J'ai écrit récemment, ici même, dans un article intitulé « Le Harak de Marzouki entre le flou suspect et l'incohérence inquiétante », que « depuis le lancement de l'idée, juste après l'échec électoral de 2014, ce mouvement annoncé n'a apporté aucun éclairage nouveau sur sa nature, sur ses statuts, sur sa dénomination même qui avait fait l'effet d'un slogan séparatiste divisant, arbitrairement ou idéologiquement, le peuple en citoyens (entendez les partisans de ce mouvement marzoukiste) et non-citoyens (ses adversaires)… » Peu de temps après, j'ai pu regarder une émission de télévision où A. Mansar, le principal chantre de cette mouvance et son porte-parole, peut-être même son théoricien, nous expliquait vaguement ce que cela représenterait en court-circuitant ses arguments par : « Quand vous lirez nos motions, vous comprendrez ». C'est à se demander si celui qui, très longtemps, n'a fait qu'expliquer les propos de l'ex-président provisoire, ne s'est pas soudain trouvé en difficulté pour expliquer ses propres idées. En attendant de lire ces motions peut-être, si intérêt il y a, l'impression que l'on a sur ce Harak n'a pas beaucoup changé et, plus grave, ses contradictions se confirment et sa nature fugace et insaisissable ne laisse plus de doute. J'ai particulièrement retenu, à partir des commentaires faits dans cette émission, avec d'ailleurs un fond de tension inexplicable (Heureusement qu'il y a le calme et la sérénité de Samir Ettaïeb !), que ce Harek va « laisser les associations jouer leur rôle, les partis faire leur travail, les citoyens agir en liberté, et la culture fonctionner en toute indépendance, surtout vis-à-vis du pouvoir ». Soit, mais dans l'ensemble de ces instances clairement définies, comment se situe le Harak et dans quel statut ? S'il est une association, il n'a rien de plus ni de moins que les milliers d'associations reconnues dans le pays. S'il est un parti, il n'est pas différent des autres partis, aux dimensions variées et aux effets différenciés. De quel pouvoir va-t-il donc user pour donner à ces instances des droits que personne ne leur conteste de par la constitution et les lois en vigueur ? Tout au plus peut-il prétendre, ce Harak, au vu des discours cultivés par ses initiateurs, au statut d'une association culturelle oeuvrant pour la sensibilisation à la culture de citoyenneté. Encore que, pour ce faire, il faille se prémunir soi-même d'une vraie culture de l'esprit de conversation, comme didactique de la démocratie véritable. Mais de cela, on ne voit pas apparaître grand-chose encore !