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Vers une démocratie électronique ?
Politique et Internet :
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 06 - 2010

Evoquer l'idée de démocratie électronique peut paraître étrange, notamment parce que cela concerne une opération traditionnellement scénarisée avec des règles précises et empreintes d'une certaine solennité. Cela fait penser à une image de science fiction où des machines, enregistrant des positions d'internautes, remplacent la cérémonie traditionnelle du bureau de vote où des électeurs se retrouvent pour déposer, dans une urne, un bulletin papier, afin d'exprimer un choix politique, à l'occasion d'une élection organisée. Pourtant, on peut aisément comprendre que la dématérialisation de nombreuses activités puisse naturellement gagner le processus électoral, au même titre que la dématérialisation des relations des administrés avec leurs administrations ou la dématérialisation des relations économiques et commerciales.
Mais, la démocratie électronique ne se résume pas au remplacement des techniques pour le vote. Il s'agit d'une démocratie qui dispose d'un environnement électronique et numérique agissant sur elle et lui ouvrant de nouvelles perspectives pour son fonctionnement général. Donc, un nouvel ordre numérique se construit sous nos yeux. Il influence tous les rapports humains, aussi, donc, le fonctionnement de nos démocraties. Cet ordre s'inscrit dans ce que plusieurs auteurs nomment le « troisième âge de la démocratie électronique », dans la mesure où l'idée de démocratie électronique n'est pas apparue avec l'Internet, mais s'est développée progressivement, depuis la Seconde Guerre mondiale et l'invention de l'ordinateur : les années 1950, la cybernétique et la machine à voter, les années 1970, les réseaux locaux et la télédémocratie et les années 1990, l'Internet et la cyber démocratie.
Vecteurs de la démocratie électronique
La démocratie électronique n'est possible que grâce, d'abord, à des innovations et des changements techniques, c'es-à-dire grâce à l'évolution permanente des matériels informatiques et de leurs interconnexions. Ainsi, la mise en réseau des ordinateurs dans le monde, l'accélération des connexions de type ADSL, la création du Web et le développement de puissants moteurs de recherche constituent des exemples de ces innovations fondamentales, très rapidement adoptées par une foule d'utilisateurs dans le monde. Ces différents changements techniques ont pour principale conséquence l'abolition des frontières entre les différentes technologies de l'information, de la communication et de télécommunication.
La démocratie électronique repose, ensuite, sur des changements d'ordre économique. En effet, l'économie mondiale est marquée par les impressionnants succès des marchés informatiques, des créateurs de logiciels ou du commerce électronique. A ce titre, les bourses ont mis en place de nouveaux indices permettant de mieux identifier l'économie numérique du type Nasdaq, comme à la Bourse de New York. Mais surtout, de grandes fortunes mondiales, malgré la crise actuelle, se sont construites souvent dans le domaine de l'informatique et de ses dérivés. Bill Gates en est l'illustration la plus emblématique, même s'il n'est plus le seul dans ce cas, y compris comme homme le plus riche de la planète de 1996 à 2007. De ce fait, on peut comprendre qu'être implanté dans l'économie numérique est devenu un enjeu incontournable pour tous les pays qui veulent compter. Les Etats rivalisent d'initiatives pour créer les conditions du développement, notamment de l'économie numérique. Ils adoptent des mesures de politiques publiques pour généraliser l'accès au haut débit, afin de favoriser l'avènement d'une « République numérique ».
