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Tunisie: Les régions et l'espoir d'intégration aux dynamiques économiques nouvelles

A l'ère du numérique dont les piliers sont la transparence et la confiance, à l'ère de la communication de masse basée sur la liberté et la responsabilité, l'appropriation de la “chose publique“, de l'action politique notamment par les jeunes est salutaire. Car très longtemps, on a cru qu'ils ont déserté le champ de l'expression politique, que les universités ne produisent plus les têtes citoyennes dont se nourrissait jadis le personnel politique au niveau des partis et des acteurs de la vie publique.
Ces derniers temps, ils nous prouvent le contraire. Sont-ils pour autant prêts aux débats contradictoires qui ont leurs règles de jeux à respecter? Sont-ils aptes à approfondir leur réflexion au point de percevoir les multiples facettes des problèmes auxquels ils sont confrontés aujourd'hui? Sont-ils en mesure d'accéder à la complexité des enjeux du développement d'un pays comme le nôtre?
La réponse est certainement oui pour une large majorité d'entre eux. Les enjeux à dimensions culturelle, historique, géographique, sociale, économique, démographique, humaine, psychologique et éthique auxquels notre pays est confronté aujourd'hui, à l'instar des pays de la planète entière, exigent des réponses de fond et jamais en surface, car la problématique du développement humain est par essence complexe. L'expertise dans les propositions et la précision dans les propos sont à ce niveau une exigence forte pour aller de l'avant, construire et assurer un meilleur jour à nos enfants, tous les enfants de la Tunisie, ce beau pays qui est le nôtre.
Il est proposé dans ce papier un diagnostic rapide de la situation des régions intérieures en Tunisie et des propositions concrètes pour répondre à l'impératif du développement régional équilibré, notamment sur le plan de l'emploi des jeunes diplômés issus de ces régions.
Cas classique de régions enclavées
La composition socio-économico-démographique des gouvernorats des zones frontalières est précaire: il s'agit d'une population installée plus âgée car nombreux sont les jeunes qui sont partis dans les zones côtières plus pourvues d'emploi, plus féminine à cause d'une inertie sociale encore vivace, plus pauvre car les ressources sont relativement faibles, moins instruite car les activités pratiquées sont moins exigeantes à ce niveau, moins bien soignée avec un nombre de médecins par habitant inférieur à la moyenne nationale, moins bien nourrie où les cas d'anémie chez les enfants sont assez fréquents, moins digitalisée car le réseau de l'ADSL n'est pas passé par-là d'une manière dense et de qualité, moins accessible aux grands bourgs malgré les efforts de l'Etat pour la réhabilitation des pistes rurales, des voies vicinales et routes locales -mais ce n'est pas toujours assez-, moins bien arrimée au système du planning familial car la taille des ménages est supérieure à la moyenne nationale, moins d'activités culturelles avec pas assez de ciné clubs, d'auditoriums, de théâtres..., moins de licenciés dans les associations sportives avec 1% des 9-34 ans contre une moyenne nationale de 2,8%, moins d'équipements collectifs que la moyenne nationale tels que les infrastructures universitaires (souvent mal entretenues, pas de chauffage, …), scientifiques, sportives, bibliothèques, loisirs,...
Dans ces régions, l'agriculture souffre de problèmes fonciers avec l'absence de loi de remembrement avec émiettements des parcelles, la productivité s'en ressent car la taille critique d'une exploitation agricole est au cœur de son rendement, avec une faible mécanisation et un recours limité à l'innovation. La réhabilitation du métier d'agriculteur n'est pas à l'ordre du jour, notamment chez les générations montantes avec le paradoxe d'un fort taux de chômage chez les ingénieurs agricoles tunisiens fraîchement diplômés, souvent d'origine rurale. Les rares parcelles rentables appartiennent à des grands groupes financiers ou de grands investisseurs qui, le plus souvent, ne sont pas issus de ces régions. Si sur le plan macroéconomique cela est efficace, cela permet même d'atteindre le seuil de compétitivité requis, sur le plan régional et individuel la richesse semble fuir les plus concernés, la population “autochtone“, et alimente le ressenti d'une richesse mal distribuée, perpétuant ainsi, pour certaines positions extrêmes, le comportement colonial.
