Avez-vous confiance en Béji Caïd Essebsi? En l'Armée? En l'UGTT? En les médias? En le rétablissement de la sécurité et le retour à la stabilité sociale? En l'avenir du marché de l'emploi? En les partis politiques? Telles sont les questions et bien d'autres encore qui ont été posées aux Tunisiens pour établir le tout premier baromètre de confiance politique en Tunisie... et les résultats sont fort instructifs! “S'il est vrai que la Révolution a provoqué un déclic positif et un regain de confiance dans la vie publique et sociale des Tunisiens, il n'en reste pas moins que l'instabilité sociale et politique et les secousses successives de la transition, posent aujourd'hui un sérieux défi où les attitudes de confiance, de méfiance et de défiance se succèdent et se partagent la vie quotidienne des individus“, atteste Pr Abdelwahab Ben Hafaiedh, président de l'Association for Social Science Forum, auteur de ce baromètre. “Réalisé à partir d'un échantillon représentatif de 2.200 personnes (âgées entre 18 et plus) qui ont été interrogées par une équipe de 5 enquêteurs, durant la phase test de validation par téléphone (portable et fixe) et par 23 enquêteurs durant la passation sur le terrain (face à face), ce sondage a été réalisé du 12 au 22 avril 2011 dans le respect de la représentation géographique par gouvernorat“, souligne Pr Ben Hafaiedh. Quand on jette un coup d'œil aux résultats, très instructifs, on note d'abord qu'à propos de Béji Caïd Essebsi, 62% des interrogés se déclarent très confiants en la politique du Premier ministre. Puis c'est l'Armée qui rafle plus de 81% de vote de confiance. Quant à l'UGTT, elle ne remporte qu'une ''petite'' note moyenne ne dépassant pas les 46%... et c'est bizarre quand on sait quel rôle d'arbitre tous azimuts brigue la Centrale syndicale depuis le 14 janvier. A peu près la même chose que les partis politiques qui font 47%. Côté médias, TV1 récolte moins de 18% et ne dites pas que cela vous étonne! Reste l'un des sujets les plus brûlants: le rétablissement de la sécurité et le retour à la stabilité sociale, et là Pr Ben Hafaiedh est dans la demi mesure: “Malgré la situation de désordre, de confusion et les troubles qui ont suivi la révolution, le sentiment de peur et de crainte qui s'est emparé des Tunisiens semble avoir un effet passager et non durable. Si le présent est semé d'embuches l'avenir leur semble plus prometteur dans la mesure où une grande majorité s'attend à un retour à la normale. Cette mise en perspective de la “normalisation“ de la vie quotidienne s'explique, notamment, par l'effort médiatique de la chaîne nationale qui diffuse depuis un mois et chaque soirée dans le journal de 20h, les ''exploits'' et les ''prouesses'' des brigades spéciales et des agents de la sécurité nationale dans leur lutte contre le banditisme organisé. Bien que la confiance dans les forces de l'ordre soit en dessous de la moyenne, l'espoir dans un retour à la normale reste de mise“. Une autre question délicate: l'emploi, où 42% des personnes interrogées estiment que la situation est susceptible d'évoluer positivement alors que 33% la jugent acceptable et 24,2% affirment qu'elle sera de plus en plus préoccupante dans l'avenir. Le plus significatif, peut-être, est le résultat sur la question de la confiance dans l'auto-détermination de l'avenir personnel; car là, seulement 32,2% des interviewés ont exprimé leur pleine confiance dans l'avenir!