'elle participe, sans le savoir (?), à l'endoctrinement de petits enfants et qu'elle nourrit l'islamisme radical et probablement le terrorisme.... Bouche close et visage fermé, la jeune dame écoute puis se retire sur la pointe des pieds. En rentrant je la croise, elle me fixe du regard et dit : « Je me doutais bien de la saleté de cette offre, car personne ne donne rien pour rien, mais la pauvreté est en train de tuer mes principes, TOUS mes principes »... Je suis restée sans voix devant tant de corruption et de misère, tant de naïveté et de lucidité...