Quant à l'industrie, malgré l'effort de l'Etat, il est extrêmement rare de trouver une zone industrielle aménagée répondant aux standards internationaux dans ces régions sauf quelques poches çà-et-là telles que Gafsa qui dispose d'un outil industriel opérationnel et répondant aux exigences internationales avec des locaux aménagés pour faciliter la décision de délocalisation des entreprises étrangères notamment.
Le tourisme, malgré un potentiel considérable, demeure le parent pauvre de ces régions.
Sur le sujet du management territorial dans ces régions, la gouvernance régionale semble défaillante, affectées par des pratiques s'apparentant souvent à des formes de clientélisme et au favoritisme mesquin notamment au niveau le plus bas de la division administrative. L'absence de décentralisation effective ou de déconcentration sincère des décisions empêche tout marketing territorial avec une incapacité des collectivités locales à s'ouvrir sur le monde. A titre d'exemple, la région française du Languedoc-Roussillon ne peut pas établir directement des liens sous forme de jumelage, de partenariat privilégié favorisant les délocalisations dans les régions intérieures ou la circulation de compétences (l'emploi des jeunes diplômés dans ces régions pourvoyeuses de travail…).
A l'heure où on parle de compétitivité internationale et de capacité d'attraction des IDE par les régions, l'échelle de nos 24 gouvernorats semble trop petite pour faire face à des régions telles que la Catalogne ou la Provence-Alpes-Côte-D'azur. Le personnel des collectivités locales n'est pas suffisamment formé à l'agressivité économique pour les intérêts de la région et des communautés qui y vivent, exigée par les temps qui courent.
La prospective d'occupation de l'espace traduite par la stratégie nationale d'aménagement du territoire, la stratégie nationale d'aménagement rural, les schémas directeurs d'aménagement des régions sont malheureusement en perte de vitesse.
Cette vision globale, systémique, stratégique est de plus en plus sacrifiée à l'autel du pragmatisme de marché. L'homme et sa relation à l'espace semble, pour un temps, oublié en l'absence d'une politique claire liée à l'aménagement du territoire et l'urbanisme qui visent le développement équilibré et harmonieux des différentes régions du pays en œuvrant sur le bien-être partagé sur l'échelle de l'individu et de la communauté.
L'intégration des régions aux dynamiques économiques nouvelles passe par l'aide publique et l'action du secteur privé
Parce que la Tunisie et les Tunisiens, historiquement, n'aiment pas le dissensus et préfèrent le consensus à la division, parce que la Tunisie est parcimonieuse dans son ADN, progressant par étapes, à pas mesurés, sans bling-bling ni fioritures, avec rationalité et persévérance, des solutions quant à la question du développement de ces régions sont à trouver dans une logique de sérénité et de construction.
On assiste, en effet, à un cas assez classique dans l'histoire contemporaine de l'humanité de régions enclavées, laissées de côté, sans espoir apparent d'intégration aux dynamiques économiques nouvelles. Dans ce cas, il faut faire de l'aide publique, il n'y a pas le choix, mais aussi le secteur privé, celui-là qui a trop longtemps été protégé par l'Etat et qui s'est constitué une rente au fil des ans.
Le rôle de l'Etat est de donner de l'espoir aux populations concernées et aux entreprises dont le but est, certes, de faire du profit, mais elles sont conscientes aujourd'hui et plus que jamais que l'entreprise est avant tout un fait social, sa pérennité passe par son devoir citoyen, donner et recevoir, c'est la règle.
L'Etat est amené à préparer les conditions d'encouragement de l'investissement privé à capital local, international ou mixte, dans les régions. Cela passe par l'amélioration rapide et à effet immédiat de l'infrastructure routière, technologique et l'aménagement de zones industrielles par les travaux VRD et la construction de locaux industriels prêts afin d'accélérer le processus d'établissement dans ces zones.