La démocratie électronique se fonde, enfin, sur des changements d'ordre social. A cet effet, l'informatique et ses développements ne sont plus l'apanage des spécialistes et le grand public s'empare également de ces nouveaux outils. Il consomme de plus en plus de produits multimédias. Ainsi, le nombre de possesseurs de téléphones portables ou cellulaires, d'ordinateurs multimédias ou de connexions sur Internet augmente sans cesse. L'appropriation sociale de ces techniques est permise par le développement des sites et des services électroniques. Ces sites ont évolué en fonction des évolutions du Web. Si la première génération du Web donnait une communication unilatérale relativement classique, le Web 2.0 a permis le développement de l'interactivité. L'influence sur nos vies est telle que les psychiatres nous expliquent même comment penser, aimer et souffrir à l'ère des nouvelles technologies. En effet, de nouvelles pratiques sociales sont apparues, par exemple, avec les réseaux sociaux comme « Facebook », qui favorisent l'émergence de nouvelles relations entre les individus. Compte tenu de leur capacité d'interactivité, ces sites peuvent permettre de faciliter l'organisation et le déclenchement de manifestations, d'abord, virtuelles et, ensuite, bien réelles. La vie démocratique peut être transformée par l'usage des réseaux sociaux qui tissent des liens d'une autre nature que ceux qui existent de manière plus classique, comme l'a montré la campagne électorale présidentielle américaine en 2008. L'actuel Président américain, Barak Obama, a, d'ailleurs, réuni de très nombreux soutiens, très concrets, via le site « Facebook ».
Nouveaux espaces de liberté pour la démocratie électronique
Face au développement d'Internet et du Web, il s'agit ni de tomber dans une sorte de dévotion béate, ni dans une inquiétude excessive, mais de rester lucide et déterminé. La société numérique est nécessairement ambivalente. Il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit que de technologies de l'information. Elles ne véhiculent, donc, pas forcément, en elles-mêmes, un projet de société démocratique et il n'est pas certain que l'on puisse affirmer, sans exagération, «qu'Internet est un outil républicain», ou «qu'Internet est progressiste». Tout dépend, en fait, des usages de ces nouveaux outils. Ainsi cette cyber société a une part de lumière, mais aussi une part d'ombre souvent beaucoup moins enthousiasmante, voire très inquiétante. Les technologies à l'œuvre peuvent être utilisées aussi bien pour accroître les libertés que pour les réduire, car le contrôle social est rendu plus facile aujourd'hui qu'hier, comme le montrent les technologies de sécurité et de surveillance. Le secret de la vie privée semble céder la place à une forme de transparence des individus qui s'exposent sur la Toile. Ainsi, par exemple, le secret de l'isoloir pour le vote est-il réellement possible à maintenir avec des supports électroniques ?
Les technologies de l'information ouvrent de nouveaux espaces de libertés pour l'épanouissement de la démocratie. Le terme «nouveaux espaces» apparaît adapté, car il correspond bien à la nature de l'offre d'Internet, y compris dans la dimension virtuelle. La liberté de s'informer n'est plus freinée par les limites physiques du matériel. Tout citoyen qui le souhaite peut s'informer aux bonnes sources, nourrir sa compréhension de son environnement et se former un jugement pour mieux contribuer à une décision individuelle ou collective. Cela peut faire de lui alors un vrai citoyen informé. Les technologies de l'information jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de la démocratie parce qu'elles mettent à la disposition des citoyens de plus en plus d'informations sur les sujets les plus divers.
La génération du Web 2.0 va même au-delà, puisqu'elle offre une plus grande interaction aux internautes. La liberté de communiquer est amplifiée par le mail, le blog ou le forum. Une nouvelle forme «d'agora» apparaît et renforce l'expression démocratique. On évoque alors le passage des mass media aux médias de masse. L'expression et la communication d'un grand nombre d'internautes donne une vie renouvelée à la démocratie. Or, on sait bien que la qualité des citoyens fait la qualité de la démocratie : un citoyen mieux informé, s'exprimant plus, ne peut que mieux contribuer au bon fonctionnement de la démocratie.
Les technologies de l'information constituent, donc, de nouvelles chances pour la démocratie en termes de participation. Ces nouveaux outils facilitent la circulation d'une nouvelle sève nourricière pour l'expression démocratique. Par un usage adapté, ils peuvent ainsi stimuler et renouveler la démocratie représentative contemporaine dans un contexte de crise de la représentation. Ils autorisent ou facilitent l'avènement d'une démocratie participative complémentaire de la démocratie représentative. Dans le même sens, des modalités de «e-gouvernement» et de «e-administration» se mettent en place et créent de nouveaux modes de fonctionnement des démocraties et de leurs administrations. De ce fait, la communication entre les administrés et l'administration prend aussi une forme virtuelle. L'administration électronique est aujourd'hui une activité bien réelle. Le service du public peut être augmenté par un usage très large des technologies de l'information et de la communication qui ne sont pas limitées par les horaires d'ouverture des services. Les gouvernements sont aussi obligés de mieux tenir compte de la généralisation de l'usage de l'internet pour mieux gouverner et pour mieux faire comprendre leurs politiques, même si on sent bien qu'on est encore au début de ces transformations électroniques dans ce domaine.
