Lorsqu'un ami proche me propose de faire le portrait de Leila Ben Ali Trabelsi pour la fête de la femme, j'ai ri jaune. Et puis encore! Non pas que je la méprise moins que d'autres. Une version au vitriole a vite gambadé dans mon esprit. Mais c'était lui faire trop d'honneurs! Son nom est maudit par les Tunisiens et les Tunisiennes. Que demander de plus! La voir jugée. Sûrement. Mais franchement je n'ai plus de temps à perdre. D'autres s'en occuperont. D'ailleurs, je compte sérieusement sur eux. Toutes celles qu'elle et ses semblables n'ont pu corrompre par l'argent, l'arrivisme et l'opportunisme sont aujourd'hui heureuses et soulagées de ne pas lui être assimilées. C'est à celles-ci qu'il est urgent de penser. Les Tunisiennes en ce jour de fête internationale de la femme doivent regarder devant pour bâtir demain. Elles restent vigilantes et surveillent leurs arrières pour se prémunir des toutes les forces obscures qui pourraient les entraîner, attirer ou pousser vers des précipices glissants. En ce premier 8 mars de liberté, est-il utile de se sentir plus fière? Assurément. Les femmes ont été de tous les combats pour cette révolution. Etre Femme et Tunisienne est une fierté en soi. Une évidence pour le monde entier désormais. Une attitude, une façon d'être, de penser et de s'identifier qui restent singulières dans une région du monde où les pressions sociétales sont encore assez lourdes. Celles qui comme moi aujourd'hui ont 40 ans sont les filles de mères soixantenaires. Mères et filles n'ont jamais connu la vie sans le Code du Statut Personnel(CSP) prenant leurs acquis pour irréversibles. Peutêtre même que par moment, elles n'en n'ont pas mesuré toute la portée. Il faut reconnaître que celles et ceux qui ont pensé que ces droits ont aussi servi d'alibi à un pouvoir qui réussissait même à dénaturer les causes les plus nobles avaient aussi raison. Ceux qui considéraient que la question de la Femme en Tunisie a été instrumentalisée pour cacher des maux bien plus graves refusant de se complaire dans «l'exception tunisienne» n'ont jamais cessé leurs revendications. Des requêtes concernant l'égalité dans l'héritage mais aussi dans la liberté d'expression, la dignité Aujourd'hui, la voie est ouverte pour la parité et l'égalité autant dans la vie politique que sociale. Les femmes, battantes qu'elles sont, sauront être bâtisseuses. Ces revendications sont plus que jamais d'actualité. Comme elles ont su recouvrer leur dignité de citoyenne, les femmes tunisiennes sont bien décidées à en découdre avec cette inégalité qu'elles ne veulent plus porter comme une malédiction éternelle. En jour de fête, il n'est question ni de s'alarmer ni de crier victoire. Le chemin reste ardu mais on ne peut s'empêcher d'avoir des pensées pour ces hommes qui ont cru qu'une société ne pouvait s'épanouir qu'avec l'équilibre des forces et de ses ressources humaines. On ne peut s'empêcher de penser à Cheikh Djait, à Tahar Haddad, à Fadhel Ben Achour, à Bourguiba