Les derniers prêts consentis auprès de la BAD (Banque africaine de développement) et de la BEI (Banque européenne d'investissement) vont dans ce sens.
Certains groupes privés ayant vécu sur la rente du protectionnisme de l'Etat depuis les années 60 et 70 ont certainement des projets d'extension de leur capacité de production à l'ordre du jour. La priorité absolue doit être faite dans les régions. Cela est possible par l'amendement de la loi de finance de 2011 et prévu dans le nouveau code des investissements qui va voir le jour cette année.
La discrimination positive devrait aller dans le sens où les sociétés de services aux entreprises, les sous-traitants et les salariés générés par ces implantations seraient originaires de la zone d'investissements. La Tunisie, de par le passé, a connu de telles dispositions afin d'équilibrer le développement, à l'instar de l'acte d'ouverture d'agences bancaires ou d'une station de services dans les grandes villes qui devaient obligatoirement être accompagnées par des ouvertures dans des bourgs plus petits, au nom du développement solidaire.
Le principe républicain et constitutionnel de l'indivision en Tunisie est sacré, il doit être davantage ancré dans tous les esprits de tous les citoyens, toute référence régionaliste ou tribale est à bannir, voire à punir. Toutefois, la refonte du rôle des conseils régionaux, leurs prérogatives, leurs compositions demeure certainement d'actualité pour plus d'efficacité dans la gestion de la région, une meilleure anticipation des besoins en développement humain et un suivi optimal des réalisations sur le terrain des décisions centrales.
Pour effacer les particularismes locaux, sources d'éventuelles formes de clientélisme et afin de donner une capacité d'attractivité supérieure des territoires, il est à reconsidérer le découpage administratif actuel en optant pour de vraies grandes régions, six en tout, grand Tunis (Tunis, Manouba, Ariana et Ben Arous), le Nord-est (Bizerte, Nabeul, Zaghouan), Nord-ouest (Beja, Jendouba, Siliana et Le Kef), le Centre-est (Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax), le Centre-ouest (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) et le sud (Gafsa, Gabes, Tozeur, Kébili, Tataouine, Médenine), voire un autre découpage régional imposant la présence d'un gouvernorat continental et un gouvernorat côtier au minimum dans chaque région tout en gardant la subdivision actuelle en 24 gouvernorats à un niveau plus bas de la division administrative. L'infrastructure régionale devient alors l'affaire des régions, qu'elles soient de base, sportives, culturelles et éducatives (niveau lycée). Une propre communication et marketing régionalisé pour une attractivité et une compétitivité territoriale assumées et issues des régions afin de réaliser l'émulation nécessaire en intra pays et vis-à-vis d'autres de régions étrangères concurrentes (Catalogne, Tanger, Emilie).
L'espoir est permis! Le succès est en nous!
Il est illusoire de voir les choses changer du jour au lendemain. Pourtant, l'espoir est permis, celui de voir les décisions bouger dans le sens d'un rééquilibrage volontariste de par l'appareil de l'Etat au niveau des régions. Les dernières mesures prises en faveur de l'investissement régional prouvent que cela est possible. Avec l'Etat et son administration, le secteur privé et la société civile sont amenés à mettre la main à la pâte pour un développement harmonieux et sans heurts de notre Tunisie, qui ne supporterait pas l'effet d'une crise profonde, génératrice de lendemains obscurs.
Au nom des personnes qui se sont sacrifiées pour ce pays, la jeunesse doit garder raison et reprendre un optimisme agissant et constructif. Cet appel ne puise pas sa source dans une frilosité bourgeoise convenue et conformiste; non, pas du tout, elle puise son inspiration d'une envie puissante, comme tout Tunisien, de voir son pays prospère, égalitaire, juste, où il fait bon vivre pour les générations à venir. C'est un appel qui part d'une conviction forte: le succès est en nous! Tous autant que nous sommes, à toutes les échelles de la société tunisienne et à tout âge. Ce succès ne peut être que collectif, car le succès individuel est vain et non pérenne.


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