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De l'obsession identitaire à l'instrumentalisation de la peur
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 07 - 2011


Par Habib DLALA*
Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui ramènent le débat politique à deux projets de société dont l'un censé repousser l'immobilisme et le fanatisme, l'autre tournant le dos au progrès social et à la modernité. Cette schématisation, qui risque de nous entraîner dans le dédale d'un conflit civil, masque en fait une plus grande diversité idéologique, sûrement plus conforme à la réalité complexe des courants politiques émergents qui traversent le pays.
En fait, du foisonnement politique actuel se dégagent quatre partis idéologiques distincts : le parti de la liberté, le parti de l'égalité, le parti de l'arabité et le parti de l'islamité. Le premier regroupe une mosaïque de sensibilités libérales à socio-libérales. Le deuxième comprend les mouvements marxistes-léninistes, progressistes et socio-démocrates. Certains de ces mouvements ont tenté, avec quelques formations libérales, centristes, nationalistes arabes et vertes de former une alliance électorale appelée «Pôle Moderniste Démocratique». Nationaliste défendant l'identité arabe, le troisième exprime des sentiments exaltant le souvenir d'un passé glorieux et faisant de l'unité du monde arabe le moyen de se dégager de l'emprise des puissances. Enfin, franchement religieux et assimilant l'identité à l'Islam, le quatrième, se justifie par l'étendue croissante de la précarité dans de larges pans de la société et l'ampleur de la corruption des dirigeants de l'ancien régime.
Force est de constater que l'obsession de préserver l'identité nationale en l'enfermant dans le carcan d'un ordre nationaliste ethnocentriste ou passéiste religieux, selon le cas, tend à dominer impertinemment le débat politique actuel. D'un côté, se prendre pour le dépositaire de l'identité de ses concitoyens, suite à un passage aux dignités confessionnelles qui restent à légitimer ou au nom d'un leadership ethnolinguistique délabré niant l'existence de l'Etat-nation, n'était pas prévu par les jeunes artisans d'une révolution authentique menée contre l'arrogance du totalitarisme, pour la dignité et la liberté. De l'autre, il n'est pas exact de prétendre que l'identité, qui est le caractère permanent et fondamental d'une culture acquise par des générations successives, depuis trois mille ans, puisse dépendre d'opportunismes politiques circonstanciels de nature foncièrement électoraliste. Penser le contraire, c'est prendre ses concitoyens, particulièrement ceux qui ont su faire la révolution, pour des lapins de trois semaines. C'est ce que les «élites de masse», qui défendent aujourd'hui vaillamment cette révolution, ne parviennent pas à expliquer, encore moins à partager. Très préoccupées par la transition dans ses aspects politiques et institutionnels, elles oublient qu'aucun des insurgés ou des manifestants ou des cyber-militants n'avait scandé de revendications identitaires ou exprimé son malaise quant à son identité. En fait, certains courants de droite comme de gauche ne parviennent pas à admettre que le monde puisse changer au fil de l'histoire ou qu'il ait besoin de recontextualiser ses thèses, son discours et ses projets.
Bien entendu, le problème, c'est qu'à force de jouer au gardien de l'identité, il arrive que l'on use d'un moralisme menaçant relevant d'une stratégie cultivant la peur. L'agression d'un réalisateur de renommée et les incidents qui ont eu lieu au cinéma Afric-Art sont symptomatiques du mal que peuvent causer les brigades de la peur à la démocratie. Car crier au sacrilège est un pas vers la violence et vers la pensée unique. De la même manière, condamner cette violence tout en affirmant la sacralité d'une seule facette du prisme identitaire, c'est faire montre de complicité. On peut penser qu'à l'avenir, les risques sont : d'un côté, que l'agression subie par artistes s'étende progressivement aux esprits éclairés et indépendants et de l'autre, que les instigateurs de ces incidents déplorables renouent avec certaines convictions et pratiques premières (primaires) qu'on s'efforce d'oublier.
Quoi qu'il en soit, ces incidents créent une ambiance de peur, non pas de l'inconnu, mais du bien connu. Le sentiment d'être épié, rien que pour votre apparence vestimentaire ou votre démarche inquiète. L'émotion devient alors l'un des déterminants du champ politique où l'interdit devient programme et la peur stratégie. La menace n'est pas tant dans le discours que dans l'instrumentalisation de la peur qui fut le principal allié du gouvernement déchu et de tous les régimes dictatoriaux.
Mais, cela étant, ne faut-il pas, aussi, arrêter de diaboliser ceux qui par la force et la sincérité de leur engagement vivement espéré au pacte républicain enrichissent le champ politique tunisien. Autant que la peur, la diabolisation de l'une ou de l'autre des mouvances concernées produirait un impact plus important que ne le voudrait l'effectif réel de ses adhérents et sympathisants. Il est certain que personne n'admet ce biais politique et électoral.
De toute façon, en l'absence de liberté d'expression, la jeunesse tunisienne a su combattre la peur et combattra demain toute velléité dictatoriale et tous les excès par le jeu de la cyberdémocratie. J'ose espérer que la démocratie représentative que nous projetons d'instaurer à travers les urnes suffira à consacrer l'authenticité identitaire tunisienne, la souveraineté de l'Etat-nation dans ses limites territoriales actuelles, la modération dans les choix et les pratiques politiques de tous les acteurs, le respect des libertés individuelles, du droit à la différence, au travail contre l'exclusion et la précarité sociale. C'est l'objectif principal de la révolution pour la liberté et la dignité.
Quand la voix du peuple tonne, il faut savoir l'écouter.
Je suis peiné de constater que le projet qu'on propose à ce peuple, qui désormais déteste être administré dans la peur, est bien maigre et révoltant.


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