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Ménages - 16 mille mariages ; 9127 divorces : Risques de banalisation ?
DOSSIER
Publié dans Le Temps le 19 - 04 - 2010


• 48,30% à cause de problèmes sociaux
• 22,70% à cause de l'inaptitude à la conception
• Adultère, jalousie à hauteur de 15,80%
• Problèmes matériels : 13,20%
La Tunisie est classée quatrième à l'échelle mondiale en matière de divorce et est en tête de liste dans le monde arabe. C'est effrayant pour certains, exagéré pour d'autres.
Plusieurs diront que la société de consommation que nous sommes en est la cause, le mariage devient un simple produit qu'on consomme comme un autre et dont on s'en débarrasse facilement. Les gens d'âge mûr diront que les jeunes d'aujourd'hui ne font nullement de concessions. Ils veulent que leur vie de couple soit un compte de fée, le cas échéant, ils laissent vite tomber. On dira également que le libertinage de notre société, tarde le mariage et facilite le divorce.
Le divorce est-il si banalisé en Tunisie ? Sommes-nous vraiment ce peuple qui ne se sent pris par aucun engagement et qui peut facilement le rompre une fois que le lien ne lui rapporte pas ce qu'il veut ? Les liens familiaux sont-ils devenus si fragiles chez nous, que cela soit au niveau du jeune couple ou alors des deux familles qui n'interviennent plus comme jadis pour faire raisonner les deux parties et les ramener à de meilleurs sentiments ?
Notons que la Tunisie compte aujourd'hui 1.700.000 femmes célibataires. Pourtant le célibat semble ne plus effrayer comme avant, ni être un frein à l'envie de divorcer. En 2006, nous avons enregistré 11.576 divorces pour 70.000 mariages. L'année 2007 a marqué 12.557 divorces dont le taux le plus élevé s'est partagé entre Tunis, Sousse et Sfax et en 2008, il y a eu 9.127 divorces pour 16000 mariages.
Seulement, il est essentiel de tempérer les statistiques, surtout par rapport aux autres pays arabes, sachant que notre pays est parmi les rares qui accorde le droit de demander le divorce à la femme. Ce droit, presque interdit dans d'autres pays contribue énormément à la place que détient la Tunisie dans le monde arabe en matière de divorce, où seul l'homme a le droit de répudier, et du coup, nous pouvons imaginer le nombre de femmes voulant quitter leur mari, mais obligées de rester. Elles atteindront peut-être des milliers de personnes.
Mais si la loi a accordé à la femme tunisienne ce droit fondamental pour sa liberté d'existence, la société s'y plie-t-elle vraiment ? On a beau constater le grand nombre de femmes divorcées, mais cela élimine-t-il le fait que l'entourage reste intolérant par rapport à leur statut ?
Nous avons pris ici les témoignages de femmes ayant divorcé ou voulu le faire. Nous citons celles dont ce choix leur a coûté très cher, sans même qu'elles atteignent le but, et celles pour qui la décision a aussitôt été mise en exécution, sans peur, sans pression, sans hésitation et avec le soutien de leur famille.
Hajer AJROUDI
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L'avis du sociologue : " Les problèmes sociaux interviennent à 48.30%"
Pr Slaheddine Ben Fradj, sociologue, cite néanmoins " l'incompatibilité d'humeur d'un couple comme étant parmi les causes du divorce en Tunisie.
Les problèmes sociaux interviennent à 48.30%, l'inaptitude à la conception à 22.70%, les problèmes sexuels dont l'adultère et la jalousie à 15,80% alors que les problèmes d'ordre matériel sont à 13,20%. "
(Source : http://www.babnet.net/rttdetail-14536.asp)
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Témoignages
Lamya, 30 ans : " Divorcer a failli me coûter la vie "
" Je me suis mariée l'été dernier suite à une histoire d'amour qui a duré plus de dix ans. Je me suis vite rendue compte qu'aimer était une chose, mais découvrir la vraie personne qu'on aime en est une autre. Non seulement il était accro à la boisson, mais le silence était souvent de rigueur chez nous. Nous n'arrivions pas à communiquer et pis encore quand j'évoque n'importe quel sujet, il trouve le moyen de trouver d'autres significations à mes mots et ça tourne à l'engueulade, parfois aux accusations injustes. Je ne dirais pas qu'il est mauvais, mais que nous étions incompatibles. J'ai essayé d'impliquer ma famille et la sienne, rien à faire. Aucun de nos problèmes n'avait été vraiment évoqué ou résolu. J'ai entrepris, seule, une procédure et ça a été la crise. Tout le monde me culpabilisait. J'étais la seule fautive, de la sorte, il devenait la victime et d'ailleurs il savait bien jouer ce rôle. Mes parents m'ont mis au pied du mur, et m'ont menacé de me renier si jamais je divorce ! Quelques jours avant que je ne comparaisse devant le juge pour me prononcer si je tenais ou j'annulais la procédure je me suis senti prisonnière. Je ne voulais plus vivre avec lui, mais il fallait que j'annule sinon je perdrai ma famille. Quoi faire ? Mettre fin à ma vie ! Comme ça je n'aurai plus à subir sa présence et je n'allais pas les désobéir mes parents. J'ai pris des cachets, autant que je pouvais et je me suis étendue. Le destin avait décidé autrement pour moi. Une cousine venait par hasard me rendre visite, je ne lui ai rien dit, mais comme les cachets étaient des somnifères, elle a commencé à constater qu'il y avait quelque chose d'anormal. Face aux questions dont elle me pressait avec, je me suis effondrée et je lui ai avouée que j'avais choisi ma route... je commençais déjà à perdre conscience, je l'ai suppliée de ne pas me porter secours, mais à mon réveil, j'étais à l'hôpital. Mon mari est d'ailleurs venu ivre, comme à ses habitudes. Mon oncle a appelé mes parents le jour d'après et leur a expliqué que si j'en suis arrivée là, c'est qu'il était inutile de me faire trop de pression pour que je reste avec mon mari. Ils m'ont donné leur accord, j'attends qu'on prononce mon divorce, mais je ressens l'amertume et la tristesse de mes parents. Je vis avec, j'espère alors que le destin me réservera des jours meilleurs et qu'avec le temps tout s'estompe ".