Les défis de la démocratie électronique
Ce processus de rénovation démocratique n'est, cependant, possible qu'en fonction d'un bon usage de l'internet, de ses services ou de ses sites. En effet, la généralisation du numérique pose de nouveaux défis à la démocratie. Ces défis sont de trois ordres.
Le premier défi réside dans le fait que ces technologies peuvent changer des habitudes, mais ne modifient ni la nature humaine, ni celle des Etats. Ces nouveaux outils sont introduits dans des sociétés qui continuent à avoir des comportements déviants de toute nature. Internet permet d'en démultiplier les nuisances sociales. Il rend même plus faciles, voire plus efficaces, tous les types de comportements délictueux ou criminels. On peut citer, en exemple, les sites pornographiques, surtout pédophiles, mais également le commerce électronique de faux médicaments, de drogues illicites ou d'armes de toute nature, sans oublier aussi les sites révisionnistes, racistes ou d'incitation express à la violence. Les atteintes à la dignité humaine peuvent même être facilitées. Les démocraties se doivent alors de lutter avec équilibre, énergie et efficacité contre la cybercriminalité.
Le deuxième défi réside dans la mise en place de réglementation ou de régulation adaptées aux usages d'Internet, afin que les droits et les libertés soient aussi respectés dans ce cadre. En même temps, les régulations, souvent construites pour des activités matérielles ou des écrits, peuvent se révéler inadaptées au monde numérique et virtuel. La réglementation de l'éphémère et du virtuel n'est pas juridiquement très facile. Le droit a, surtout, été conçu pour des phénomènes concrets et non virtuels. Le contrôle juridique a besoin de temps pour s'adapter : l'éphémère est dans une autre logique, ses preuves aussi. Par ailleurs, le droit national s'arrête toujours aux frontières des Etats. La société numérique est très rapide, le juge est lent et la loi met du temps à s'appliquer. Cela suppose la recherche de réglementations adaptées aux technologies et à leur usage, comme les notions de régulation collective ou de forum des droits sur Internet.
Le troisième défi est celui de la construction d'une véritable citoyenneté numérique pour éviter l'apparition de nouvelles inégalités face à la société numérique, donc, son accessibilité au plus grand nombre. La cyber société est loin d'être accessible à tous et une fracture numérique peut accentuer la fracture sociale. De nouvelles exclusions sont possibles. Tout le monde n'a pas encore accès à Internet même si les statistiques parlent, aujourd'hui, de plus d'1,6 milliard d'utilisateurs. De nombreux habitants de la planète sont exclus de ces dispositifs et, par conséquent, ne peuvent profiter du développement des services Internet, donc, de la démocratie électronique. Et même dans les pays développés, beaucoup de citoyens restent hors du système numérique. La question de l'accès est, donc, essentielle au regard même de la démocratie. Mais, au-delà de l'accès, il s'agit de fabriquer aussi une cyber citoyenneté.
Conclusion
On sent bien qu'une cybersociété réellement démocratique suppose l'éclosion de cyber citoyens respectueux de la liberté des autres et soucieux d'affirmer et de défendre leurs droits et leurs libertés. L'épanouissement de la démocratie dans un environnement numérique ne peut pas se réaliser seulement au travers de la généralisation de techniques de plus en plus sophistiquées. Il n'est possible que par des régulations adaptées à ces nouveaux outils qui en contrôlent les usages.
La démocratie contemporaine vit, donc, à l'heure de la société de l'information. De réels bouleversements et de nouvelles pratiques apparaissent dans les rapports des citoyens avec le ou la politique. Cela est d'autant plus logique que la démocratie repose surtout sur un processus de communication entre les gouvernés et les gouvernants. La communication démocratique en est ainsi accélérée.


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