Tout comme la nature, la politique a horreur du vide, ce constat se confirme en Tunisie depuis la révolution du 14 janvier, qui a engendré l'absence de la chose politique, sous la forme institutionnelle totalitaire, à laquelle se sont habitués les Tunisiens, sous la contrainte d'un régime qui a tant uvré pour enrayer toute voix discordante et contestataire et enraciner la peur et la soumission, aussi bien dans la conduite que dans les esprits. Face à ce vide idéologique incontestable, que les émissions dites politiques, qui meublent désormais, quotidiennement nos écrans et nos antennes, ont nettement mis en évidence et en l'absence d'un débat politique respectable, normé et constructif, ce sont les règlements de compte, la chasse aux sorcières, les revendications excessivement partisanes, limite, autoritaires, les critiques acerbes, souvent non justifiées et la mise en scène de soi qui ont pris le dessus. Les faiseurs d'opinions et les détenteurs de toutes les vérités, relayés et épaulés par des supports, notamment audiovisuels, qui pataugent à la recherche d'une nouvelle virginité ou un positionnement idéologique populiste par la force des choses et du contexte, se sont efforcés à occuper la scène médiatique, conscients de son impact considérable et dangereusement manipulatoire. En résulte, une cacophonie médiatique totale, où tous les coups sont permis. Se mêlent ainsi et à longueur de journée (la rediffusion aidant), mensonges, ingratitudes, accusations à bout de champ sur les ondes et les plateaux, d'un paysage médiatique qui, longtemps privé de parole affranchie, fonce tête basse, ne sachant plus où se donner la tête. Ligne éditoriale obscure et flottante en fonction des interlocuteurs présents, amalgame et mélange des genres, transgression des règles déontologiques de la profession et surtout amateurisme et incompétence chronique caractérisent désormais la pratique journalistique des différentes composantes de notre champ médiatique. Paradoxalement, cette agitation politico-médiatique n'est pas aussi dangereuse que cela puisse paraître, je dirai même qu'elle est évidente et s'inscrit dans la logique de l'évolution des choses. C'est un passage obligé, que tout changement, de surcroit, subit et inattendu, provoque, sauf que cette phase de transition ne doit pas s'inscrire dans la durée. Produire une opinion partisane à des fins électives ne doit en effet, pas être la panacée de l'action politique, le populisme sous couvert de patriotisme n'est certainement pas la voie à suivre. Les politiques répondent certes, aux revendications sociales, sauf qu'aussi légitimes soient elles, certaines attentes risquent de subir une fin de non recevoir, réalisme et contraintes, le plus souvent d'ordre économique obligent. Car, en politique Il ne suffit pas de poser de bonnes questions mais faut-il avoir les moyens de leur apporter les bonnes réponses. Alors Messieurs les gouvernants, ayez le courage de le dire, soyez objectifs et réalistes ne faites pas de la propagande, faites de la politique. Objectifs et les plus neutres possibles, nos supports médiatiques publics et privés, doivent l'être aussi. Ne le souhaitant pas, ils sont alors appeler et c'est leur devoir, à afficher clairement les règles du jeu, par respect vis-à-vis de leurs publics, soyez partisans, si c'est votre choix, c'est légitime, légal et même permis, mais faites le savoir, dites le haut, clair et fort. Ne vendez pas les faux espoirs, promettez le bonheur, mais prévenez que la vie est aussi faite de malheurs, C'est tout à votre honneur. A bon entendeur. * Docteur en journalisme et en communication.