Selma, 31 ans : " Je finis toujours par lui revenir "
" J'ai vécu tout un an taraudée, éreintée par les insultes, le doute et la jalousie de mon mari. Il contrôlait mes appels, me suivait quand je sortais, me traitait de tous les noms et je laissais passer. La première fois que je l'avais quitté c'était suite à une scène de violence intolérable. Je rentrais du boulot et au lieu de prendre le bus, un cousin m'avait déposé. Mon mari était là au balcon à me guetter comme d'habitude, je le savais et je n'avais aucune mauvaise intention pour me cacher. Mais dès que je fus à la maison, une dispute s'est déclenchée. Un jour après, c'était le passage à tabac. Il m'a cogné la tête contre le mur à plusieurs reprises, m'a menacée avec un coteau, et m'avait mise dans la voiture. Prise de panique je me suis enfuie en courant, la nuit en pyjama et je me suis réfugiée chez une amie. Je suis partie le lendemain chez mes parents. Au bout de quelque temps, j'avais senti que mes parents souhaitaient que je revienne chez moi. L'idée que ma vie fut en danger et que malgré cela, ils pensent encore au soi-disant " stabilité du couple " m'avait mise hors de moi, je me suis senti abandonnée et seule. Je suis revenue vers lui. De son côté, son mauvais comportement ne changea pas d'un iota. Au bout de quelques mois, je l'ai quitté encore une fois décidée à demander le divorce. Seulement et après un deuxième séjour chez mes parents, j'ai vite constaté leur peine. Je savais qu'au fond, ils souhaitaient me voir rester avec lui. D'ailleurs, il se montre bien intentionné devant eux, ils sont convaincus qu'il me traite bien, je me suis alors résignée et me voilà de retour. Depuis, je vis au jour le jour, je vis juste avec le statut d'une femme mariée, dans le fond, je n'en ressens rien... "
Douja, 32 ans : " Je l'ai aimé depuis le lycée, j'ai décidé le divorce après un mois de mariage "
" C'est surtout mon mariage qui a posé problème avec mes parents. Ils n'ont pas approuvé mon choix, j'étais universitaire, lui il avait arrêté ses études au lycée. Seulement je l'aime depuis que j'étais adolescente. Résidant à l'étranger, j'ai dû partir pour vivre avec lui une fois le mariage conclu. Cela m'a encore éloignée de mes parents, par contre sa famille était présente. Elle ne m'a point épargnée, je ne sais si c'est le refus de la mienne qui a suscité leur sarcasme, cela dit, je ne me sentais jamais bien avec eux. Mon mari m'aimait certes, mais son entêtement et sa force de caractère ont vite essayé de s'imposer, or je suis fort caractérielle également et plus rien ne marchait ! On est si vite arrivés à la rupture et je l'ai quitté juste un mois après notre mariage. De son côté, presque aucune tentative d'arranger les choses. Il est venu me voir une seule fois et ça a tourné au vinaigre. J'ai obtenu le divorce, je l'aime encore, mais je ne veux pas regretter ma décision, nos caractères étaient conflictuels. Lui, il s'est remarié... "
Sirine, 27 ans : " Six mois de cauchemar "
" Il semblait très bien avant le mariage, mais une fois mariés, il m'avait fait vivre un vrai cauchemar. Il me frappait, fumait de la marijuana et buvait jusqu'à l'ivresse. Sinon, il passait son temps dehors, à faire la fête et il n'a vraiment pas tardé à me tromper à plusieurs reprises. Pourquoi devrai-je rester ? Ce n'était nullement une vie. Mes parents ont été très compréhensifs et m'ont beaucoup soutenue. Divorcer au bout de six mois n'est pas facile, mais il y avait de quoi, ils en étaient convaincus et de mon côté je ne regrette pas d'avoir repris ma liberté ".


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