Malgré ses imperfections au niveau politique, la Révolution tunisienne est en train de réussir par ailleurs. De plus en plus des organismes publics contestent des chiffres ou faits avancés par leurs départements ministériels de tutelle. En effet, après l'Institut national de la statistique (INS), qui a démenti, coup sur coup, deux ministères, en l'occurrence celui des Affaires sociales et celui de la Planification et de la Coopération internationale, c'est au tour de l'Union tunisienne d'agriculture et de la pêche (UTAP) de mettre en doute les chiffres estimatifs que vient d'avancer le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement sur les récoltes céréalières de la présente saison. Dans un communiqué, l'organisation agricole ne va pas par quatre chemins et indique tout simplement que les chiffres du ministère de l'Agriculture annoncés le jeudi 21 juillet soulignant que «9 millions de quintaux de céréales ont été collectés alors que la récolte est estimée à 20 millions de quintaux» sont fondés sur des estimations erronées. A rappeler que la directrice générale de la production agricole au ministère de l'agriculture et de l'Environnement, Amel Nafti, affirmait la faible quantité de céréales collectée par rapport au volume global de la récolte était due au fait que les agriculteurs préfèrent garder leurs récoltes (11 millions de quintaux) pour leur propre consommation, l'alimentation de leur bétail ou l'écoulement d'une partie de cette récolte sur le marché parallèle. Ce sont justement ces explications qui semblent déranger l'UTAP, pour qui celles-ci sont "inacceptables parce que déniées de toute logique. Pour l'organisation agricole, l'agriculteur n'a ni les moyens ni les capacités d'assurer le stockage d'une quantité aussi importante de céréales. Par conséquent, "l'évaluation faite de la récolte est inexacte". Par ailleurs, comme attirer l'attention de son ministère de tutelle, l'UTAP souligne dans son communiqué que la réticence des agriculteurs à déposer leurs récoltes aux centres de collecte est due aux faibles prix à la production appliqués dans ce domaine sans tenir compte de l'augmentation de 2 dinars/quintal décidée auparavant; des prix qui ne reflètent pas les coûts de production réels en hausse de 14% durant cette saison. Nous estimons que l'INS et l'UTAP sont des exemples à suivre si l'on veut avoir en Tunisie des statistiques fiables.